Panique à Korhogo: Gbagbo transformé en un cheval blanc

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Assigné à résidence à Korhogo depuis le mois d`avril 2011, l`ancien chef de l`Etat, Laurent Gbagbo, était -et continue de l`être- un mythe pour bien de Korhogolais. Lorsque la nouvelle de son arrivée s`est répandue dans la ville, de nombreux habitants ont accouru vers la résidence présidentielle dans l`intention de le voir et pourquoi pas le toucher. Ainsi toute information, dans cette période, concernant l`ancien chef d`État déchu suscitait beaucoup d`intérêts et plus dans cette localité voulaient en savoir davantage. C`est bien dans cet esprit que l`on a entendu dire que le président Gbagbo, quatre jours après son arrivée dans la cité du « poro« , aurait réussi à s`échapper de sa «  prison«  par des moyens métaphysiques. Il se serait, en effet, transformé en un cheval blanc, puis se serait retrouvé en dehors de la résidence. Une histoire bien salasse qui n`a pas laissé des Korhogolais indifférents, confirmant dans leur esprit que Gbagbo était bel et bien un personnage mythique comme on en retrouve dans la mythologie.

Très vite, l`information a fait le tour de la ville de Korhogo. Principalement au marché, « l`évasion«  de Gbagbo, transformé en cheval blanc, a semé une véritable panique. Mais d`où est partie cette information prise au sérieux par certains habitants ? De fait, de petits malins ont scanné la photo d`un cheval blanc et par des procédés informatiques, ont posé le buste du président Gbagbo à la place de la tête de l`animal. «  Cette photo dupliquée du cheval blanc avec la tête de Gbagbo a été vendue comme de petits pains à des personnes crédules. Ces individus se sont fait de l`argent avant de s`éclipser quelques jours après dans la nature « , a-t-on appris auprès d`un cadre de la ville.«  Cette photo était tellement bien conçue qu`il était difficile de douter de son authenticité, puisqu`on voyait en arrière plan la résidence présidentielle où l`ancien président a été assigné « , a justifié Yao Kouassi, employé de commerce qui a précisé qu`en réalité, tout cela n`était qu`une vaste escroquerie. Au cours de notre séjour à Korhogo, nous n`avons pas pu nous procurer cette « fameuse«  photo qui a fait tant de bruits dans la ville et visiblement a cessé de circuler.

(dakaractu.com Avec Abidjan.net )

1 COMMENTAIRE

  1. Le scrutin présidentiel de novembre dernier visait un double soulagement : celui des Guinéens échaudés par cinquante-deux ans de dictatures (parmi les plus longues et les plus meurtrières d’Afrique) mais aussi celui de la communauté internationale hautement préoccupée par une Afrique de l’Ouest minée par les guerres civiles, le trafic de drogue et le terrorisme. Une élection même imparfaite dans un tel pays ne pouvait que réjouir face aux vieilles psychoses que peuvent représenter le syndrome rwandais, le cauchemar ivoirien, les légions islamistes ou le fantôme de Dadis Camara.

    Mieux vaut un mauvais départ qu’un brusque retour en arrière. La Guinée, à son tour, devait tenter le plongeon démocratique avant que ses vieux démons ne la rattrapent. Tout nouveau leader serait le bienvenu pour peu qu’il fût disposé à tourner la page. A la bonne heure : le président élu Alpha Condé promettait le changement dans un pays qui en avait fort besoin. Cela suffisait à faire oublier, ne serait-ce que pour un moment, son élection controversée et ses propos tribalistes qui avaient entraîné un véritable pogrom contre les Peuls dans son fief électoral de Haute-Guinée. Il aurait tout le temps pour s’améliorer après son investiture puisque, c’est entendu, la démocratie dorénavant revêt des vertus purificatrices, même sous les doux cieux d’Afrique.

