La mutinerie de la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Rebeuss avait été annoncée bien à l’avance. Deux semaines avant le soulèvement qui a coûté la vie à un détenu, pas un seul jour n’est passé sans que les organes de presse titre sur sa survenance à brève échéance. Il y eut même cinq jours de grève de la faim préalable.
La mutinerie proprement dite a finalement lieu le 20 septembre 2016, plus de six cents prisonniers profitant de l’heure de visite du matin pour forcer la porte principale de la prison. Les gardes pénitentiaires ont riposté avec des gaz lacrymogènes et des coups de feu sont aussi entendus. Cette haute tension accouchera d’un mort par balle et d’un nombre indéterminé d’évadés.
Deux raisons principales sont avancées par les détenus : les longues détentions préventives et les conditions de vie exécrables dans une prison surpeuplée datant de 1929.
Tous ceux qui ont été pensionnaires de la MAC de Rebeuss sont unanimes : même un animal devant être immolé ne doit pas être gardé dans ces conditions. Pourquoi le faisons-nous pour les humains ? Parce que le système pénitentiaire sénégalais est uniquement orienté vers la punition et la répression, survivance de la colonisation française. Rien n’est fait pour rendre le détenu meilleur. Bien au contraire.
Le ministre de la Justice parle d’une nouvelle prison à construire à Sébikotane. Grossière erreur car rien ne changera. La révolution aurait été d’aménager des fermes pénitentiaires dans quelques terres fertiles, faisant des détenus de meilleurs citoyens producteurs, toujours libérés avec un métier appris et plus responsables civilement.
Autre preuve que rien ne changera ? Il y a eu mutinerie annoncée, mort d’homme et évasions mais aucune démission ni sanction concernant les autorités incompétentes, incapables de prévenir cette catastrophe.
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