Entretien avec Ousmane T. Dieng: « sans l’unité, nous courrons de réels risques »

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L’unité des leaders de Benno est une question vitale pour l’opposition, si elle veut remporter la présidentielle de 2012. Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général du Parti socialiste (Ps), prend trop au sérieux l’appel de l’opinion à l’unité de Benno. Pour le patron socialiste, sans unité les leaders de Benno courent de réels risques. Il a fait cette déclaration à Ziguinchor, en marge de la manifestation de Benno , tenue à la place de Gao, le 14 mai.
Dans cet entretien, Ousmane Tanor Dieng a aussi abordé la question des inscriptions sur les listes électorales, des médias d’Etat et de l’instabilité institutionnelle.

Les populations nous demandent de faire l’unité et nous sommes profondément conscients de la situation. Nous savons qu’au niveau de l’opinion, de l’imaginaire des Sénégalais il faut qu’on aille ensemble pour gagner la présidentielle de 2012. Les populations nous disent : mettez-vous ensemble, mettez qui vous voulez et nous voterons pour vous. C’est ce message que ces populations nous adressent et nous ne pouvons être sourds à cela. Nous allons y travailler et je suis convaincu que nous allons y arriver. De toutes les façons, nous n’avons pas le choix. L’opinion nous suit. Si nous ne faisons pas l’unité, nous courrons des risques. Sans unité, nous courrons de réels risques. Aujourd’hui, les Sénégalais sont à la croisées des chemins, c’est pourquoi il faut se surpasser, oublier les calculs personnels pour sauver le pays ; sortir le pays des griffes de cette alternance dévoyée. On doit pouvoir, en 2012, changer de chef d’Etat, de régime.

Inscription sur les listes électorales

Le récépissé est une fausse solution à un vrai problème. Dans le monde rural, notamment dans les régions de Kolda et de Louga, l’obtention du récépissé est un vrai parcours du combattant. Pour déposer les dossiers pour avoir la carte d’identité, il faut pratiquement faire une cinquantaine, voire une centaine de kilomètres, payer 5000 f Cfa ou plus de transport. Et si vous arrivez, il se pourrait que le lieu soit tellement engorgé que vous êtes dans l’incapacité de déposer vos dossiers. Donc, le fait de dire que le récépissé suffit pour s’inscrire sur les listes électorales, n’est pas une solution au problème qui demeure entier. Faudrait-il d’abord déposer les dossiers avant d’avoir ce récépissé. Or, les concernés n’ont pas de récépissé, parce que, dans la plupart des régions, le lieu de la délivrance de la pièce d’identité est unique. Alors qu’il fallait éclater ces centres pour être plus proches des populations, comme on avait l’habitude de le faire lors des élections locales. Le lieu d’inscription et du dépôt du dossier était le siège de la communauté rurale. Nous demandons au gouvernement de Me Wade d’observer la même proximité. Car avec la solution du récépissé, le problème reste entier, compte tenu des difficultés liées au dépôt des dossiers.
Redoubler de vigilance

On doit être vigilants, je crains qu’on revienne à la situation des fameuses ordonnances de l’époque dont Me Ousmane Ngom était lui-même le principal acteur. A l’époque tu le monde le savait. L’on se rappelle de sa fameuse 4×4 double cabine, remplie d’ordonnances. C’est historiquement daté. Mettre quelqu’un comme cela au ministère de l’intérieur pour assurer la transparence, c’est confier les brebis aux loups.
On risque de se retrouver avec des gens qui ont des récépissés d’inscription fictifs. Avec eux, il faut s’attendre à tout. De toutes les façons, c’est illégale, un décret ne peut pas changer une loi, il fallait donc passer par l’Assemblée nationale. Il ne faut surtout pas qu’on se laisse divertir par ce que Me Wade est en train de faire, parce que ce n’est pas une faveur. Vous verrez, ça ne changera pas grand-chose.

Couverture médiatique de l’opposition par la Rts

Nous sommes quasiment interdits de médias publics. La Rts dit avoir couvert notre meeting à Louga, mais elle l’a diffusé quinze jours après la manifestation, en le contrebalançant par une autre activité. Ce qu’on leur demande, c’est un traitement égal, car il s’agit de deniers publics. Le traitement qu’ils font est discriminatoire et inégal et cela n’est pas normal. La moindre activité de la plus petite structure du Parti démocratique sénégalais (Pds) est retransmise quasiment en intégralité. Et toutes les activités du président de la République, de sa famille, de son clan, de son parti sont retransmises intégralement. Cela n’est pas normal. La situation s’est aggravée depuis l’avènement de l’alternance. Me Wade a pris celui qui jouait le mauvais rôle pour nous l’imposer. Selon les informations que nous avons, Babacar Diagne devait faire valoir ses droits à la retraite. Il a été retenu, probablement, c’est pour conduire les choses jusqu’en 2012. Et cela est inacceptable. Le Synpics est en train de protester, de contester, de dénoncer cette mesure. Nous saluons cette attitude du Synpics qui demande que le Dg de la Rts aille à la retraite. Cela est aussi valable pour le Directeur de la Poste. M. Thior est en mission pour renforcer le parti du Président dans la zone où il habite. Ces gens ont atteint l’âge de la retraite, on doit les faire partir. Il y a des Sénégalais au niveau de la Rts et de la Poste qui peuvent bel et bien occuper ces postes.
Instabilité institutionnelle

La montagne a accouché d’une souri. Parce qu’on nous avait promis une réduction drastique du gouvernement. Et certains avaient même dit que le gouvernement allait être composé de la moitié de ses membres. A la place on trouve un jeu de chaises musicales. On prend les mêmes et on recommence. Tout bouge pour que ça ne bouge. Ce n’est pas très sérieux. Le Sénégal est tellement confronté à des problèmes importants et tellement graves que, vouloir retenir l’attention des Sénégalais en faisant des remaniements intempestifs, ce n’est pas sérieux. Wade aujourd’hui ne s’occupe pas des problèmes des Sénégalais. Ce qu’il veut, c’est de faire de sorte qu’il puisse mettre une équipe de campagne. Lui, a un objectif : c’est de s’accrocher et se maintenir au pouvoir. Me Wade pense qu’avec ce qu’il est en train de faire, il va y arriver. Mais, il se trompe lourdement, les Sénégalais ont la tête à autre chose. Ils ont des préoccupations qui concernent leur quotidien : les délestages qui continuent de plus belle, la cherté de la vie, le coût du transport, la santé, l’éducation etc. C’est à ces questions là qu’il faut trouver des réponses plutôt qu’à s’amuser à changer de gouvernement.
sudonline.sn

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