Danseuse réputée, Oumou Sow se fraye de plus en plus une voie dans la musique. En atteste la sortie de ’’Debbo poulho’’, son troisième single après la sortie de l’album ’’Taal moto’’. Le single annonce la couleur de son deuxième opus en gestation. Dans cet entretien avec EnQuête, Oumou Sow s’explique, entre autres, sur le single et sa carrière de chanteuse qui semble prendre le dessus sur celle de danseuse.
Vous venez de sortir un nouveau single. Pourquoi le titre ’’Debbo poulho’’ ?
C’est juste une façon pour moi de rappeler mes racines haal pulaar, originaire de Kanel, descendante de Koly Tenguela et de Samba Guéladjegui. J’avais aussi envie de m’inspirer de la culture haal pulaar pour faire plaisir à mes parents et proches.
Avec quels musiciens avez-vous travaillé sur ce single ?
Je l’ai enregistré dans de bonnes conditions au studio de Papis Konaté avec de grands musiciens comme Pape Dembel Diop, Aliou Seck, Samba Ndox, Assane Ndoye et Jules Diop.
Vous chantez de plus en plus. De combien d’albums disposez-vous sur le marché du disque ?
Au stade actuel, je n’ai qu’un album qui s’appelle ’’Taal moto’’. C’est un maxi de huit titres. Maintenant, ’’Fly to fly’’ et ’’Atterrissage’’ sont des singles qui ont suivis. Mon ambition, c’est de les réunir dans un même album avec ’’Debbo Poulho’’.
Envisagez-vous de prester régulièrement en live afin de convaincre le public ?
Bien sûr. C’est pour cette raison que j’ai intégré des instruments traditionnels tels que le xalam et le tama pour mon dernier single. Je prépare en ce moment plusieurs émissions télévisées pour le live. Et Papis Konaté s’occupe de trouver les musiciens qui m’accompagneront pour les prestations en live.
Allez-vous continuer à danser pour d’autres artistes ?
Non. Je ne danserai plus pour personne à part mes propres prestations et pour certaines grandes personnes du milieu comme Thione Seck qui est un père. Il arrive parfois que ces grands noms de la musique sénégalaise vous invitent dans un spectacle ou le tournage d’une vidéo et vous ne pouvez pas refuser de donner le meilleur.
Qu’adviendra-t-il de votre groupe de danse, Les Amazones ?
Le groupe va continuer d’exister. Chaque fois que je serai pressentie pour un spectacle ou une prestation, les danseuses seront présentes pour remplir le contrat. Il est évident que je viendrai pour les assister et faire un play-back s’il le faut.
Vous n’abandonnez donc pas totalement la danse ?
Non mais avec du recul. Pour la vidéo du single ’’Debbo poulho’’, on le sent, je danse moins maintenant. Il y a des occasions exceptionnelles pour lesquelles je ne saurais refuser de danser. J’ai toujours été une bête de scène en dansant parce que j’aime mon métier. Maintenant, je suis plutôt concentrée sur le stylisme, le cosmétique et tout ce qui concerne la beauté des femmes. Je vais aux États- Unis, en Suisse pour trouver les produits qu’il faut. J’ai mon atelier de couture. En résumé, Oumou Sow est une commerçante.
Vous avez fait du chemin ?
Depuis 2000, Viviane Chidid m’a fait découvrir le monde. On est allé un partout. C’est grâce à elle que j’ai quatre passeports remplis de visas. Je suis devenue célèbre grâce à des artistes comme elle, Salam Diallo, Papa Ndiaye Guewel et Tonton Aziz Samb qui m’a donné l’occasion de connaître la chorégraphie et les mouvements d’ensemble dans la danse. C’était à l’époque où je dansais avec ’’Les inconnus’’ de Fass pour ’’Oscars des vacances’’. J’ai été élue meilleure actrice et Aziz Samb m’avait décorée. Dans le milieu de la musique aujourd’hui, nous sommes plusieurs produits du concours Oscars des vacances. Je ne suis âgée que de trente-deux ans. Je ne suis pas encore vieille mais c’est pour donner à la jeune génération de danseuses le temps de s’exprimer que je me suis retirée un peu.
Il se dit qu’entre danseuses les relations ne sont pas au beau fixe…
Nous entretenons des rapports amicaux et sains. Nous nous voyons fréquemment et tout se passe bien entre nous. C’est vrai qu’en un moment donné, il y a eu une zone d’ombre qui a rendu les choses difficiles. Mais chacun a reconnu ses erreurs et tout est rentré dans l’ordre. Nous sommes des soeurs.
Quel genre d’erreurs ?
Le public, les fans et même certains animateurs peuvent installer la confusion entre nous. Il arrive souvent qu’un animateur vous invite tout en cachant avoir invité d’autres danseuses. Du coup, tout le monde se retrouve sur le même plateau et c’est la confusion totale.
Par exemple ?
Non, c’est du passé, on tourne la page. Aujourd’hui, nous avons fait la paix des braves. Et DJ Prince vient de réunir une palette de danseuses pour une émission à la RTS (elle a été diffusée samedi, Ndlr). Il y avait Ndèye Guèye, Aïda Dada, Mbathio Ndiaye, Ndèye Gagnesiré, et moi-même. Nous avons échangé dans l’émission et aplani les angles pour une meilleure cohésion. On s’est donné la main car l’union fait la force. Personnellement, en étant la première à avoir mis sur pied un groupe de danseuses, je suis heureuse que d’autres aient créé leur propre groupe. Nous nous battons toutes pour faire avancer le métier. Ce que nous avons fait à la RTS est une preuve palpable que tout baigne entre nous. A l’occasion du mariage de ma soeur cadette, toutes les danseuses m’ont honorée de leur présence et gratifiée d’un spectacle génial. Nous sommes de grandes dames qui n’avons plus de temps pour des futilités du passé.
Pourquoi les danseuses ont la particularité d’être célibataires ?
C’est normal tant que le Bon Dieu n’a pas décidé que l’on se marie. Personnellement, j’ai déjà été mariée. Aucune femme ne veut se marier pour divorcer. Ça aussi, c’est la volonté de Dieu. Je souhaite avoir un ménage meilleur que le premier, mais ce n’est pas une raison pour demander à mon copain de m’épouser. Je suis avec lui et je suis fidèle. Pour l’instant, je m’occupe de mon commerce. Et c’est moi qui crée tous les modèles que je porte, idem pour ’’Les amazones’’ de Dakar. Il faut dire d’ailleurs que ’’Les Amazones’’, c’est devenu une entreprise dans laquelle les garçons font de la couture et les filles s’occupent de perlage. C’est une initiative que j’ai prise pour permettre à mes danseuses et danseurs d’avoir un métier de subsistance à part la danse. Tout le monde sait très bien que l’art ne fait plus vivre comme avant. Il faut donc que les enfants l’associent à un métier pour pouvoir joindre les deux bouts dans l’avenir. Il y a aussi le fait que des artistes malades n’arrivent pas à trouver les moyens qu’il faut pour se soigner. Je suis indignée chaque fois qu’il faut organiser une collecte pour voler au secours d’un artiste pour lui acheter des médicaments. Les autorités doivent trouver une solution pour remédier à cette situation malheureuse des artistes.