Le 23 février 1984, la revue Présence Africaine (n°148) a publié un entretien de Debra Boyd-Buggs des États-Unis d’Amérique, avec l’actuel Khalife général des Tidianes, Al Amine. Une interview rappelée à notre souvenir par le poète Amadou Lamine Sall et dans laquelle Abdoul Aziz Sy Junior s’est prononcé sur la problématique des marabouts au Sénégal, fustigeant l’attitude de ceux qui se réclament marabouts, sans en avoir le poids spirituel et en parfaite contradiction avec les fondateurs des confréries. Des propos toujours d’actualité, après 33 ans. «Le problème du marabout est un problème complexe au Sénégal, parce qu’il y a ‘’marabout’’ et marabout, les vrais marabouts, les vrais mystiques et les faux marabouts. Ce n’est qu’ici qu’on voit des hommes qui ne savent rien et qui ont la prétention de guider spirituellement les gens», a déploré d’emblée l’actuel Khalife des Tidianes. Qui souligne que ces faux marabouts profitent surtout de la nature de la République du Sénégal, où chacun est libre de dresser sa chapelle. «Nous acceptons cette situation parce que nous sommes dans un pays démocratique, un État laïc où chacun exprime librement ses pensées. Quelles que soient vos pensées, vous êtes libre», dit-il. Et d’interpeller ses pairs sur la situation qui ne cadre pas avec la volonté des pères fondateurs des confréries. «Le problème du marabout est d’abord un problème qui nous concerne, nous les marabouts. C’est un problème important pour nous. Parce que ceux qui ont créé les différentes confréries n’avaient pas voulu ce qui se passe actuellement. Les fondateurs des confréries étaient des savants, des hommes de culture qui avaient un idéal. Cet idéal consistait à conduire l’homme à la place idéale que lui réserve le Créateur Dieu de toute l’éternité. Les fondateurs des confréries sont des sauveurs d’hommes. (…). Leur méthode consistait d’abord à créer de grandes écoles où l’on enseignait au peuple, aux musulmans, la voie droite telle que l’a désignée et tracée Mohamed, le Prophète de l’islam. Parce que l’islam se compose de trois dimensions: ‘’iman’’, la foi, ‘’islam’’, la soumission, ‘’Ihsan’’, la bienfaisance».
Mbaye THIANDOUM
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