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No Stress…Le Président Adama Barro et la Gambie doivent être soutenus par le Sénégal

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Il arrive des moments où l’on se questionne sur le sens qu’il faut donner à l’idéal de démocratie dans nos pays d’Afrique. Même s’il est vrai que les exemples récents du Gabon, du Burundi et des deux Congo continuent d’assombrir l’image de la démocratie africaine, rien ne justifie que l’on prenne ces contre-exemples pour justifier la confiscation du pouvoir par Yaya Jammeh. Ce que je compte souligner dans cette contribution, c’est que le peuple gambien auquel la géographie et le bon voisinage nous lie, mérite à l’image de sa population qui subit la dictature depuis 22 ans, d’être soutenu pour maintenir sa voix exprimée à travers son vote. Ce vote est le seul espace de liberté qui lui reste dans un climat d’oppression qui n’a que trop duré.
Devant les l’Hommes et devant l’histoire, la population gambienne ne comprendrait pas que le Sénégal l’abandonne dans les mains d’un pouvoir dont le seul argument réside dans les armes. Quoique l’on puisse reprocher au Sénégal, sa solidarité actuelle s’inscrit dans la grande clameur internationale qui demande au président battu de la Gambie de rendre le pouvoir selon la volonté souveraine exprimée par son peuple pour son Président élu Adama Barro. Nous devons constater que la démarche actuelle diverge beaucoup de l’opération Fodé Kaba de 1981 où la démarche d’Abdou Diouf était de maintenir Kairaba Diawara au pouvoir. Cette fois-ci c’est la CEDEAO, qui a joint sa voix à l’Union africaine et aux Nations Unies, qui demande à Yaya de revoir sa copie après sa volte-face. D’un point de vue purement stratégique, il serait absurde de demander au Sénégal de s’éclipser des forces d’intervention de la CEDEAO pour céder la place aux autres pays du monde. Je trouve ce point de vue suicidaire au regard de l’ensemble des enjeux qui pourraient concerner le Sénégal. Par définition, un enjeu est ce que l’on pourrait gagner ou perdre d’un acte déterminité. Sans aucune prétention démesurée, tout le monde peut s’entendre sur le fait que l’avenir géopolitique du Sénégal se jouera beaucoup avec l’issu de ce conflit artificiel créé du fait de la volonté d’un seul homme de se maintenir au pouvoir. Ainsi, il serait insensé que le Sénégal laisse le leadership d’une intervention quelconque à un autre État d’Afrique car les décisions auront des implications immédiates sur l’intégrité de son territoire et la sécurité de sa population.
Par ailleurs, le principe même de la démocratie que nous voulons pour l’Afrique ne devrait pas s’accommoder à la réalité que les présidents battus décident de ne plus quitter le pouvoir, surtout après avoir reconnu leur défaite. Aucun démocrate ne devrait se résoudre qu’un tel scénario puisse arriver au Sénégal. Si nous ne le voulons pas pour le Sénégal, nous devrions le combattre en Gambie selon la même logique éthique. Selon Aristote, nous devons appliquer les principes éthiques en sorte de nous mettre dans une situation où nous seront à l’aise que les règles une fois édictées puissent s’appliquer à nous-mêmes. Alors, je demanderais à tous les esprits qui disent qu’on ne peut rien reprocher à Jammeh de se placer dans l’hypothèse qu’on aurait rien pu reprocher à Wade s’il n’avait pas quitté le pouvoir après sa défaite devant Macky Sall. Rien que les conséquences sociales qui pourraient en découler devraient nous amener à éviter de nous placer dans une telle posture. J’avais en son temps critiqué la position du parti socialiste du Sénégal soutenant Laurent Gbagbo en disant clairement qu’on ne peut pas soutenir une logique dictatoriale en Côte d’Ivoire et vouloir par la suite remporter les scrutins au Sénégal par la démocratie. Nous devons en tout temps être cohérents dans nos positions si nous voulons faire vivre l’idéal démocratique et éviter de prendre des positions dénuées de sens en fonction de nos intérêts de l’heure. De la même manière que je pense que le Sénégal mérite de rester un pays démocratique, de la même manière, nous avons le devoir d’aider nos voisins gambiens à vivre une nouvelle ère démocratique, en restant dans les règles du droit international. Cette posture du Sénégal, qui ne se fera pas sans investissement humain et financier, assurera sa stabilité dans le long terme et permettra de créer un espace de liberté favorable aux développement mutuel des deux pays et leur stabilité à long terme.
À lumière de ce qui précède, je devrais dire que le Sénégal a tout à gagner en prenant un leadership complet dans la résolution totale de ce conflit artificiel créé par Yaya Jammeh pour se maintenir au pouvoir contre la volonté de son peuple. Pour paraphraser Karl Marx, je dirai que le Sénégal n’a rien y perdre, il a un monde à y gagner…Donc tous les Sénégalais unissez-vous pour défendre avec les autres nations du monde l’idéal de démocratie que nous voulons en Afrique et dans le monde. Dans la même logique, je ne désespère guère qu’au moment venu d’un certain « été africain », nous puissions exprimer la même solidarité démocratique à l’endroit des peuples du Gabon, du Burundi, des deux Congo et de tous les pays africains où la démocratie est malmenée.
Docteur Ibrahima Gassama, Québec
Économiste du développement durable au Gouvernement du Québec
Vice-Président à DIISOO-MED
Courriel : [email protected]

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