A quand la rupture effective tant souhaitée par les Sénégalais. Par Mandiaye Gaye

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La rationalisation et l’équilibrage des salaires dans la Fonction publique, les Agences nationales, les directions générales de société, etc., en fonction de critères concrètement  identifiables, mesurables et bien définis par la loi, sont devenus urgents et  une nécessité absolue aujourd’hui.  A cet effet, le Statut général de la Fonction publique et la Législation du travail doivent reprendre leur plein droit  inviolable dans la République et s’appliquer à tous sans exception. Et s’il y a lieu, lui faire un toilettage nécessaire pour conformité, compte tenu de l’évolution de certains métiers et de l’apparition d’autres, nouveaux. Il est évident  aujourd’hui, pour bon nombre de Sénégalais attentifs, que la Fonction publique n’existe plus en ce moment que de nom, parce qu’ayant subi un dérèglement  destructeur sous Wade, qui l’a mise sens dessus dessous. Et, il faudra nécessairement, un travail d’Hercule pour la redresser sérieusement et la remettre sur ses pieds, conformément aux lois et règlements de la République. Pour arriver à cela avec succès, il va falloir  au président Macky Sall et son gouvernement, de cesser de tournoyer autour du pot, à savoir tergiverser  pour retarder cette rupture incontournable ou un passage obligé, qui devient une pierre d’achoppement. C’est certes une  tâche difficile à cause des conséquences qui pourraient en découler. Pour ces raisons, elle nécessite effectivement  une détermination, une ferme volonté et un courage sans faille, pour s’atteler  irrémédiablement, à reconstruire un Etat de droit et de justice sociale sur les ruines et décombres du régime de Wade. Tout retard accusé dans la mise en œuvre de cette rupture, sera préjudiciable pour notre pays, afin de combler son gap par rapport aux autres et de panser aussi  les agressions  ou blessures subies en tous genres et dans tous les domaines de la société, de la part de Wade. Blessures qui ont conduit d’ailleurs notre pays et  nous avec, à se retrouver dans cette situation de naufrage collectif.

Un bruit assourdissant est entretenu en permanence autour de l’emploi en général et des jeunes en particulier par le régime de Macky Sall. Qui appelait pourtant, à une gouvernance vertueuse, efficiente, efficace et sobre. Mais, en actes concrets et productifs d’emplois réels et durables, nous n’y sommes pas encore, bien au contraire. La suppression du cumul des postes par les tenants du pouvoir actuel, offrirait incontestablement quelques possibilités d’emplois permanents tant soit peu, aux demandeurs et particulièrement aux jeunes. Mais faudrait-il encore, que cela ne soit pas que de vœux pieux et  en de simples paroles non suivies d’effets concrets. Comme on le constate ou on le décèle dans certains domaines, nous y apprenons parfois  par une annonce fracassante avec forte médiatisation, des mesures salutaires, émises par le chef de l’Etat ou son Gouvernement, en vue de régler des problèmes ponctuels matures, dont l’urgence est incontestable pour  tout le monde, mais qui finissent par tomber souvent en désuétude. Soit  par oubli volontaire ou alors pour une autre raison inconnue, mais qui dans tous les cas, deviennent feu de paille ou lettre morte.  J’en veux pour preuve, la traque des biens mal acquis, qui est une exigence forte et populaire, approuvée par l’écrasante majorité des honnêtes citoyens sénégalais, mais qui n’a pas jusqu’ici, donné le résultat escompté en termes concrets. Ce n’est point du tout pour nous, le fait de vouloir tout et tout de suite. Mais à l’heure actuelle, 17 mois après, un résultat palpable des premiers dossiers, des incriminés dans cette affaire, devait tout de même nous être donné, dans le but de tempérer notre ardeur ou impatience. Ce qui nous permettrait d’apprécier et de constater en fin, que ces « délinquants économiques » nuisibles pour notre société, ont été châtiés comme il se doit et mis hors d’état de nuire. Parmi tous les dossiers examinés depuis lors, aucun d’entre eux n’a été à notre connaissance, définitivement bouclé, jugé et officiellement annoncé. Il faut quand même l’avouer, c’est relativement trop long pour un résultat presque nul. Et à ce rythme, c’est l’évidence même, que les cinq ans de pouvoir du président Macky Sall, ne suffiront pas pour boucler ce dossier épineux, volumineux et très important, à cause des enjeux et autres implications qui y sont attachés. Ce serait dommage et catastrophique, que nous en arrivions à des non-lieux simples après tout ce tintamarre autour de cette affaire!  C’est d’ailleurs, cela qui se murmure dans les milieux du PDS. Une telle issue, équivaudrait à dire que la montagne a accouché d’une souris. Je présume que le président Macky Sall a parfaitement et hautement mesuré les conséquences qui pourraient découler pour lui, d’une telle fin de la traque des biens mal acquis ? Déjà, un bon nombre de malades imaginaires bénéficient de liberté provisoire, pour état de santé inconvenable à des conditions carcérales. Comme si pour les autres alors, leur état est parfaitement convenable à des conditions de bagne. Tout cela, c’est du cinéma que les avocats des prévenus et le PDS jouent pour  animer la galerie et divertir le Pouvoir ainsi que les Sénégalais.

