Candidat à sa propre succession, le Président Wade qui a déjà fini d’affûter ses armes devra encore patienter avant de larguer ses munitions sur son principal challenger de l’opposition réunie autour de Bennoo Siggil Senegaal (Bss). Les animateurs de cette coalition de l’opposition la plus significative vont attendre jusqu’en septembre prochain pour désigner leur candidat. Un véritable supplice pour le numéro un des libéraux, déjà en pré-campagne et qui jubilait à l’idée de massacrer ses plus redoutables adversaires.
Il a misé et il a perdu. En déclarant prématurément sa candidature à la prochaine présidentielle, Me Abdoulaye Wade se retrouve pris alors qu’il croyait prendre. L’annonce de sa candidature constituait une sorte de provocation à l’endroit de Bss dont il cherchait à fouetter l’ego pour la pousser à sortir du bois. Ce qui lui aurait permis d’identifier son principal challenger, qu’il se préparait à anéantir avant l’heure. Un bonheur que ses opposants réunis au sein de Bss refusent de lui servir sur un plateau d’argent, poussant le bouchon de la realpolitik jusqu’à le soumettre au supplice d’une attente interminable.
Conscients en effet des réelles capacités de nuisance du pape du Sopi et de ses fedayyins qui sont de plain-pied en campagne électorale en perspective de la présidentielle de 2012, Dansokho et ses camarades ont élaboré et mis en place une stratégie consistant à les réduire au silence, voire à l’état d’épave. Pour cela, ils ont décidé de ne pas investir pour le moment celui qui devra porter la bannière de leur coalition lors du scrutin du 26 février 2012. Selon des informations émanant de sources proches de l’opposition, c’est en septembre prochain que les partis membres de Bss (à l’exception de l’Apr et d’Aj/Pads) vont désigner leur candidat. « Pour le moment, aucun choix n’a été fait, les gens sont en train de discuter sur les critères. C’est ce qui explique la sortie de Ousmane Tanor Dieng démentant les informations selon lesquelles Moustapha Niasse a été choisi », soutient-on chez les alliés de Amath Dansokho.
En fixant l’investiture de leur candidat de transition au mois de septembre, les initiateurs de Bss veulent couper l’herbe sous les pieds du locataire du Palais Léopold Sédar Senghor et le tenir en respect. Objectif : l’empêcher de faire une quelconque manœuvre, et pour cause. En vertu des dispositions de la Cedeao, il est formellement interdit de changer les règles électorales à six mois des élections. Ce qui fait que Wade aura les mains liées. D’autant plus qu’entre la période du choix du candidat de Bennoo Siggil Senegaal et la tenue du scrutin présidentiel, il n’y aura que cinq mois. Une fois son candidat désigné, « l’opposition sera en pré-campagne à partir du mois d’octobre », affirme-t-on.
Face à une redoutable bête politique comme le chantre du Sopi, l’opposition s’est finalement rendu compte que le jeu politique est une partie de ping-pong sans règlement, qui s’apparente à un jeu de dupes.
Hawa BOUSSO, lasquotidien.com
