Passera, passera pas. Le projet de révision du Contrat de travail à durée déterminée rapporté par le Conseil des ministres du 7 avril 2010 mobilise déjà les organisations syndicales et patronales, bien avant son examen par l’Assemblée nationale pour vote. Entre risques de fragilisation des travailleurs et avantages d’une loi de flexibilité
Passera, passera pas. Le projet de révision du Contrat de travail à durée déterminée rapporté par le Conseil des ministres du 7 avril 2010 mobilise déjà les organisations syndicales et patronales, bien avant son examen par l’Assemblée nationale pour vote. Entre risques de fragilisation des travailleurs et avantages d’une loi de flexibilité, c’est le choc des arguments au milieu desquels l’intrusion du Fonds monétaire international (Fmi) est dénoncée. Ainsi que le «rôle souterrain» de la Directrice générale de l’Apix, accusée d’être la promotrice de ce «scandale» à côté d’un gouvernement peut-être soucieux de tester la réaction des syndicats sur cette question.
Pour cette année, le défilé du 1er mai 2010 aura pour thème centrale l’unité du mouvement, mais il y aura des revendications transversales et le projet de révision du Cdd en sera une. «Ce sera un moment fort, à l’unisson de tous les travailleurs pour dénoncer ce projet de loi», annonce Lamine Fall, Secrétaire général adjoint de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), M. Lamine Fall. Pour le patron de la Cnts/Forces du changement, M. Cheikh Diop, «force est de constater que la revendication majeure de l’ensemble des forces syndicales du pays, c’est de supprimer la limitation des Contrats à durée déterminée à un renouvellement. Je pense que ce sont eux-mêmes qui nous ont donné un thème pour ce 1er mai». Pourtant, Cheikh Diop n’en pense pas moins que le projet sera suspendu parce que le ministre du Travail a soutenu que rien n’est encore fait et que rien ne sera fait sans concertation. Et qui dit concertation dit tenir compte des avis des uns et des autres. Or, lorsque la nouvelle s’est répandue au niveau des travailleurs «la clameur a failli nous emporter. Cela veut dire simplement que les travailleurs font bloc pour faire face à ce projet. C’est un projet que nous considérons comme un recul par rapport à nos acquis».
Ce projet de révision du Contrat à durée déterminée est considéré comme étant en porte-à-faux avec les engagements des autorités sénégalaises en 2009, lors de la 98e session de la Conférence internationale du travail. A cette occasion, un pacte mondial pour la promotion de l’emploi a été adopté par l’ensemble des pays membres de l’Oit dont le Sénégal. Si ce pacte est présenté comme une réponse à la crise mondiale, cela voudrait dire que la promotion de l’emploi doit prévaloir, objectif auquel les Etats doivent s’engager. Or, le changement du Cdd va totalement en sens inverse, précisent les syndicalistes.
Pour avoir participé à la première réunion du Conseil consultatif convoqué par le ministre du Travail, la Cnts avait dit niet, à l’instar de toutes les centrales syndicales. Aujourd’hui, rien n’a changé, souligne Lamine Fall pour qui c’est un «recul démocratique dans la gestion des contrats de travail, et pour les libertés syndicales. Et sous ce rapport, la Cnts et toutes les organisations qui la composent dénoncent avec la dernière énergie cet état de fait».
De son côté, Cheikh Diop espère que «ce projet ne sera pas voté à l’Assemblée. Depuis le début il y a une levée de bouclier de toutes les centrales syndicales».Pour cela, il pense surtout que le gouvernement sera «raisonnable» et qu’il n’ira pas jusqu’au bout pour faire plaisir aux bailleurs de fonds. Au fond, accuse le leader de la Cnts/Fc, «c’est l’Apix qui est derrière cette histoire et je pense que c’est pour attirer les investissements. Je crois qu’on ne peut pas faire de l’investissement en ignorant les droits sociaux, en ignorant la dimension sociale. Alors, nous estimons que le gouvernement doit reculer».
Face au Patronat pour qui la révision du Cdd serait une aubaine, les patrons syndicaux lancent un avertissement. Pour Cheikh Diop «le Patronat devrait faire très attention. Aujourd’hui, aucune entreprise ne peut se développer dans un contexte de turbulences. Or, ce projet est sources de turbulences eu égard à l’agitation dans le monde du travail où l’on nous pousse à l’action. S’il n’y a pas discussion, nous irons tout droit vers un bras de fer, ce qui n’est dans l’intérêt d’aucune partie».
Par Safiétou KANE – lequotidien.sn
Le Quotidien affiche en une : ‘’Porte-drapeau du projet de CDD illimité. Aminata Niane mise en accusation’’. Mme Niane, directrice de l’Agence de promotion des grands travaux de l’Etat (APIX) est ‘’accusée d’être la promotrice de ce +scandale+, à côté d’un gouvernement peut-être soucieux de tester les réactions des syndicats sur cette question’’, écrit Le Quotidien.
Mercredi, le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye avait nié l’existence d’un projet de loi voulant rendre illimité le CDD.
‘’Ce que le Premier ministre a dit est clair. Le gouvernement n’a pas examiné un projet de loi allant dans ce sens’’, autrement dit, en faveur de la prolongation du CDD, confie à La Sentinelle Diakaria Diaw, ministre de la Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des Organisations professionnelles.
‘’Les patrons abusent des CDD et des stages’’, titre Kotch, citant Mody Guiro, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS). M. Guiro dénonce les ‘’violations’’ du Code travail par les employeurs.
Le travail fait aussi l’objet de la une du Soleil qui s’est entretenu avec Diakaria Diaw. Ce dernier aborde plusieurs questions sur le monde du travail. ‘’Il n’a jamais été question d’un projet de loi qui soit examiné en conseil des ministres ou transmis à l’Assemblée nationale’’, précise encore M. Diaw.
Selon L’Office, ‘’Bathily crache sur le démenti du PM’’, le Premier ministre. Abdoulaye Bathily, secrétaire général de la Ligue démocratique (LD, opposition), ‘’appréhende ce projet (sur le CDD) comme +un funeste plan+’’, écrit L’Office. ‘’Le débat est loin d’être clos, même après les démentis de Souleymane Ndéné Ndiaye, infirmant l’information sur une éventuelle modification du Code du travail ‘’, et du CDD en particulier, fait savoir le journal.
APS/Xalima
Extrait revue de presse