Sans qu’il ne s’en rende compte, la crédibilité du président Macky est en train de s’éroder petit à petit, à cause de décisions prises à la hâte et rapportées aussitôt ou plus tard. L’interdiction récente de la mendicité en général et surtout des talibés est un cas parmi d’autres. Et pourtant la mesure était bonne et bien appropriée, parce que les talibés font l’objet  effectivement d’une exploitation éhontée par des marabouts véreux, qui ne leur apprennent qu’à mendier pour leur compte personnel et non pour la maîtrise du Coran et la connaissance parfaite de leur religion. Et tant d’autres mesures favorables à l’intérêt général, comme l’homologation des prix de certaines denrées de première nécessité ou leur baisse, qui ont été abandonnées ou renvoyées aux calendes grecques. Ce sont de tels reculs ou revirements incompréhensibles, qui dénotent dans une certaine mesure, un manque de détermination et de courage politique, qui décrédibilisent et  montrent des signes de faiblesse du Gouvernement. Et comme disent les Hal pulars : « Mo suca boone lamootakoo » c’est-à-dire quiconque craint d’affronter les difficultés hostiles par manque de courage, ne pourra pas gouverner un pays. Un courage juste pour bien faire est un élément de taille pour une gouvernance.

A l’heure actuelle, le problème numéro un du Gouvernement, c’est d’arriver à déterminer avec  précision, quelles sont les priorités et les urgences du moment pour notre pays ? Une fois cela fait, le chef de l’Etat doit se mettre au travail sans tarder, en prenant  le taureau par les cornes et les attaquer de front. Le gouvernement s’est trop attardé depuis lors et jusqu’ici d’ailleurs, sur des détails et des futilités de toutes sortes, animés par dviers lobbies et les vaincus du PDS, laissant ainsi de côtés les préoccupations majeures et essentielles des populations sénégalaises, qui sont dans  l’attente d’un changement qualitatif, allant dans le sens d’améliorer leurs conditions de vie, en mieux. Des signes malheureux de folklore, qui ressemblent fort bien  à un clonage de Me Wade, commencent à nous parvenir du Palais de la République. Ce symbole, où seuls des actes républicains devaient s’y produire, est en voie d’être transformé en siège de l’APR. C’est inadmissible voire triste, pour de véritables républicains, de ne pas savoir faire la différence, entre un symbole de la République et un siège de parti politique.

Le train de vie actuel de l’Etat du Sénégal est encore et jusque-là, en déphasage total pour ne pas dire en contradiction  flagrante, avec le statut actuel de notre pays, classé parmi les PPTE. Ce qui justement, devrait  lui interdire absolument, de se payer le luxe, d’aligner certains salaires de son personnel politique, à la taille des pays européens, développés. Si tant est, qu’il est résolument engagé à résorber ou diminuer franchement le chômage chronique et le sous-emploi en général, mais et surtout en milieux jeune. Donc, une diminution du train de vie l’Etat de façon notoire et irréversible, est une exigence incontournable dans le temps présent, si le président veut bien et effectivement  satisfaire aux exigences des populations les plus démunies du pays. Le président de la République doit s’abstenir  de procéder dorénavant à des dépenses de prestige, donc non prioritaires pour le développement. Il doit notamment, s’affranchir d’accorder des privilèges à qui que ce soit, fussent-ils des marabouts, parce que la République ne reconnait à aucun de ses citoyens, des privilèges. Car, les privilèges ne sont  inscrits nulle part dans la Constitution et ne peuvent être justifiés par aucun fondement du point de vue de la loi et du droit tout court. Seules des visées politiques et électoralistes poussent les autorités en place, à en accorder à la pelle à des individus, mais que rien ne peut effectivement justifier. Par conséquent, halte aussi aux privilèges qui devraient être audités aussi.

