Redécoupage administratif : Les dessous d’un enjeu électoral

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Le projet de redécoupage administratif dans certaines localités suscite une levée de boucliers de la part des populations et des partis de l’opposition qui soupçonnent l’Etat de vouloir dissoudre les Conseils ruraux. Ce ne serait, selon elles, ni plus ni moins, qu’une confiscation de leur suffrage, surtout qu’elles prêtent au régime libéral une volonté de phagocyter les collectivités remportées par l’opposition lors des dernières élections locales.
«Pendant que nous sommes à un an des élections, on s’amuse à reconfigurer administrativement le Sénégal.» La sortie de Macky Sall, leader de l’Alliance pour la République (Apr), lors de sa tournée politique à Louga, sonne comme une alerte pour l’opposition en perspective de l’élection présidentielle de 2012. En effet, l’ex-Premier ministre est convaincu des velléités de «fraudes électorales» que le régime en place est en train de concocter en érigeant huit localités du Sénégal au statut de département. Il s’agit de Saraya, Salémata, Koumpentoum, Goudiry Birkelane, Malème Hodar et Médina Yoro Foula. Selon un communiqué du Conseil des ministres, cette mesure s’explique par «l’importance de la taille de cette dernière localité». Ces explications sont loin de convaincre M. Sall qui soutient que cette mesure induit «des mutations juridiques et territoriales dans une période pré-électorale». «Lorsqu’on subdivise des entités gagnées aujourd’hui par l’opposition, et que toutes les réformes concernent les communautés rurales qui sont entre les mains de Bennoo, cela est inacceptable», peste le maire de Fatick. Mieux, poursuit le leader de l’Apr, «c’est une remise en cause de ce que le suffrage universel a donné à l’opposition sous prétexte d’une réforme administrative (…) qui n’est pas l’émanation des populations elles-mêmes». Ce qui n’a pas été fait dans le cas d’espèce. Pour l’édile de Fatick, l’Etat ne vise qu’à «dissoudre les Conseils ruraux de plein droit». C’est pour cette raison sans doute que les habitants de Sangalkam manifestent depuis quelque temps leur opposition face à l’Etat qui prévoit de faire de leur communauté rurale une commune.

LE CAS DE SANGALKAM
Le président de la communauté rurale Oumar Guèye, est connu pour sa proximité avec Idrissa Seck. Aussi les populations ont-elles vu dans le projet de saucissonnage administratif de Sangalkam des visées politiques de la part du régime qui veut fragiliser un allié du maire de Thiès. En guise de réaction, elles ont battu, la semaine dernière, le macadam et se sont dirigées vers la sous-préfecture pour remettre un mémorandum au sous-préfet de Sangalkam, Ibou Diop. Ce dernier n’a pas daigné les recevoir. Ce, au grand regret de ses hôtes qui vont, par la suite, faire monter la pression : pneus brûlés, affrontements avec les forces de l’ordre, etc. Le Pcr de Sangalkma, Oumar Guèye, qui bénéficie du soutien des populations, justifie la colère de ses administrés. «Avant les élections locales de 2009, Sangalkam a été placé sous Délégation spéciale pour des raisons politiques, rappelle M. Guèye sur les ondes de la Rfm. Lors des élections locales de 2009, je me suis représenté et les populations m’on fait confiance. Notre mandat devant prendre fin en 2014, voilà qu’on nous fait un redécoupage (administratif).» Or, poursuit ce proche de Idrissa Seck, «selon la loi, lorsqu’on redécoupe une collectivité locale, on y installe une Délégation spéciale. Ayant compris qu’ils ne peuvent pas nous chasser à travers une élection, ils passent par une autre porte pour réinstaller une Délégation spéciale et nous écarter de la gestion des affaires». Le président de la communauté rurale de Sangalkam compte s’y opposer pour une raison de principe républicain. «Cela signifie que le suffrage que les populations vous ont donné par la main droite, l’Etat cherche des voies contournées pour nous le retirer ; ce qui n’est pas acceptable !», fulmine le Pcr de Sangalkam.

QUAND LES PRIORITES SONT AILLEURS
Ce sentiment de désapprobation est aussi noté chez les populations de Karantaba, chef-lieu de communauté rurale dans le département de Sédhiou. En effet, ici les populations comptent s’opposer à l’érection de leur localité en commune, voulue par les autorités locales, au premier rang duquel le président du Conseil rural, Mamadou Lamine Dramé. Des sources indiquent : «Tout est parti d’une réunion entre le président du Conseil rural et le gouverneur. Ils ont proposé une nouvelle communauté rurale et une nouvelle commune (au ministre chargé des Collectivités locales), mais l’information n’était pas encore connue par les populations.» Une fois mises au parfum, elles ont manifesté bru-yamment, le vendredi 14 décembre 2010, à travers les rues de Karantaba pour exprimer leur désaccord. La raison ? Nos interlocuteurs poursuivent : «Elles pensent que leur localité est suffisamment pauvre et que la priorité, aujourd’hui, ce n’est pas un nouveau découpage administratif, mais plutôt désenclaver la région en construisant des routes, régler le problème de l’éducation- les abris provisoires sont toujours là-, de la santé.»

Au lendemain des Indépendances, le Sénégal était composé de 7 régions administratives. A la faveur d’un nouveau découpage administratif, elles seront portées à 11, avec 34 départements, 92 arrondissements, 43 communes d’arrondissement et 320 communautés rurales. Le 1er février 2008, l’Assemblée nationale vote un projet de loi modifiant le découpage administratif qui fera de Kaffrine, Sédhiou, Kédougou, des régions. Portant le nombre de régions à 14. Pour l’instant…

lequotidien.sn

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