FILIGRANE – Un pays en mal de patriotes !

Le Sénégal est un sacré pays ! Une Nation qui aspire au développement socio-économique depuis son accession à l’indépendance, il y a 53 ans, mais qui n’y arrive toujours pas, malgré les pluies de milliards qui tombent entre les mains des régimes en place. Certains sont tentés de croire que c’est une malédiction divine, d’autres moins fatalistes sont convaincus d’une mauvaise gestion des biens publics et d’une négligence écœurante de l’intérêt national. Ce qui se passe avec la pénurie d’eau, depuis plus de quinze jours, dans la capitale, renseigne à suffisance, que dans ce pays, le patriotisme est un vain mot.
Ce qui intéresse ceux qui prennent les décisions pour les populations, c’est d’abord leur propre intérêt et celui de leurs familles. Comment dans un pays normal, on peut construire un ouvrage bas de gamme, censé servir des millions de personnes, à partir de sa production ? Si la Sénégalaise des eaux (Sde) laisse entendre que l’ouvrage installé par la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) est de la pacotille, cela pose problème. Ce qui est sûr, c’est que, ce sont des centaines de millions de francs Cfa, qui ont été mobilisées, pour la construction de cette conduite. Mais jusqu’à ce que l’audit annoncé livre ses résultats, il est certain que l’intégralité de l’argent n’a pas été investi dans les travaux. Il y a toujours une partie de privilégiés, à la boulimie démesurée et dépourvus de tout patriotisme, qui s’arrange à se sucrer avec l’argent public. Cette affaire de conduite pue à mille lieux un gros scandale et ceux qui sont responsables de la soif des Sénégalais se prélassent sans doute, dans le confort de leurs bureaux, tout en jurant que rien ne leur arrivera. Et le mal, c’est qu’ils ont parfaitement raison ! Ainsi va le pays….
Ce sursaut d’orgueil et l’amour de la patrie que nous Sénégalais, n’avons pas, ont porté des pays asiatiques au pinacle du développement, alors qu’en 1960, on était au même niveau de précarité. C’est justement que dans ces pays, qui nous aident aujourd’hui, le patriotisme a un sens. Servir les autres avant soi, a également un sens. Travailler pour l’épanouissement et la sécurité des autres est un sacerdoce….
En plus de l’eau, il y a aussi l’électricité qui fait défaut. Tout le monde se rappelle du fuel frelaté, que des autorités achetaient avec l’argent public, tout en sachant qu’il n’allait servir à rien. Les coupures d’électricité s’étaient intensifiées à l’époque et certains à qui la charge revenait d’éclairer nos maisons et de faire fonctionner nos entreprises, se sont partagés, sans aucune once de patriotisme l’argent récolté dans ce vaste scandale, qui est aujourd’hui rangé dans les Calendes grecques.
Aussi, les Sénégalais ont-ils assisté au feuilleton Bara Tall / Etat du Sénégal, à propos du tronçon Fatick – Kaolack. Certains se sont émus de l’acharnement dont l’entrepreneur avait fait l’objet. Juste ou injuste ? Il est constant que des milliards de francs Cfa ont été mobilisés pour ces travaux ! Aujourd’hui, c’est une honte de passer par cette route et de constater que des coupables, sans patriotisme aucun, continuent de vaquer tranquillement à leurs occupations.
Les forfaits commis contre les populations, pour le confort d’une portion congrue d’individus, sont loin d’être exhaustifs. Mais cette piqûre de rappel illustre à bien des égards la nature sénégalaise : le confort personnel et familial d’abord, avant celui des gens pour qui l’on est pourtant censé travailler. C’est triste !
Aly Fall
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