La gestion du Port autonome de dakar (Pad) est déconcertante. C’est tout simplement un festin où s’invitent de grosses pontes de l’Etat. L’enquête que La gazette publie dans ce numéro démontre à suffisance pour la énième fois le comportement délinquant de beaucoup d’autorités de la république à chaque fois que de grosses sommes d’argent sont en jeu. Tant la désinvolture avec laquelle les autorités du port gèrent la société est déroutante. Elles ont littéralement transformé la société en symbole achevé de la patrimonialisation de l’Etat qui distribue des dons et des subventions à tout-va qui se chiffrent à des milliards à d’autres entités de l’Etat, et même à des personnes physiques proches du pouvoir. Ainsi près de 4 milliards sont décaissés de manière irrégulière pour le compte de l’anoci et de l’apix. des entités et des personnes totalement étrangères à la gestion de la boite.
L’actuel ministre des forces armées a fait peser tout le poids de sa fonction pour obtenir le règlement pour la location du bateau-hôtel la Musica par le Port autonome de dakar. Il s’y ajoute que la gestion quotidienne des activités de la société souffre également d’un cocktail détonnant d’impérities des autorités du Port qui manifestent à travers les actes qu’ils posent un mépris total des règles basiques d’une bonne gestion. Les décaissements non autorisées, les dépenses non justifiées, les suspens bancaires sont légion dans la société. Le président du conseil d’administration s’est même autorisé, en trois ans, pour ses voyages personnels pendant le week-end à payer des indemnités à son chauffeur se chiffrant à presque 10 millions de fcfa. Quid du terminal à conteneurs gagné par dubaï Port World en toute illégalité ? Au total la bamboula au Port aura coûté plus de six milliards « sans justification » au contribuable sénégalais. Ces dérapages et ces gaspillages qui dépassent toutes les convenances, loin des préoccupations de la société et de l’intérêt national, traduisent un comportement criminel banalisé depuis l’alternance. Et n’inspirent que révulsion et dégoût. Il n’est donc pas étonnant que la capacité d’autofinancement de l’entreprise portuaire ait été mise à rude épreuve, poussant ainsi le Pad à un recours fréquent aux emprunts bancaires et à user des levées de fonds sur le marché pour atténuer ses pressions de trésorerie.
Pourtant, depuis 1987, le port est passé d’un établissement public industriel et commercial à une société nationale d’un mode de gestion de droit privé. Le port est doté d’une personnalité morale distincte de l’Etat. L’immixtion des autorités de l’Etat en particulier le ministre délégué chargé du budget et de l’ex directeur exécutif de l’anoci et actuel ministre des forces armées abdoulaye baldé est en porte-à-faux avec les textes en vigueur.
En effet, la tutelle de l’Etat ne peut s’exercer en dehors des textes législatifs et réglementaires et ne signifie en aucune manière une confusion de rôle entre les autorités administratives de l’Etat et les dirigeants du Port. C’est vrai que depuis 2000, les sénégalais assistent presque impuissants à une succession de scandales aussi grossiers les uns que les autres. Ils se rendent coupables de toutes sortes de prévarications et continuent de narguer les citoyens en toute impunité.
Et n’ont eu de cesse de jouer avec les maigres ressources du pays en foulant au pied les exigences de transparence et de bonne gouvernance. Mais on ne le répétera jamais assez, ils doivent tous être contraints par la justice ou par les citoyens à répondre de leurs actes.
En poussant les limites de la mal gouvernance aussi loin, les dirigeants du port et leurs acolytes nichés au coeur du pouvoir savent pertinemment qu’ils dilapident ainsi de manière éhontée l’argent des sénégalais et méritent d’être traduits devant la justice et se voir appliqués la loi dans toute sa rigueur. Il est plus que jamais temps de siffler la fin de la récréation et de mettre fin à ce gangstérisme financier qui a fini de s’emparer de presque toutes les institutions du pays.
La rédaction
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