Chers frères et soeurs sud-africains: n’ayez pas la mémoire courte! (Par Amadou Seck).

Date:

C’est avec un grand désarroi que nous avons suivi ces dernières semaines la
vague de violences perpétrées par nos soeurs et frères sud-africains contre les
immigrants d’Afrique Noire, notamment en provenance du Nigéria. Ces actes
barbares et ignobles atteignent dans leur profondeur les idéaux du
Panafricanisme tels que portés en bandoulière par de braves et héroïques fils et
filles de l’Afrique du Sud comme Nelson Mandela, Winnie et Steve Biko. Bien
plus encore, tous les défunts combattants de la liberté de cette partie de l’Afrique
doivent être en train de se retourner dans leurs tombes tant les violences
xénophobes sont complètement en porte-à-faux avec l’essence même de leur
combat pour la fin de l’Apartheid et toute la reconnaissance qu’il n’ont pas
manquée d’exprimer de leurs vivants aux Africains du continent et de la
Diaspora. Le système d’Apartheid qui a longtemps réduit nos frères et soeurs
d’Afrique du Sud dans un état d’injustice et de remise en cause institutionnelle de
leur dignité humaine n’a pas disparu de lui-même. S’il est vrai que ce système de
ségrégation et de domination raciale était voué à l’échec à cause notamment du
fait que le modèle ne permettait pas à la majorité noire de contribuer à
l’économie du pays, il n’en demeure pas moins que la pression exercée par
l’Afrique et la communauté internationale a fini par sonner le glas de ce « crime
contre l’humanité. Oui, chers frères et soeurs sud-africains, l’Afrique Noire a joué
une rôle prépondérant dans le mouvement qui a fini par briser les chaînes de
votre oppression. Des centaines, voire même des milliers d’initiatives pendant de
longues décennies ont eu pour seul leitmotiv de vous exprimer la solidarité et le
soutien de tout un continent. Politiciens, activistes, artistes, académiciens,
élèves, étudiants, marchands ambulants, ONGs, jeunes et vieux, aucunes
franges de la population africaine n’est demeurée en reste dans la lutte contre
l’Apartheid.
A l’instar de la jeunesse sur la scène internationale, les jeunes du Sénégal vous
ont également exprimés leur soutien. En 1988, avec la participation de soixante-
dix jeunes activistes venant de plusieurs régions du Sénégal, j’ai moi-même
organisé, avec Badara Diakhaté, Abdoulaye Diallo et Papa Niokhor Diouf, une
marche anti-apartheid de Kaolack à Dakar. Pendant une dizaine de jours, nous
avons battu le macadam rien pour la libération de Nelson Mandela et des « Six
de Sharpeville. » A des milliers de kilomètres du théâtre de l’injustice en Afrique
du Sud, nous étions tout même convaincus que l’oppression contre tout peuple
noir devenait l’affaire de tous les peuples noirs où qu’ils se trouvent sur la
planète. Chaque jour, nous avons marché, chanté, scandé des slogans et
évoqués la bravoure des jeunes de Soweto. Nous avons dansé au son du
regretté Johnny Clegg et autres musiciens Zoulou et Xhosa. Chaque jour,
pendant plus d’une semaine, arborant des t-shirts à l’effigie de notre héros,
Nelson Mandela, nous avons tenu des points de presses, des missions de
sensibilisations pour alerter l’opinion nationale et internationale sur la pertinence
de notre lutte et la valeur de l’expression de notre solidarité au peuple sud-
africain.

Aucun de nous n’avait auparavant foulé le sol sud-africain, et pourtant, nous
nous sommes sentis en symbiose avec le peuple sud-africain contre l’ignominie
du système d’Apartheid.
C’est donc désolant et décevant de voir les sud-africains aujourd’hui jeter leur
dévolu sur des immigrants africains qui ne cherchent qu’à vivre décemment à la
sueur de leurs fronts.
En attendant l’avènement des Etats-Africains Unis, chers frères et soeurs
d’Afrique du Sud, ouvrez vos coeurs et souvenez-vous des années de galère
pendant lesquelles vos frères et soeurs d’Afrique vous ont vaillamment soutenus
et défendus. Que la paix soit avec vous !

Amadou Seck
[email protected]

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