Salah Habré, petit frère du président Habré: «Il y a des politiciens corrompus (…) qui sont derrière tout ça»

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Le jeune frère du Président Habré a vidé son sac hier, jeudi 10 septembre, au tribunal de Dakar. Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu accorder à Sud Quotidien, ce jeune ingénieur des télécommunications, âgé de 27 ans, estime que ce sont des politiciens corrompus, faisant la valse entre Dakar et Ndjamena et ayant reçu beaucoup d’argent qui sont à l’origine de ce qu’il appelle une «sale besogne» pour se débarrasser du Président Hissène Habré. Pour Salah Habré, tôt ou tard, même s’il est convaincu que son frère sera condamné par les chambres africaines extraordinaires, la vérité va triompher un jour.

Comment vous sentez-vous par rapport à ce procès en cours ?

On est dans la même optique que le Président Habré. On est zen, parce qu’on sait, comme on dit, que le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend les escaliers, mais elle finit toujours par arriver. Donc, vous voyez un monsieur qui se dit avoir été secrétaire d’Etat ce qui est un grossier mensonge parce qu’il était secrétaire d’Etat au temps du GUNT. Il n’a pas été secrétaire d’Etat au temps de Habré. Donc, comme les gens ne vérifient pas, il suffit de dire que j’ai fait ceci, j’ai fait cela pour parler. Un ancien secrétaire d’Etat qui ne peut même pas parler un bon français, ça pose problème. Il se dit être professeur à l’école vétérinaire de l’université de Dakar, mais on sent le doute dans ses propos. Il dit toute chose à demi-mot donc, nous on est zen et on sait que la vérité triomphera. On s’en remet au bon Dieu, Le Tout Puissant.

Vous estimez donc que M. Faustin n’est pas un témoin crédible ?

Les témoins crédibles ne viendront pas à ce procès parce qu’ils ne veulent pas rentrer à reculons dans l’histoire. Donc, ils ne vont pas venir. Certains ont peur pour leur vie, d’autres sont fonctionnaires au pays. Aujourd’hui, avec les difficultés et la crise économique personne ne va prendre le risque de laisser son boulot et le perdre. Par conséquent, il y a beaucoup de gens que le juge et le procureur ont essayé de contacter et ils ont refusé parce que comme ils disent : ils n’osent pas parler. La dame qui a fait le rapport l’a d’ailleurs signalé en rappelant que certaines personnes lui ont avoué avoir peur de parler pour préserver leur vie, car il y a des agents de renseignements généraux Tchadiens qui sont au Sénégal. Vous comprenez que c’est un procès qui va dans un sens. Mais on essaie de tenir le cap tout en remerciant Dieu Le Miséricordieux.

Quelles sont vos appréhensions pour la suite du procès ? 

La suite du procès est déjà connue car quand un procureur parle d’une certaine manière, cela dit tout. Nous avions manifesté notre soutien au président quand il a été transporté de force au tribunal. Et nous ferons la même chose demain si cela venait à se répéter. En Afrique, nous avons nos réalités, nos cultures, nos manières de vivre. On ne peut pas traiter une personne de la sorte. Milosevic n’a pas été porté, ni d’autres. Mais le nègre de service fait toujours ce qu’on lui demande et il dépasse les bornes en étant plus royaliste que le roi. C’est ça. Ils ont essayé d’humilier Habré, mais ça ne va pas marcher. La suite est déjà connue. Ils vont le condamner. Quand une justice est à charge, il n’y a pas à chercher de midi à quatorze heures. Donc, ils vont faire leur cinéma. De trois mois, ils sont passés à deux mois. De deux mois, ils sont passés à 51 jours dont 39 jours ouvrables si on enlève les week-ends. Après ils vont aller en vacances et l’avenir nous dira. Ils oublient que nous avons nos manières de vivre. Nous sommes des Gorane. Et on dit chez nous : celui qui coupe la tête de ton père, coupe deux fois la tête de son père. Tôt ou tard, la vie va continuer. C’est le cas de Macky qui a été malmené et Dieu a donné justice. Il est aujourd’hui le président de la République du Sénégal. Et il semble avoir oublié ça. Nous n’allons pas les oublier. Ces gens là depuis qu’ils ont commencé leur propagande, les Alioune Tine, car c’était un processus. Il y avait ceux qui devaient remplir les médias pour accuser Habré de criminel pendant dix ans, puis il y a la bande à Mbacké Fall qui sont partis à Ndjamena pour revenir. Ensuite, il y a certains membres du gouvernement qui partent à Ndjamena et qui reviennent avec des valises pleines d’argent qu’on connait et nous allons tout déballer le moment venu. Si Dieu nous prête longue vie, l’avenir nous le dira un jour.

