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“Artisanat : Macky Sall tourne le dos au PSE et choisit le programme de l’ACT »

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XALIMANEWS: « Lectures et écoutes conseillées : PSE, « Reconstruire le Sénégal » (publication de l’ACT) discours de Abdoul Mbaye du 30 septembre 2018, discours de Macky SAll du 6 mars 2020.

Nous avons été estomaqués – et c’est peu dire – en écoutant le récent discours de Macky Sall consacré à la place que lui et le PSE accorderaient à l’artisanat dans la construction de l’émergence du Sénégal ; et ce pour une double raison.

1. La première est que le PSE ne traite de l’artisanat qu’en ses paragraphes 151 et 152, et à aucun moment ne le présente comme origine de la future industrialisation du Sénégal. Pour le PSE, l’artisanat est un secteur à renforcer mais en le laissant dans sa dimension artisanale et dans le secteur qui est le sien : celui de l’artisanat individuel, en particulier de l’artisanat d’art.

2. La deuxième est que le secteur de l’artisanat pris comme base du développement industriel du Sénégal est retenu comme un des volets principaux d’une émergence possible de l’économie par le programme de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) présenté par son Président le 30 septembre 2018.

Il y a donc à la fois contre-vérité et plagiat.

La contre-vérité n’est pas surprenante pour au moins deux raisons : Macky Sall ne connaît pas le contenu du PSE ; Macky Sall ne croit pas au PSE.

1. Macky Sall ne connaît pas le contenu du PSE. Il n’en connaît ni la doctrine économique de base ni le contenu. Le PSE est le choix d’un développement économique reposant sur des paradigmes habituels, sorte de menu standardisé constitué par le développement des infrastructures structurantes financées par un gonflement déraisonnable de la dette extérieure, l’amélioration du climat des affaires et l’investissement direct étranger (IDE) pour développer l’implantation d’industries souvent venues de l’extérieur, et la croissance des exportations plutôt que la substitution aux importations. Certes des secteurs importants pour le Sénégal tels l’agriculture ou le tourisme n’ont pas été omis comme vecteurs de croissance par le PSE. Mais pour ce type de vision du développement, l’artisanat reste un secteur qui doit certes profiter de l’amélioration de la compétitivité globale, mais sans sortir de son carcan de « secteur d’artisanat », fut-il dynamique et légèrement exportateur.

Nulle part dans le PSE il n’est écrit que les petites entreprises individuelles du secteur de l’artisanat et de l’informel doivent être soutenues pour franchir le cap de la semi-manufacture puis aller vers la manufacture et enfin constituer le futur tissu industriel du Sénégal.

2. Macky Sall ne croit pas au PSE. Il s’en sert comme moyen de distraction et de festivités. L’émergence est un concept qui a été affublé à des bals, des combats de lutte, toujours galvaudé dans tous les discours de ces dames et messieurs de la République. Au final la pseudo-réalité d’une émergence sénégalaise est présentée aux institutions de Bretton Woods et à nos compatriotes sous la forme de faux taux de croissance parmi les plus élevés du monde, construits par de statistiques fabriquées qui ne parviennent plus à résister à l’épreuve du temps (voir les exemples des productions agricoles, celles du riz et de l’arachide en particulier) et à la réalité d’un ajustement structurel.

C’est parce qu’il ne croit pas au PSE que Macky Sall a fait des choix forts (parce que déterminants dans un futur économique) qui sont à contre sens de la direction proposée par le PSE. Nous citerons à titre d’exemple d’investissements publics contraires à ceux prévus dans le PSE le TER (qui n’est pas un projet du PSE) à la place de la réhabilitation ferroviaire avant 2017 (paragraphe 408 du PSE). Rappelons celui de l’électricité dont le caractère fondamental comme moyen d’améliorer la compétitivité dans tous les secteurs de l’économie sénégalaise le fait retenir par le PSE comme élément VITAL de l’entrée en émergence, et dont le prix a été par contre augmenté au lieu d’être baissé (comme prévu au paragraphe 389 du PSE).

Le plagiat est patent. Il est la conséquence d’un leadership en manque d’intelligence. Il est signe également d’une forte propension à frauder, tricher et tromper. S’approprier les idées d’autrui et a fortiori d’un adversaire politique sans le citer, est inadmissible au plan de l’éthique. 

