Les Sénégalais qui avaient massivement voté pour le Yonou Yokuté sont aujourd’hui gagnés par le doute. Les récriminations se multiplient de plus en plus chez ce peuple martyrisé par la crise et la cherté de la vie. Après le doute, la désillusion ?
Mardi dernier, les syndicalistes de la Poste et de la Rts ont battu le macadam pour dire «Y en a marre» de Mamadou Thior et de Babacar Diagne. Selon les protestataires «les directeurs généraux de la Rts et de La Poste qui sont atteints par la limite d’âge, sont sous des contrats spéciaux et illégaux». Non sans ajouter : «[Nous] voulons qu’on audite La Poste, qu’on change de top management, parce qu’en 8 ans, ils ont totalement échoué.» Les manifestants ont aussi dénoncé «les recrutements massifs avec une gestion de contrats nébuleux». Contrairement à son prédécesseur qui avait eu un état de grâce d’au moins cinq ans, le président Macky Sall élu avec 65% des voix commence, après seulement 7 mois de règne, à faire face aux dures réalités du pouvoir. De plus en plus, des voix s’élèvent, qui pour contester la cherté de la vie, qui pour fustiger les nominations au relent de népotisme, qui pour condamner la montée de la criminalité, qui pour déplorer la lenteur des audits. De sorte que la rupture tant promise semble se muer en chimère. Actuellement tous les mouvements contestataires sont en train de fourbir leurs armes s’ils n’ont pas investi le champ de bataille. Le mouvement «Y en a marre» s’est fait entendre récemment de même que les jeunes du M23 qui entendent surveiller le président Sall comme du lait sur le feu pour éviter les mauvaises surprises. Durant son parcours vers le palais, Macky Sall avait déversé des tombereaux de promesses sur les Sénégalais qui n’avaient pas hésité à voter pour lui. En lieu et place de la rupture tant promise, on semble assister à un éternel recommencement. Lors de sa longue marche vers le pouvoir, Wade ne cessait de dire qu’il allait faire toute la lumière sur la gestion des socialistes. Après avoir pris le pouvoir en 2000, Wade avait «gracié» Diouf sans autre forme de procès avant de faire l’impasse sur les audits tant promis. Son successeur Macky Sall a lui aussi promis l’audit sans complaisance de la gestion de ses ex frères libéraux avant de blanchir Wade. Ce qui laisse croire que les audits, annoncés à grand renfort de pub, risquent d’être un pétard mouillé. La situation qui prévaut actuellement inquiète même des partisans du président de la République qui envisagent de mettre en place une structure dénommée le G15 autour du slogan «And Fatélli Macky» dont le but est de «rappeler à Macky Sall ses engagements souscrits, dans un premier lieu, devant notre parti et en deuxième lieu devant le peuple sénégalais», ont laissé entendre ces responsables politiques de l’Apr. Le président de la République est entouré par des alliés dont on se demande finalement s’ils sont mus par leurs propres intérêts ou de la patrie. Parce que ses alliés auraient dû être les premiers à rappeler le président à l’ordre en cas de manquement. Malheureusement personne ne les entend et c’est comme s’ils voulaient profiter des erreurs de leur allié pour les exploiter dans le futur. Qui disait que dans cette alliance règnent «l’hypocrisie et la ruse» ? Source : La Tribune
