Cul-de-sac par Mame Less Camara

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La candidature de l’unité de la coalition Benno Siggil Senegaal a fini dans l’impasse. Les deux protagonistes Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, leaders respectifs du Parti socialiste et de l’Alliance des forces de progrès, vont se présenter devant les électeurs, convaincus chacun d’agir en toute légitimité. La candidature plurielle a fini ainsi par s’imposer, mais à l’usure et par défaut, loin du schéma consensuel qui est le mode de fonctionnement et de prise de décision de Bss. Cette fois-ci, les partis membres de la coalition se sont transformés en collège électoral pour voter majoritairement en faveur de Moustapha Niasse.
L’ampleur du verdict, dix-neuf voix sur une trentaine, indique que la majorité qui s’est exprimée en faveur de Niasse et contre Dieng est certainement la même qui a décidé de changer les règles du jeu. Les socialistes ont tenté, en vain, de substituer aux partis membres de Bss les élus locaux de la coalition pour constituer le collège électoral qui choisirait le candidat. Il est vrai qu’à ce jeu le Ps, qui a déjà compté ses élus, sortirait largement vainqueur.

Les bases de légitimation étaient donc différentes, selon les candidats. Le leader de l’Afp avait les faveurs de la majorité des partis membres de Bss et celui du Ps disposait du plus grand nombre de représentants dans les collectivités locales. En se comportant comme de grands électeurs, les formations regroupées au sein de la coalition soulèvent la question de leur représentativité respective. Chacun d’elles devrait disposer d’un pouvoir de vote équivalent à sa représentativité. Dans le cas d’espèce, les membres du collège électoral devraient représenter des électeurs au prorata desquels ils voteraient. Mais l’égalitarisme en vigueur à Bss donne la même valeur au vote de tous les chefs ou représentants de parti, alors que, de ce point de vue, la majorité des formations membres ne tiennent pas la comparaison devant les deux ou trois piliers de Bss.
La situation confuse permet à chacun des deux candidats de rejeter la procédure qui ne lui convient pas et de justifier sa participation à l’élection présidentielle. Moustapha Niasse s’accommode de son mode de désignation. En désespoir de cause, les socialistes avaient même plaidé le bénéfice de la défaite pour obtenir l’investiture de Benno. Ils expliquaient, en effet, que ce sont eux qui ont perdu le pouvoir face à Abdoulaye Wade actuellement à la tête de l’Etat. Donc l’opposition, c’une certaine manière, c’est eux. Mais cela date de 2000 et, depuis 2007, c’est presque tous les membres de Benno qui peuvent revendiquer «le bénéfice» de la défaite puisque leurs principaux leaders étaient candidats face à Wade.
La question qui va se poser est de savoir comment Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse vont se comporter durant la campagne et s’ils auront l’autorité nécessaire sur leurs militants pour ne pas reproduire sur le terrain l’adversité qui s’amplifie entre Idrissa Seck et Macky Sall. Si ce scénario s’accomplissait, ce serait la fin de Benno Siggil Senegaal qui se disqualifierait pour l’organisation des reports de voix pour le second tour.
Les législatives sont une autre échéance qui se profile à l’horizon et qui pourrait être une nouvelle opportunité de retrouvailles. Mais pour cela, les partis de Bss devront se parler un langage de vérité et aborder les questions éludées. Ainsi l’attitude à l’égard du Parti socialiste doit être abordée et réglée. Le Ps est-il un allié sûr ou lui tient-on encore rigueur d’avoir exercé le pouvoir pendant plus de quarante ans, en combattant la plupart des partis devenus ses alliés dans Benno Siggil Senegaal ? Admet-on les socialistes pour renforcer le bloc contre le régime libéral, tout en endiguant un possible retour aux affaires du parti de Ousmane Tanor Dieng ?
Le vote de la majorité des partis de Bss contre la candidature du Secrétaire général du Ps s’explique, partiellement au moins, par de telles considérations qui structurent les comportements sans jamais s’exprimer dans les discours. Elles referont surface aux élections législatives lorsqu’il s’agira de confectionner les listes communes. Autant régler la question maintenant que l’on ne peut pas la contourner. Sinon ce sera une autre impasse.
Mame Less CAMARA

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