XALIMA: Dans un entretien qu’il a accordé au journal La Tribune, dans son édition du lundi, Boubacar Borisn Diop n’est pas sûr de la logique de partage de pouvoir de Macky Sall qui, selon lui, est dangereuse.
Répondant à la question de savoir si le système politique actuel peut fonctionner sans heurts pendant cinq ans, Boris Diop dit :
«Je l’espère car le premier gros clash sera dévastateur. Il est gênant de penser que l’édifice repose sur des arrangements entre amis. Macky Sall joue le jeu, le partage des postes lucratifs est équitable, même s’il y a parfois des soupçons de népotisme mais ce qui est à critiquer, c’est la logique même de partage. On se soucie davantage de ce que pensent les autres partis, la société civile et les chancelleries occidentales que des vrais problèmes du pays. On n’est pas loin du système ATT qui a été fatal au Mali. Cependant le vrai danger, que l’on perçoit déjà confusément, c’est une sorte de somnolence de l’esprit démocratique. Cela n’a presque plus de sens de parler aujourd’hui de multipartisme. Sans une opposition crédible et pugnace pour alerter sur de possibles dérives ou fautes du régime, la coupure entre la population et les politiques risque de s’aggraver».
A la question de savoir si le système installé par Macky Sall n’a pas de limites objectives si on sait que les partenaires d’aujourd’hui vont être des adversaires en 2017, Boris Diop répond : «Oui, les partis classiques mais aussi des acteurs que l’on peut dire marginaux sont déjà en piste pour 2017. Leur appétit s’explique par une confiance accrue dans le système électoral et par la certitude que l’heure de la fameuse alternance générationnelle, en dehors des partis, a sonné. En attendant, Sall sait bien que la pire erreur pour lui serait de se laisser tenter par l’exercice solitaire du pouvoir ; mais ses alliés non plus n’ont aucun intérêt à le mettre dos au mur. On ne va pas parler de compromis historique par crainte de réveiller les morts mais c’est un peu ça. On est dans une transition politique «réparatrice». Wade a désarticulé l’Etat et les institutions, on se met d’accord pour tout remembrer et dans cinq ans qui le veut brigue les suffrages des Sénégalais».