    Alors, qu’en est-il six mois après ? La Guinée est-elle entrée en démocratie ? Le président Condé a-t-il apporté le changement promis ? S’il est trop tôt pour dresser un bilan (au plan économique notamment), la vie institutionnelle et les actes posés au chapitre des droits de l’homme constituent des indicateurs suffisamment parlants quant à la nature du nouveau régime. Rien hélas ne témoigne d’une volonté de rupture avec le passé. Au contraire, dans ses discours comme dans ses méthodes, Alpha Condé rappelle désespérément ses prédécesseurs comme si, à la longue, ceux-ci avaient définitivement imprimé leur malédiction dans le destin politique du pays. A la place du changement attendu, c’est une soupe bien connue qui est servie aux Guinéens : celle de Sékou Touré réchauffée par Lansana Conté, hâtivement repimentée par Dadis Camara. Les signes de renouveau, on a beau les chercher, on ne les trouve nulle part dans la maison Guinée. Le nouveau pouvoir n’a même pas pris la peine de changer les rideaux ou de ravaler la façade. Les mêmes torchons, les mêmes vieilles casseroles, le même lugubre personnel !

    Pivi Zoumanigui et Tiegboro Camara sont toujours ministres. Ces deux hommes de main de Dadis Camara sont pourtant inculpés par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité à la suite des massacres perpétrés par l’armée au stade de Conakry en septembre 2009. Mais ces deux as de la matraque et du bâillon savent que les indignations d’Amnesty International, de Human Rights Watch ou d’International Crisis Group ne seront tout au plus que des cris d’orfraies : élection ou pas, de ce côté-ci du monde, le crime paie et continuera de payer encore longtemps. Car l’Etat archaïque laissé par Sékou Touré a du mal à crever. Le germe du pouvoir personnel et ses terribles corollaires (la répression, l’improvisation, le népotisme, la ségrégation ethnique, l’ignorance totale des règlements et des procédures) demeurent insensibles à tout vaccin démocratique.

    La constitution, ou du moins ce qui en tient lieu, est foulée aux pieds sans le moindre scrupule. Comme par le passé, les états d’âme et les sautes d’humeur du chef organisent et contrôlent le moindre espace de la vie nationale. Sous le tintamarre de la démocratie, c’est la machine du despotisme qui continue de se déployer et à une vitesse telle qu’elle a fini de broyer les acquis durement enregistrés sous le régime de la transition.

    On tabasse et emprisonne quand on veut. On nomme et dégomme qui on veut. Et dans un foisonnement de décrets et de contre-décrets qui se seraient résumés à un aimable folklore s’il n’engageait le destin de tout un pays.

    Ainsi, la présidente du Conseil national de la communication a été propulsée à la tête de cette institution par décret, alors que, selon les textes, ce sont ses collègues qui auraient dû la désigner à la majorité des voix. Idem pour le médiateur de la République dont le mandat de sept ans a été brutalement interrompu au profit… du général Facinet Touré, ancien ministre des Affaires étrangères du défunt dictateur Lansana Conté. Pour couronner cette cocasse restauration de l’ordre ancien, voilà que Tidiane Souaré, dernier Premier ministre de ce même Lansana Conté, et Fodé Soumah, son ministre des Sports, sont promus conseillers spéciaux à la présidence. Ironie du sort, le président Alpha réhabilite ce que le candidat Alpha Condé a voué aux gémonies… Le mythe de «l’opposant historique» habilement monté en épingle par la faune communicante de Paris paraît bien incongru devant ce sinistre tableau où l’ancien prisonnier politique sacrifie l’agneau de la démocratie pour plaire à ses anciens geôliers.

    Mais les Guinéens qui en ont vu de toutes les couleurs n’en seront certainement pas surpris. Ils savent qu’ils vivent dans la patrie de Sékou Touré et de Dadis Camara où, si le ridicule ne tue pas, les semeurs de mort prennent parfois des airs de saltimbanques. Le 11 avril, le gouverneur de Conakry et ses sbires se sont joyeusement mêlés à la foule en liesse venue accueillir l’opposant Cellou Dalein Diallo (de retour d’un long séjour à l’étranger) avant d’ouvrir le feu. Bilan : 1 mort, 27 blessés, 70 arrestations ! Et un sérieux avertissement à l’oreille du malheureux Diallo : «Il n’y a qu’un seul président en Guinée et c’est Alpha Condé !» Traduction : des manifestations de ce genre qui avaient libre cours au temps de Conté et même sous celui de Dadis Camara (Alpha Condé en avait largement profité lui-même) ne sont plus de mise

    Par TIERNO MONENEMBO Ecrivain guinéen, prix Renaudot 2008

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