(APS) – L’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane, auteur de ‘’L’Aventure ambiguë’’, a loué mercredi le rôle joué par les griots dans la préservation de ‘’pages importantes’’ de l’histoire africaine, qui doivent être aujourd’hui révélées au reste du monde par le biais des moyens de communication les plus modernes.
‘’J’ai toujours été fasciné par le rôle des hommes et des femmes à qui notre société orale a confié le soin d’être les gardiens de sa mémoire, de son histoire oui de sa culture. Je veux parler des griots’’, a-t-il déclaré au cours d’une conférence consacrée à son roman publié en 1961.
‘’Depuis deux ou trois ans, je suis avec d’autres en train d’essayer de faire revivre avec la langue écrite (…) quelques pages importantes de notre histoire’’, à partir des moyens modernes de communication’’, a-t-il dit devant un public constitué pour l’essentiel d’élèves de lycées dakarois. La manifestation a été organisée par le Centre culturel Blaise Senghor.
Cheikh Hamidou Kane a cité le 13e siècle qui a coïncidé avec la fondation de l’empire du Manding par Soundjata Keïta, qui a eu le souci d’appeler à la Renaissance de cet empire couvrant à cette époque toute la sous-région actuelle, de sa culture et de ses valeurs.
‘’Ce sont les griots qui nous ont donné une idée de ce qu’a été cette page’’ de l’histoire africaine et ‘’c’est eux qui ont gardé depuis le 13e siècle jusqu’à maintenant’’ la mémoire de ‘’cette page centrale’’ de l’histoire africaine, a ajouté l’écrivain.
Selon lui, ce que les griots ont transmis de ce passé montre que cette partie du continent vivait pratiquement les mêmes problèmes actuellement vécus et commençait à ‘’donner des réponses’’ sur la place de l’individu au sein de la société, la coexistence entre ethnies, religions, etc.
‘’Ce sont les griots qui nous ont rapporté que sur toutes ces questions essentielles’’ faisant encore partie des interrogations contemporaines, ‘’les sociétés traditionnelles ont commencé à donner une réponse’’, a-t-il insisté. Il a évoqué les relations entre les classes, les relations entre l’homme et la femme, etc.
Il a dit qu’il est nécessaire de faire en sorte que le monde prenne connaissance de cette page de l’histoire africaine, relevant que les équivalences entre patronymes introduites par Soundjata Keïta avait créé, par exemple, une citoyenneté universelle dans cet espace ouest africain à cette époque.
L’écriture ne suffit pas, selon lui. ‘’Il faut utiliser les moyens contemporains d’expression pour apporter ça aujourd’hui à l’humanité’’ et ainsi ‘’rendre hommage au patrimoine immatériel du monde noir’’, a préconisé Cheikh Hamidou Kane.
Après des études de droit et de philosophie sanctionnées en 1959 à Paris par un diplôme de l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer, Cheikh Hamidou Kane a occupé de nombreuses fonctions au sein de la haute fonction publique sénégalaise à partir de 1961, année de publication de ’’L’Aventure ambiguë’’.
Paru aux éditions Julliard, ce roman met en scène les contradictions de la société traditionnelle peule, au contact de la colonisation et de la civilisation occidentale incarnée par l’école française.
Cheikh Hamidou Kane, qui a été ministre et fonctionnaire international, a publié par la suite ‘’Les Gardiens du Temple’’ en 1995, une livre prolongeant en quelque sorte des problématiques déjà traitées dans son premier roman.
BK/AD
