Ballotté entre les obligations sociales et le chemin de la connaissance, l’étudiant est au carrefour des incertitudes. La seule certitude qu’il possède, c’est d’être dans le doute, dans le commencement d’une voie mouvementée.
Ainsi, il n’est rien d’autre que son propre espoir, il ne tire sa valeur et sa personnalité que dans la réalisation de son espoir. Comment réussir à l’université sans perdre trop de temps ? Si telle est la bonne question que se pose chaque étudiant, la réponse de celle-ci est à chercher dans les profondeurs de la frustration, derrière la galerie des difficultés.
L’université étale toujours ses exigences et rejette ceux qui ne s’y conforment pas. Les magnifiques rêves longtemps nourris par la fantaisie se rétrécissent et la froide réalité du terrain finit toujours par pointer son bout de nez. De nos premiers pas à nos derniers repas, nous sommes amenés à nous former et à nous forger sans relâche afin de percer l’apparence bariolée des circonstances. Si l’étudiant se charge de montrer l’intégralité de sa volonté de réussir, il ne doit pas seulement l’énoncer, mais il doit aussi et surtout interroger les moyens lui permettant d’y arriver. Tous les étudiants qui réussissent comprennent que le succès se trouve de l’autre côté de la misère.
Malheureusement, certains n’arrivent pas à passer de l’autre côté. Et ceux qui n’atteignent pas leurs objectifs sont généralement arrêtés par la frustration. Ils la laissent les empêcher d’agir comme il conviendrait pour réaliser leurs rêves. L’étudiant ne cesse de transcender son effroi pour faire briller son espoir. J’avoue qu’il est besoin d’un long exercice, et d’une méditation souvent réitérée pour s’accoutumer à affronter la réalité estudiantine en face. Il faut être courageux pour être étudiant, mais il faut de la patience pour aller jusqu’au bout de ses rêves car comme disait Hegel, «l’impatience prétend à l’impossible c’est-à-dire l’obtention du but sans les moyens. D’un côté il faut supporter la longueur du chemin car chaque moment est important».
La connaissance est une affaire de patience car le rythme de la pensée doit épouser celui de la vie. Si la réussite est la proie ciblée par tous, il faut refuser de rentrer bredouille, il faut changer autant de fois que possible son angle de tir mais l’objectif doit être atteint. André Gide le disait à sa façon : «Il faut suivre sa pente, mais en montant.» Sur les épaules de l’étudiant, dorme tranquillement l’espoir de sa famille, de sa localité mais également de son pays.
Ainsi, la valeur de l’étudiant se mesure à l’aune de ses ambitions. Il doit déraciner de son esprit toutes les futilités qui s’y étaient pu glisser auparavant pour se concentrer à l’acquisition du savoir. La technique de la chasse nous exige à reconnaître le gibier, à traquer, à poser des pièges, et à tirer. Mais elle ne garantit jamais que la chasse sera bonne. Celle de la boxe enseigne à donner des coups, à les esquiver, à les encaisser. Elle prépare la confrontation mais ne peut promettre toujours la victoire. Il en va de même pour l’art d’étudier. Il aide à vaincre l’ignorance mais ne saurait en garantir la sagesse. Néanmoins, il faut parfois remercier les difficultés de nous avoir rendus si endurants et capables d’une belle endurance.