Bien évidemment, en toute chose,  il faut commencer par le commencement. Il va sans dire, que le sommet de l’Etat doit à titre d’exemple, montrer le chemin à suivre pour que nul n’ait rien à redire après. Par conséquent, à tout Seigneur tout honneur. Le Chef de l’Etat, étant le premier magistrat de la République, et à ce titre, c’est à lui que la majorité du peuple sénégalais a confié les destinées du pays pour cinq bonnes années, il doit être, au nom de cette marque de confiance, le premier à revoir à la baisse son traitement et ceci, dans les domaines possibles, sans exception. Ensuite, ce sera au tour de l’ensemble du gouvernement, des fonctionnaires spéciaux casés dans les Agences spéciales, le CESE, L’Assemblée nationale, les directeurs généraux de société et partout où des économies non négligeables peuvent être tirées, en vue de faire face aux priorités et urgences de l’heure de notre pays. Autrement dit : «  Mbey ci ca we u tànk »

En quelques sortes, l’équilibrage aujourd’hui des salaires et émoluments au sein de l’Etat, qui tiendrait effectivement compte de l’état réel  des ressources financières de notre pays au présent, est plus qu’une nécessité mais, c’est une exigence de l’heure pour faire face aux nombreuses attentes des Sénégalais, de la deuxième alternance. Répondre à cela favorablement, est un acte de grandeur, qui rompt totalement avec l’attitude des hommes politiques dirigeants de notre pays, connus jusque-là.  C’est une occasion immanquable pour les hommes politiques au pouvoir de montrer un nouveau visage, et du coup, de redorer leur blason aux yeux des citoyens, qui les prennent à tort ou à raison, pour des sangsues  ou des hommes sans cœur. Au demeurant, la solidarité nationale et la justice sociale appellent un partage plus équitable du produit national entre tous les citoyens sénégalais. Un partage naturellement fondé sur l’apport et le mérite des uns et autres, dans l’accumulation de la production nationale. Ce qui reviendrait à éliminer les injustices sociales ou à défaut, de les diminuer notablement alors.

Nous avons constaté et vérifié tous, que toutes ces injustices sont fondées sur un parti pris manifeste de nos dirigeants en leur faveur. Et cela, à eux tous, qui se sont succédé à la tête du pays depuis des lustres. Un parti pris qui perdure encore et tend à se transformer en définitive, en un système revolving perpétuel, qui est reconduit et reproduit, quel que soit le régime politique en place, jusque-là. Il est temps d’y mettre fin maintenant, car trop c’est trop !

Mais à quoi nous sert Bon Dieu, d’être un Etat souverain  et indépendant en fin de compte ? Si nous ne sommes pas en mesure et capables  de modifier par nous-mêmes librement, à notre convenance et dans l’intérêt général bien compris de nous tous, tout ce qui a été mis à l’envers dans le passé et qui a créé bien des injustices entre nous citoyens, au point d’avoir empoisonné nos rapports sur une base inégalitaire anti républicaine depuis lors et jusqu’ aujourd’hui encore ?

