Bal poussière !

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Les rideaux sont tombés depuis samedi dernier, sur la 9e édition du concert que donne annuellement Youssou Ndour, à Bercy, en France. Mais la grande « poussière », soulevée par ce bal de la démesure, ne s’est pas encore dissipée dans le ciel de la capitale française. C’est que depuis longtemps, ce rendez-vous de Bercy est sorti du cadre normal d’un concert de musique. En voulant faire de cet évènement une rencontre des plus grandioses, d’année en année, l’enfant de la Médina est devenu prisonnier de sa mégalomanie. Cette année encore, pas moins de trois cent personnes ont été déplacées à Paris. Et même l’arène sénégalaise avait pris ses quartiers à Bercy. Une aubaine, pour des dizaines de jeunes lutteurs, qui se voyaient ainsi offrir le précieux sésame leur ouvrant les portes de l’Europe. On dit même qu’un célèbre promoteur de lutte a servi d’intercesseur, pour convoyer ce beau monde à Bercy. Et paraît-il, ils ont payé leurs billets au prix fort. C’est que pour Gaïndé et sa clique, l’enjeu en valait largement la chandelle. L’occasion leur était ainsi offerte sur un plateau doré, d’assouvir leur mirage européen et d’échapper à l’environnement impitoyable de l’arène, pour des lutteurs non encore confirmés. Alors, ils l’avaient tous décidé. Une fois à Paris la France, ils allaient prendre la clef des champs. Ils l’ont fait. Eparpillés entre l’Italie, l’Espagne et la France. Une revanche pour Gaïndé le godichon, sur l’arène ? L’avenir nous le dira certainement. Le grand bal a soulevé la poussière, cette année, sur Bercy. Non pas par les pas de Bakk des lutteurs déplacés en grand nombre, mais par les coups de poings que certains de ces baraqués n’ont pu s’empêcher de distribuer autour d’eux. Rien d’étonnant, c’est tout ce qu’ils savent faire. La poussière plane encore sur Bercy, non pas parce que des proches du chanteur sont tombés en transe, piqués par on ne sait quelle mouche. Mais la poussière à Bercy, c’est surtout Youssou Ndour qui l’a soulevée. Le roi du Mbalax, pris dans son propre jeu de la gloriole. You, qui a dû nourrir une forte résipiscence après la réponse que le ministre d’Etat, Karim Wade, a donnée à sa supplique. Une requête de soutien, habilement glissée entre les mains du ministre en charge des Transports aériens. Une forfaiture qui serait passée inaperçue aux yeux de l’opinion, si Karim Wade n’avait pas eu la courtoisie de répondre à la sollicitation du « mbalaxman ». Pour décliner poliment son invitation, mais aussi pour lui dire tout son soutien moral pour la réussite de son « bal poussière ». Mais le mal était déjà fait, le pot aux roses, découvert. Le papillonnage de l’auteur de « khalis nekhna », venait d’être mis à nu. C’est qu’entre sa tragédie guerrière jouée, il n’y a guère longtemps, pour décrocher sa fréquence de la TFM et sa brusque main tendue vers Karim Wade, toute honte bue ; la facétie intercurrente a été trop grossière. Alors, comme un vilain petit garnement pris en faute, You est monté sur ses grands chevaux. Non pas pour chanter les louanges d’un bienfaiteur, mais pour charger Karim Wade ; à qui il reproche de ne pas avoir plongé la main dans la poche, spontanément, pour calmer sa boulimie financière. La même remarque est faite aux autorités, d’une manière générale, qui, dit-il, ne devaient pas attendre qu’il leur demandât de le couvrir d’or. Pardi ! Quel narcissisme ! Depuis quand l’Etat est-il tenu de financer une initiative privée ? Surtout, pour un maître Chanteur, nullement atteint d’inanition. Alors, armé de sa cognée, You brandit une fois de plus l’arme du chantage politique. « Je vais descendre dans l’arène politique en 2012 », entonne-t-il, devant le parterre de journalistes qu’il a déplacés à Bercy. « Karim Wade cherche à se faire de la publicité », reprenait-il en solo. Mais sa musique se termina sur une fausse note. « Je vais soutenir un candidat », rappelle-t-il. Sauf qu’il y a quelques mois, il avait saupoudré ce soutien à la sauce subtilement mercantile, soutenant que ce candidat pourrait être aussi bien du pouvoir que de l’opposition. Dommage que You n’ait pas les castagnettes assez grosses pour plonger lui-même dans le grand bain. Mais que You se le tienne pour dit. Les tireurs d’élite finissent toujours par toucher leurs cibles, même cachées derrière un parapet.

Bassirou Seck

© lemessagersn. info

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