Des mendiants se replient à la Grande mosquée

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Une sébile bien accrochée à l’aisselle gauche, un talibé compte quelques pièces de monnaie sur la paume de sa main, sous un arbre dans la cour de la grande mosquée de Dakar. Le jeune Aliou Baldé, dans un accoutrement sale, n’est pas le seul mendiant qui a investi ce lieu de culte. A la Grande mosquée de Dakar, l’ambiance est frappante en ce qui concerne la présence massive de mendiants. Aussi bien aux  abords qu’à l’intérieur de la Grande mosquée, les mendiants sont présents. Prière du vendredi oblige ou bien c’est l’interdiction de la mendicité déclenchée par le gouvernement qui est passée par là. En tout cas, ils sont visibles partout et sont reconnaissables qui par leur fauteuil roulant, qui par leurs béquilles. D’autres par contre, à l’image de certaines femmes, utilisent leur progéniture pour demander l’aumône.
A l’entrée de ce lieu de culte, une dame de forte corpulence,  emmitouflée dans un grand boubou traditionnel, est confortablement assise sur un fauteuil roulant. Pour mendier, la main droite est toujours tendue à l’endroit du passant. Nogaye Diouf, cette handicapée qui d’habitude avait élu domicile à la devanture de La Poste de Médina pour quémander, est obligée de le faire au niveau de la Grande mosquée de Dakar depuis l’interdiction faite aux mendiants d’occuper les espaces publics. «On est obligés de se plier à cette mesure. Malgré qu’elle ne fait pas notre affaire. Nous sommes pauvres. On a que la mendicité pour pouvoir satisfaire nos besoins primaires», affirme-t-elle. Elle ajoute aussi que le vendredi n’est pas comme les autres jours. «Si on est là (à la Grande mosquée), les affaires vont chuter, parce qu’on est obligés d’être confinés ici.»
A l’intérieur de la Grande mosquée, les chemins menant à l’endroit où s’effectue la prière sont jalonnés de mendiants. Mais ici, ce sont les personnes du troisième âge qui sont plus visibles. Un sachet en tissu contenant de l’argent bien tenu dans sa main, Souleyemane Diao, visage ridé certainement par la fatigue, agite son sac de fortune pour quémander de l’argent. Ce vieux, qui plafonne les 73 ans, est un habitué des lieux. «Je squatte ces parages. Je fais des allers-retours entre la Grande mosquée et la Rts afin de croiser les potentiels donneurs d’offrandes. Pratiquement en permanence, je suis ici. Je viens de Guédiawaye, ma recette quotidienne varie entre  1 500 et 2 000 francs Cfa en temps normal. Mais le vendredi, elle peut doubler», confie-t-il. Il ajoute qu’il est obligé de le faire pour survivre, parce qu’il vit seul. Concernant la mesure du gouvernement, il semble se résigner : «Comme ils veulent se substituer à Dieu, l’avenir est devant nous. Ils vont comprendre que Seul Dieu est Omnipotent.»
A quelques mètres de là, une dame accompagnée de deux fillettes, peut-être des jumelles, qui s’accrochent à son grand boubou débordant. Cette dame, qui a préféré gardé l’anonymat, souligne qu’elle mendie malgré elle parce que son mari qui était un maçon est décédé et ne lui a laissé que des filles qui sont encore mineures. «Je suis obligée de le faire. C’est le seul métier que je peux faire maintenant afin de pouvoir subvenir à mes besoins ainsi qu’à celles de mes filles qui sont maintenant orphelines de leur papa. Vraiment on est très fatigués avec cette interdiction. Abdoulaye Wade et son gouvernement n’ont rien fait pour les mendiants. S’ils décident de nous punir en nous empêchant de mendier, ils doivent proposer quelque chose qui va nous motiver à cesser la mendicité.»
lequotidien.sn

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