Mais pourquoi pas  au Sénégal, un citoyen,  un emploi et un seul salaire? Puisque nous sommes tous égaux devant la République et avons tous les mêmes droits  au travail, rien ne devrait s’y opposer, si les autorités sont mues véritablement par une volonté d’asseoir une justice sociale équitable. Le cumul des postes par certains dignitaires des régimes en place depuis lors, dans un pays où le chômage s’accroit surtout en milieu jeune, au rythme de la croissance démographique, c’est absolument un non-sens et une aberration monstrueuse. Il  frise l’inadéquation entre le discours larmoyant et pathétique du gouvernement sur le chômage ou le sous-emploi, comme étant parmi « ses préoccupations premières».  Mais c’est dans sa pratique sur le terrain malheureusement et à travers le cumul des postes, l’octroi de salaires faramineux à la carte de la classe politique au Pouvoir, les privilèges et autres avantages  exorbitants à eux seuls, qui sont en contradiction et en donnent la fausse note. C’est comme qui dirait, vouloir une chose, mais tout en faisant exactement le contraire, pour  ne jamais y parvenir.

Mandiaye Gaye

[email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. http://www.leral.net/Le-Senegal-pret-a-ratifier-la-Charte-africaine-sur-la-democratie-et-les-elections_a86668.html

    1.Posté par kathior ka le 18/06/2013 00:22

    État de droit, gouvernance vertueuse, transparence, etc. à l’épreuve des faits.
    « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. »

    Un recteur qui ignorait royalement l’autonomie des structures et les lois du Sénégal, avec une gestion hors norme tant décriée par les syndicats et des citoyens de tous bords se retrouve nommé Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche, sans autre forme de procès. Les faits avérés qui lui sont reprochés sont d’une telle gravité qu’il ne doit certainement son « salut » (c’est temporaire, car un jour chacun rendra des comptes, ces anciens amis du PDS ne diront pas le contraire) que grâce la transhumance du PDS à l’APR à la 25ème heure. Les « amis » avant la patrie.

    Sauvons nos universités publiques du naufrage.
    (leral.net 9 oct. 2012 de Citoyen)

    Malgré les moyens substantiels mis à la disposition de l’enseignement supérieur de notre pays, les résultats sont qualitativement et quantitativement loin des normes de l’UNESCO. Nos instituions d’enseignement supérieur ont surtout un problème de management ([b]mal gouvernance, corruption, népotisme, dépenses de prestige, gestion solitaire en lieu et place de la gestion démocratique et légale, non respect des lois et des règlements, etc.[/b]) avec la complicité active ou passive de la communauté universitaire ([b]avantages indus, intimidations, etc.[/b]), des autorités étatiques qui, jusqu’à présent, feignent de ne rien savoir (n’ont-ils pas les moyens de savoir ce qui se passe ?) pour éviter la confrontation avec ceux (les amis politiques !) qui sont nommés à la tête de ses structures et qui agissent parfois comme des monarques en gérant la chose publique à leur guise.

    Face à la démission de l’État, nos universités croulent sous le poids de dettes dues aux créanciers (banques, hôpitaux, Sonatel, Senelec, SDE, fournisseurs divers) et chaque corporation s’évertue à demander toujours plus pour « améliorer ses conditions d’existence » et parfois au détriment des intérêts de la communauté. Ainsi donc, la crise est donc une conséquence logique de l’inaction de l’État.
    En effet quand les dirigeants (nommés par les autorités) gèrent la chose publique en dehors des normes établies sans être inquiétés le moindre du monde (pour ne pas dire promus à des stations plus juteuses), les syndicats demanderont des chosent hors normes et c’est le début du CHAOS.
    A l’État de faire l’état de la gestion de ceux qu’il a nommé, punir ceux qui se sont montrés indélicats et récompenser les autres, ensuite il serait facile de demander aux syndicalistes de faire preuve de mesure et enfin sévir dans le respect de la loi si de besoin. Il est temps de restaurer l’État de droit (et donc des devoirs) ; il est indispensable, avant toute promotion, d’étudier sérieusement la gestion présente et passée du pressenti.

    L’État ne peut continuer à protéger et promouvoir ceux qui mettent à genoux nos institutions d’enseignement supérieur et jeter en pâture les syndicats. Je pense que les responsabilités sont partagées.
    Des assises de l’Éducation avec ceux qui bloquent le système pour des raisons personnelles ou émotives ne serviraient à rien, je proposent des assises des anciens (Recteurs, Professeurs ou hauts cadres à la retraites) du système pour faire des propositions objectives. Il est souvent difficile d’être juge et parti.
    Il n’est jamais trop trad pour bien faire un devoir citoyen.

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