Quelle serait votre réaction si le président Habré venait à être condamné ?

Le Sénégal est un pays indépendant et souverain. Déjà il a accepté cette mascarade, donc il va certainement accepter la mascarade de la condamnation aussi. S’ils le condamnent, nous allons réagir, nous allons faire quelque chose, mais nous n’allons pas le dire aux gens. Et l’avenir nous dira. Peut-être que d’ici quinze ans, il y aura des présidents Tchadiens enturbannés qui vont venir au Sénégal parce qu’on sait que ce ne sont pas les Sénégalais qui jugent Habré. Les Sénégalais n’ont rien à voir dans ça. Il y a des politiciens corrompus, des gens qui reçoivent de l’argent, qui partent à Ndjamena et qui reviennent, dont on connait les noms et les montants qu’ils ont reçus. Ce sont donc eux qui font cette sale besogne, mais ce n’est pas le peuple Sénégalais. Le peuple Sénégalais, surtout celui qui connait l’histoire du Tchad a mal. Comme au temps de l’esclavage, comme au temps de la colonisation, il y a toujours eu cette élite africaine corrompue qui préfère aller passer ses vacances à Paris, à Londres au lieu d’aller vivre avec les vaches dans le Fouta. C’est cette élite financièrement et mentalement corrompue qui est derrière tout ça. Mais nous leur disons que tous les chemins mènent à Rome et nous nous croiserons au carrefour de la vérité s’il plait à Dieu.

Sud Quotidien

1 COMMENTAIRE

  1. Le jeune ingénieur, frère de l’ex-homme fort du Tchad parle de corruption. Très bien. Mais voilà, l’intégrité, la plénitude du droit, situation qu’on doit opposer à la corruption, autrement dit ce qui n’est pas entier, juste, Hisseine Habré ne l’avait pas reconnu à ceux qui, par milliers, dont certains n’avaient rien du tout à faire avec la politique sous son régime de terreur, d’absolutisme. Ce jeune, l’autre Habré se fourvoie, car pour l’avenir, que dis je la postérité, il exalte la haine et la vengeance. Les porteurs des turbans, grands ou petits ne s’appellent pas seulement au Tchad Habré. Il se trompe dans son message, rempli de haine et vindicatif. En plus, il a comme, malheureusement, certains des témoins convoqués à la barre, pas la bonne connaissance de l’histoire de son pays, que je dis-je, de notre pays commun le Tchad. Monsieur Facho Balam a bel et bien été secrétaire d’Etat au plan sous le règne totalitaire et personnel de son grand frère Hissein Habré. Si cet opposant ne s’était pas personnellement alors assumé entièrement en son temps par rapport à la gestion des choses du pays c’est une autre histoire. Le drame avec Hissein Habré, dont jeune je ne connaissais pas bien la perversité du discours et que j’avais alors admiré, c’est qu’il est, en dépit des longues et brillantes études en sciences politiques dans les meilleures grandes écoles, soit resté un homme profondément tribal. Et ce triste état d’esprit le dessert aujourd’hui, il le desservira pour la postérité. Il est du plus grand intérêt pour son jeune frère de se départir de cette voie tortueuse. Et le plus vite sera le mieux.

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