Wade au téléphone: « Mademba (Sock), mon ami c’est toi qui veux me déstabiliser ? »

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Wade, Karim, Mademba Sock et les emeutes anti-delestages Tractations au sommet de l’Etat

N’en déplaise à ses détracteurs, le patron de l’Unsas et du Sutelec demeure un homme constant. Reçu par le président de la République à 21 heures avant-hier, en pleine crise de l’énergie, après un échange téléphonique nocturne, Mademba Sock est resté fidèle à lui-même. Les révélations glanées au Palais depuis la soirée du 27 juin, sanctionnée par des manifestations tous azimuts contre les délestages, en disent long.

Communication téléphonique à quatre

Les tractations autour de Mademba Sock, comme le révélait L’As, ont commencé le lundi 27 juin dernier, alors que des émeutes anti-délestages, sur fond de saccages et de pillages éclataient à Dakar, Thiès, Mbour entre autres. Le secrétaire général du Sutelec, accusé d’avoir accentué le déficit dans le réseau à cause d’un mouvement d’humeur de son syndicat, reçoit un coup de fil de Souleymane Ndéné Ndiaye qui est entouré de Ousmane Ngom et Karim Wade. Au bout du fil, le Premier ministre affirme à Sock que les informations en possession du gouvernement font ressortir que c’est parce que les agents de Senelec ont refusé de dépoter durant le week-end que la production connaît un coup de frein. Sock : « Je n’ai pas cette information. Je vais vérifier ».

Wade au téléphone : « C’est toi qui veux me déstabiliser ? »

Le Pm va plus loin et fait remarquer au leader du Sutelec que si tel est le cas, c’est comme si le mouvement d’humeur du syndicat était à l’origine des casses tous azimuts. Sock précise encore qu’il n’a pas cette information. C’est alors le ministre de l’Intérieur qui prend le relais pour rappeler à Sock qu’il l’avait défendu lors des événements de 1998 avant de mettre l’accent sur la gravité de la situation. Mademba Sock persiste et signe qu’il ne sait pas de quoi il parle et qu’après vérifications, il allait revenir vers eux. Karim souffle au bout du fil qu’il était prêt à recevoir le Sutelec pour discuter avec eux.

Dans la soirée, c’est Wade lui-même qui appelle sur le fixe de Mademba Sock. Au bout du fil, Me Wade, avec ironie : « Mademba, c’est toi qui veux me déstabiliser ? ». Sock : « Et comment ? ». Le Président : « Tu sais que malgré tout tu restes mon ami, il faut qu’on se voie. Demain tu passes au bureau de Karim après vous venez ensemble ici ». Derrière Me Wade, le ministre de l’Energie acquiesce.

Le coup de fil de Karim

Rendez-vous est pris pour 21 heures, mais Mademba Sock ne daigne pas passer dans le bureau de Karim. Pour autant, le ministre de l’Energie l’appelle au téléphone pour dire qu’il n’est pas à l’origine des informations accusant le Sutelec d’être à l’origine du déficit énergétique sans précédent.

À 21 heures avant-hier, Mademba Sock est reçu par le Président, en présence de Habib Sy et de Me El Hadj Amadou Sall. Le patron de l’Unsas, interpellé par Wade sur les revendications de son syndicat, exhibe un exemplaire du « Soleil » dans lequel Me Wade s’engageait à tenir un conseil présidentiel sur la Santé, pour lui faire remarquer que tel n’était pas encore le cas. Le Président lui donne rendez-vous à son retour d’Oumra, vers le 8 juillet. Les revendications des greffiers s’invitent à la rencontre. Wade se braque sur l’indemnité de judicature : « Ce qu’ils réclament est impossible ». Mais Sock plaide que les greffiers ont droit à une hausse de l’indemnité de judicature. Le patron du Suetelec ira, pour détendre l’ambiance, jusqu’à chambrer le Président sur sa prochaine Oumra : « mais moi je croyais qu’on faisait la Oumra une seule fois. Mais tu t’y rends chaque année on dirait. Qu’est-ce qu’il y a ? ».

Wade, après avoir bien rigolé, ripostera : « tu vas me mettre tous tes méfaits dans un sac, comme ça je prierai pour que Dieu te pardonne tes pêchés. Mais attention, les gens risquent de dire que je t’ai corrompu ! ».

Wade à Sock : « Je vais te nommer ministre de l’Energie »

Mais c’est lorsque le Plan Taakal s’est invité dans les discussions que le patron du Sutelec est monté sur ses grands chevaux. Evoquant le problème de Senelec, Sock dénonce le fait que l’Etat doive près de 100 milliards au titre de la compensation à Senelec et affirme que le principal problème est le combustible. Dans la foulée, Sock précise à Wade que malgré ces problèmes, Senelec a dû acheter le gasoil nécessaire au fonctionnement des machines d’Apr Energy. Mieux, il dit que si les agents de Senelec grognent, c’est parce qu’ils réclament tout simplement le paiement d’une prime. Le Président : « Tu l’as dit à Karim ? ». Sock : « Non ! Il est trop suffisant. Son Plan Taakal n’a rien apporté à Senelec, même pas un sou ». Sock enchaîne : « A Senelec, il a misé sur un syndicat minoritaire. On les a écrasés ». Wade esquive et, ironiquement, affirme à Sock : « Tu sais ce que je vais faire ? Je vais te nommer ministre de l’Energie, chargé d’éradiquer les délestages ». L’audience aura duré une vingtaine de minutes au total.

Cheikh Mbacké GUISSE

lasquotidien.com

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