Le 17 septembre 2014, la presse titrait :
« Réfection du stade Demba Diop, le Ministre des sports Matar BA satisfait du timing des travaux ».
En effet lors de sa visite du chantier, ce dernier déclarait fièrement :
« Après cette visite, nous avons constaté que les travaux avancent. Le gazon est déjà mis, dans un délai record. On est aujourd’hui à 17 jours des travaux, alors que, dans le cahier des charges, nous avons quatre mois. Ce qui nous permettra largement de terminer les chantiers », a-t-il dit, lors d’une visite sur les chantiers dudit stade.
Réaliser en 17 jours ce qui est prévu en 4 mois dans un cahier de charges devrait susciter une vive inquiétude pour tout esprit critique averti, devant un tel record de rapidité inédit dans l’histoire des travaux publics.
Au lieu de cela, notre très « politiquement coloré » Ministre des sports s’auto-glorifie et plus grave encore, il a néanmoins demandé aux techniciens d’accélérer les travaux, afin de finir avant la date butoir car, selon lui, hormis »le gazon et la grille de protection », l’Etat envisage de réfectionner d’autres composantes du stade
»Il y a des travaux supplémentaires à faire. Après la pose du gazon et la grille de protection, nous envisageons de continuer le travail pour remettre dans les normes les vestiaires, les gradins et la peinture, en un mot l’ensemble des composantes de ce stade », a-t-il indiqué.
Pour sa part, Mbaye Faye, directeur général de la CSTP (Compagnie Sénégalaise de Travaux Publics), l’entreprise en charge des travaux, a confirmé qu »’il reste la grille de protection, un nouveau mur », tout en confiant que »l’Etat est en train de tout faire pour un
avenant, afin de réhabiliter tout le stade ».
Pour rappel voilà les conditions dans lesquelles les travaux de réfection de ce stade ont été menés :
– un Ministre obnubilé et obsédé par les éventuelles retombées politiques qu’il veut tirer des travaux de réfection du stade : peu lui importe la qualité et la sécurité de l’infrastructure; la seule chose qui le préoccupe c’est d’inaugurer rapidement en grandes pompes et mettre cela à son actif et gagner des galons auprès du « Roi ».
– une entreprise dont on peut raisonnablement douter du professionnalisme, du sérieux et de l’éthique.
Bien évidemment cela n’explique pas en exclusivité le drame inadmissible qui vient de se passer avec son lot de morts qui vont certainement passer par pertes et profits; mais avec une telle négligeable coupable ajoutée à l’indiscipline et la violence qui est devenue structurelle dans la société on obtient un cocktail explosif qui ne pouvait que produire ce type de conséquences.
Je termine par la violence dans la société sénégalaise :
– la violence elle est d’abord verbale; lorsqu’une personne âgée, reporter et chroniqueur de lutte à la TFM comme Mr Thierno Ndiaye alias « Pa Thier » en compagnie du saltimbanque Lamine Samba, débite en permanence des propos très négativement chargés de violence dans une jouissance inouïe du genre : « Mbeur tel Ziar nako, Feugue nako, minguikoy feugue etc… » cela traduit une apologie de la violence.
– les éléments de langage en vogue tels « Dore marteau ? » traduisent aussi une violence latente.
– l’hymne de guerre qu’on chante pour le chef de l’état chef de Parti, le fameux « wathiathiaa » est également à mettre dans ce registre.
– il en est de même des confrontations organisées par presse interposée entre des prêcheurs et prédicateurs, sur les plateaux de télévision pour se délecter des uppercuts qui sont mutuellement échangés etc…
Hélas ceux qui sont morts et leurs familles sont les seuls perdants dans cette histoire.
On va s’indigner, présenter des condoléances, formuler des prières pour le repos de leurs âmes, montrer de la compassion, exprimer de vives critiques, se pointer mutuellement un doigt accusateur, et le comble accuser le destin « yalla moko beuguer nonou » au lieu d’une introspection sérieuse et une sanction sévère des vrais responsables à visée dissuasive.
Un parfum de remake du drame du Djoola plane dans l’atmosphère. Après la phase transitoire de l’émotion, les mauvaises habitudes reprendront leurs quartiers comme si rien ne s’était passé, dans une amnésie et une indifférence généralisée.
Les élections à venir vont effacer ce drame comme un détergeant !
Malako wakh !
#Kebetu de Mamadou Mansour Diouf