Souleymane Ndéné Ndiaye boude l’hommage rendu à Wade en France : «C’est un prix bidon, c’est une mascarade

Ils étaient nombreux à avoir effectué le déplacement de Versail­les pour assister à la cérémonie de décoration du Président Abdoulaye Wade par le Forum de la renaissance africaine (Fora) présidée par le Sénégalais Soulèye Anta Ndiaye. Si l’organisation qui a jeté son dévolu sur l’ancien chef de l’Etat pour lui décerner la première distinction de son histoire est inconnue du gotha des organisations panafricanistes, il n’en demeure pas moins que les militants et sympathisants du Pds ont tenu à rendre grandiose la fête. Me Wade n’a pas lésiné sur les mo­yens pour faire convoyer des dizaines de personnes de Dakar à Ver­sailles et les loger à l’hôtel Radis­son de la Cité des rois de Fran­ce. «Les invités venant de Dakar au­raient été plus nombreux si le consulat de France n’avait pas refusé des visas à certains de nos camarades», fait remarquer un ancien ministre. C’est le Palace Le Trianon du Boulevard de la Reine à Versailles qui a abrité la cérémonie de remise du prix. Une opération de mobilisation des Séné­galais de Paris et de sa banlieue a été menée. Le griot Abdoulaye Mbaye Pekh a versé dans la propagande en cherchant à travailler au corps des fidèles de la confrérie mouride à l’occasion d’une soirée religieuse organisée la nuit de vendredi dernier pour leur demander de se rendre en masse à la cérémonie de décoration de Abdoulaye Wade qui a décidé de dédier le prix à Cheikh Ahmadou Bamba.

Sindjély absente
Des absents de marque ont été notés. C’est le cas de Sindjély Wade. Karim Wade est arrivé presqu’à la fin de la cérémonie, et il a eu un aparté avec son ex-directeur de Cabinet, Bachir Diawara. Il est en­suite reparti avant la photo de famille. Aucune explication n’a été fournie quant à l’absence de Sin­djély Wade. Joint par téléphone, le dernier chef de gouvernement du régime libéral, Souleyma­ne Ndéné Ndiaye, a tenu à expliquer son absence. L’ancien Premier ministre et directeur de campagne de Ab­doulaye Wade à la dernière présidentielle, de préciser : «J’ai refusé de participer à la cérémonie qui est une mascarade. C’est un simulacre de décoration, un prix bidon décerné par des gens qui ne représentent rien sinon que leur propre personne. Je ne participe pas à une telle mascarade.» Sou­leymane Ndéné Ndiaye indique qu’il a eu à le dire de vive voix à Soulèye Anta Ndiaye au cours d’une réunion tenue à Dakar, chez l’ancien ministre des Affaires étrangères Me Madické Niang. «A cette occasion, je lui ai dit : ‘’Il faut arrêter de berner le Président Wade qui n’a pas besoin de ce genre de prix. Il a plutôt besoin de se reposer et de penser à faire autre chose que d’être entre les mains de manipulateurs qui ne cherchent qu’à lui pomper son argent. Je ne suis pas d’accord avec cela et on ne m’y verra jamais. Allez demander à ces gens pourquoi l’Unesco a tenu à se démarquer de ce prix’’.»

«Les gens diront que je cherche à plaire à Macky Sall, qui est un ami»
Conscient que ses détracteurs ne manqueront pas de s’en prendre à lui pour avoir boudé la cérémonie, Souleymane Ndéné Ndiaye n’en a cure. «Les gens peuvent raconter ce qu’ils veulent. Ils diront certainement que je cherche à plaire à Macky Sall qui se trouve être un ami. Mais je serai le dernier à rejoindre le parti de Macky Sall. Je reste fidèle à mes principes et rien ne me détournera de cela. Je suis bien à Paris pour une visite privée mais je ne cautionne pas ce genre de choses.»
De nombreux autres invités ont, dans les conversations, partagé le sentiment du dernier Premier ministre du Président Wade. Une dame invitée à la cérémonie n’a pas manqué de dire sa frustration. «Depuis qu’on nous parle de ce prix, je pensais sincèrement que c’était une reconnaissance internationale décernée par un grand organisme. Franchement, ce que j’ai vu là me laisse sur ma faim», fulmine-t-elle. Et Samuel Sarr, pourtant organisateur du déplacement à Paris de nombreux militants, n’a pas été très visible à la cé­rémonie.
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