Le cœur du programme de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) a été présenté par son Président lors du congrès extraordinaire du 30 septembre 2018. Ce discours a été publié sous forme d’un fascicule dont le titre est « Reconstruire le Sénégal ». Nous nous contenterons de citer quelques lignes de son contenu comme preuve du plagiat:

« …Mais vous n’ignorez point que l’échec du développement économique du Sénégal ne réserve pas la pauvreté aux seules zones rurales. Elle est également très présente dans les zones urbaines et semi-urbaines où elle sera combattue par la création d’activités et d’emplois.

Elle le sera par notre conception de l’émergence que nous ne faisons pas reposer sur une logique de grands projets ayant le défaut d’être gourmands en ressources budgétaires et d’emprunt d’une part, et aussi celui de privilégier leur réalisation par des entreprises étrangères d’autre part.

Nous construirons l’émergence du Sénégal autour d’une transformation de la structure de son économie, en faisant évoluer son artisanat vers la semi-manufacture, puis la manufacture enfin l’industrie…

Les secteurs devant accueillir la croissance sont identifiés comme ceux déjà fortement utilisateurs de main d’œuvre, capables de productions de qualité, renfermant des processus de formation par l’apprentissage et susceptibles de renforcement. 

L’émergence passe par une transformation structurelle d’une économie.

Elle est celle du constat de son évolution vers une économie de manufacture, de production de biens et services contenant davantage de valeur ajoutée pour couvrir des besoins nationaux et alimenter des exportations.

Le Sénégal n’est pas encore entré dans ce processus vertueux de son économie qui seul peut être à l’origine de son réel développement économique et social…

Le Sénégal dispose pourtant d’un artisanat ancien et de qualité en mesure d’évoluer vers la semi-manufacture puis la manufacture. Il s’agit en particulier des métiers de la métallurgie, d’orfèvrerie, du bois, de la cordonnerie, de la confection, de la mécanique, de la transformation des céréales locales. Le meilleur indicateur du dynamisme de l’artisanat sénégalais est sa capacité à exporter ses compétences hors du territoire national.

L’artisanat est en outre le principal pourvoyeur d’emplois au Sénégal.

Il ne parvient cependant pas à organiser sa mutation vers un niveau de production qui serait synonyme d’entrée dans la semi manufacture ou dans l’industrie. Cela est la conséquence d’un manque de vision des gouvernants, qui réduisent l’artisanat à une production de pièces d’art pour touristes, alors qu’il est la principale force de production de notre pays. L’artisanat n’est pas soutenu. Les gouvernants ont par contre fait le choix et l’erreur de s’enfermer dans une logique de grands projets satisfaisant leurs égos et propices à favoriser la corruption… »

Suivent des mesures et propositions spécifiques à plusieurs secteurs de l’artisanat sénégalais, élaborées en relation étroite avec les corps de métier concernés.

C’est donc bien dans ce discours du 30 septembre 2018 et dans le document « Reconstruire le Sénégal » que Macky Sall est allé chercher sa soudaine inspiration en faveur de l’artisanat du Sénégal en la présentant comme déclinée dans le PSE, ce qui est totalement faux.

L’ACT regrette par contre que le plagiat par Macky Sall ne se soit pas étendu à la première partie des références citées : 

« Nous redonnerons à la parole politique le respect qu’elle doit susciter lorsqu’elle s’exprime sous la forme d’un programme de parti ou de coalition de partis ; lorsqu’elle est propos d’un leader politique dépositaire de la confiance des membres de son parti ou de la coalition qui le soutient. »

« …l’Histoire nous enseigne que la paix sociale craint les espoirs déçus. C’est pourquoi nous avons pris l’engagement de ne créer l’espoir dont notre peuple a grand besoin que par un discours de vérité. Et la vérité en politique est d’abord dans le parler vrai consistant à ne dire que le possible ; elle est ensuite dans le respect des engagements pris. A l’opposé, le mensonge et la trahison commencent avec le reniement d’engagements rendus publics sur la base desquels le citoyen vous avait attribué le bénéfice de son vote. »

Que ne s’inspire-t-il de ces lignes de rupture….

L’ACT est heureuse et fière que son programme soit plagié. Mais qu’il le soit dans son entièreté, et qu’il donne lieu à de véritables mises en œuvre plutôt qu’à de nouveaux bavardages relevant de la politique politicienne et de circonstance », a posté le Cercle des Cadres de l’ACT

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