Benno Bokk Yakkar : les alliés sont eux-mêmes le… par Tamsir Jupiter Ndiaye

Tant que le jeu politique sénégalais n’est pas encore clairement défini par des partis ou mouvements politiques agissant selon une vision idéologique précise, des paradigmes programmatiques structurés et des regroupements politiques articulés autour de projets de société bien élaborés, aucune coalition ne peut être viable dans le temps et dans l’espace.

Les partis, au Sénégal, ne se réunissent et ne s’accordent que selon les circonstances. Ils s’unissent au plus promis à la victoire et engagent avec lui une épopée politique. Dans cette ornière, ceux qui se réclament de gauche s’allient à ceux qui se réclament de droite, ceux qui ne s’identifient qu’à eux-mêmes s’unissent avec ceux qui ne se retrouvent dans aucun pôle et, dans leur absolue diversité, ils constituent une coalition politique, le temps d’une élection d’importance majeure.

C’est dans des conditions pareilles que la Coalition Benno Bokk Yakkaar qui a porté Macky Sall au pouvoir s’est constituée. Il ne devrait donc point être une surprise si, après deux ans de compagnonnage, des querelles d’intérêts politiques, de positionnements et de leadership la rendent bancale. Benno Book Yakkaar est en, fait, comme les autres coalitions qui ont existé les années précédentes. Elle ne sortira point indemne des enjeux de la gestion du pouvoir ainsi que de l’importance politique des futures échéances qui consacrent le leadership local.

L’APR, dernier né des partis, a réussi une prouesse historique, celle de dépasser et de surpasser tous les vieux partis et leurs responsables vétérans, en portant, au Second Tour, avec le soutien évident de tout ceux qui étaient contre le sortant Wade, Macky Sall à la tête du Sénégal. Mais malgré ce fait historique et politique, elle joue son destin aux Locaux. Elle doit confirmer sa prééminence clamée partout et donner la preuve que sa majorité n’est pas le fruit d’une addition de forces autres, mais la consécration de son leader et de son programme de gouvernance. Le défi est donc énorme.

Or de grands partis alliés comme le Parti Socialiste et l’AFP, ainsi que les partis qui se sont révélés aux Législatives, accepteraient difficilement d’être ensevelis dans une coalition qui leur empêche d’avoir des sentinelles locales. C’est une simple question de survie politique.

Il s’y ajoute que les responsables des différents partis politiques de la Coalition ont bien intérêt à se présenter dans leurs fiefs. L’acte III de la décentralisation a des effets politiques sur la géopolitique future. Chaque responsable politique, pour assurer sa force, doit se faire élire dans son terroir. Un responsable politique, pour peu qu’il soit un inébranlable meneur de foule, doit au moins être politiquement localisé quelque part dans le pays.

Ainsi, en raison des enjeux politiques de l’Acte III de la Décentralisation ainsi que de ceux des Locales et de la visibilité politique future qui constituerait le silo de l’hégémonie politique à avenir, les partis de la Coalition Benno Bokk Yakaar sont dans l’obligation de se déterminer librement pour prendre en main leur destin.

Même si, à travers les images harmonieuses que certains de leurs chefs de parti donnent au peuple sénégalais dans un objectif de communication bien réfléchi, cette coalition semble bien unie pour aller aux Locales dans une dynamique indivisible, il n’en demeure pas moins qu’elle claudique et vacille vers un bouleversement évident.

Les querelles de leadership local qui aboutissent même à des actes de violence surannée, les passes d’armes discourtois entre candidats déclarés dans certaines collectivités locales, les pugilats inopinés dans certaines cérémonies publiques transformées en lieu d’expression partisane ainsi que les provocatrices et offensives sorties médiatiques de certains grands responsables des différents partis de la coalition donnent bien la preuve que celle-ci a réuni en elle assez de piloris pour marquer une extinction, ou du moins se donner une autre architecture. La raison est simple : dans Benno, les alliés sont eux-mêmes les adversaires.

SOURCE : WWW.SENEFOCUS.COM
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