Goncourt : Le prix à débattre (Par Madou Kane)

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Il est loin le temps ou l’art était encadré et portait la signature de la communauté. Il assumait ses fonctions sociales et religieuses pour forger une identité culturelle, fondement de la cohésion du groupe. L’art est miroir de la société et expression de son génie avec sa kyrielle de codes et clés dans une diversité de formes et de sens. Au delà du contenu rationnel moins déterminant, l’expression artistique est essentiellement du domaine sensoriel. Elle évoque l’esthétique, les émotions et l’harmonie qui émanent des mesures, formes et styles.

L’artiste anonyme était astreint aux rituels issus d’une chaîne de transmission entretenue par un lignage. Il en est tout autrement avec les expressions artistiques contemporaines qui se caractérisent par la singularité des courants et par l’originalité de plus en plus individualisée des œuvres d’art en dépit du substrat identitaire particulariste. La création artistique devient performance, ou un exercice frivole parfois passeur de sens. Elle est néanmoins dangereuse pour un individu qui manipule un pouvoir humain quasi divin.

De la création de l’artiste à la perception du public, il y a une dimension qui relève de l’ésotérisme.

Le destin de l’artiste est cornélien. Entre contempteurs et thuriféraires la réputation de l’artiste tient sur un fil. Parfois, il est voué aux gémonies, tant il a tendance à transgresser, à choquer, à user d’une originalité qui transcende les normes. Il a le toupet de brandir une liberté qui le détache du conformisme ambiant au risque de le confiner sur la marge.

Autrement, il est adulé, devenant l’idole de fanatiques qui absorbent systématiquement sa production avec ou sans discernement. Il est sur un piédestal et atteint le nirvana qui le coupe des réalités. Il s’engouffre alors dans des refuges qui ne sont que des abris précaires dans les mirages de l’illusion.

L’artiste n’est pas un modèle mais a le génie d’entrevoir les tendances qui fondent l’avenir. Il heurte les consciences dans sa trajectoire qui sort des cadres conventionnels.

Adulé puis cloué au pilori, houspillé avant la consécration, son sort est incertain. Nombre de nos illustres icônes ont vécu les abysses de l’oubli ou les paradis éphémères de la notoriété. Ils y laissent des plumes pour avoir trempé les leurs dans la mer d’encre qui immerge les mystères de la création.

La littérature par excellence est un exercice artistique. Elle produit du sens dans un contexte de solitude où la conscience de l’auteur est la seule limite qui vaille. Une conscience pour réguler une inspiration qui émane d’un néant générateur de vie et d’esprit, de l’observation de la nature, de déduction de séquences existentielles, d’ imaginaires de toutes sortes.

L’écrivain est un être singulier qui construit son univers et exprime ses sensations. Il trouve son harmonie et étale ses maux dans la fiction qui n’est qu’une réalité en dentelle. Il écrit d’abord pour soi et se révèle quand il décide de publier son œuvre. Le moi est toujours distillé dans la fiction tout autant que le substrat culturel étriqué ou large qui couve son existence et ses expériences.

Il y a une mystique de la création dans la mesure où l’artiste manipule un pouvoir quasi divin qui lui procure la puissance d’un être supérieur. Il frôle en permanence le danger de succomber à la passion qui le stimule en même temps qu’elle consume son âme. Il valse entre muse et démon, entre extase et mélancolie. Il déverse ses sentiments qui transpirent frénétiquement de ses entrailles et coulent du tréfonds de son être. L’acte d’écriture est un don de soi qui plonge l’auteur dans un état second et fécond au relent cathartique ou traumatique. L’œuvre qui en est issue est un accouchement, une délivrance qui associe la plaisir le plus exquis à la douleur la plus déchirante.

Ainsi la contrepartie la plus significative est la reconnaissance de l’oeuvre par les pairs ou par la communauté, même à titre posthume, plus que les avantages pécuniaires.

Il arrive que les artistes épousent des causes et engagent des combats qui déterminent des postures idéologiques. Dans ce cas, l’artiste devient un passeur d’idées et véhicule un message. Il s’expose ainsi aux critiques qui dépassent les paramètres purement artistiques.

Juger un artiste, c’est le condamner d’avance sans procès ou le sanctifier avec complaisance sans l’éprouver.

Je m’en garde.

Toutefois dans ce système-monde que nous vivons avec des enjeux économiques et culturels, l’impérialisme culturel trouve sa voie. Dans ces rapports de forces pacifiques, le soft power place ses ‘’cheval de Troie’’ notamment dans la sphère artistique qui est un espace médiatisé et d’influence. Dans ce nouvel ordre mondial qui torpille les religions, désacralise la famille, l’initiative semble changer de camp. Les orientations sexuelles contre-nature sont promues et le libertinage assumé. Des comportements ‘’humanicides’’ sont portés par les organisations internationales ainsi que le monde des media et des arts qui veut bien se prêter au jeu.

La pression est mise sur les Etats réfractaires. Au même moment, les élites, les jeunes et les femmes sont insidieusement ciblés pour propager le phénomène LGBT par le concept nébuleux du genre et des pseudo droits humains. L’autonomisation surfaite de l’individu au sein de la société, au nom de cette liberté galvaudée a suscité ce mal être généralisé qui sape le vivre ensemble.

L’affaire Mbougar se situe à ce niveau pour avoir provoqué un séisme, suite à l’attribution du fameux prix littéraire par l’académie Goncourt.

Mbougar écrit merveilleusement bien. Il a fait ses preuves. Il a trusté avec brio des prix dans sa jeune et féconde carrière d’écrivain. En plus de sa grande culture littéraire, il manie la plume comme Sechat et scrute la nature humaine comme l’Oeil de Rê. Il est un écrivain immense et forme avec son alter ego, l’admirable Elgas auteur de ‘’Mâle noir’’, un commando d’élite. Ce binôme a procédé en bonne en due forme à ‘’l’autopsie’’ de la société sénégalaise avec la caution de l’Institut français. Ils sont en mesure d’inoculer la dose prescrite par leurs commanditaires à nos concitoyens qui végètent dans le coma de l’obscurantisme . Le remède qui permettra d’avaler la couleuvre de la cause lgbt qui traîne sa queue hideuse dans ce bled du Sénégal protégé par un simple tata de terre du Sahel.

C’est de bonne augure qu’une œuvre littéraire suscite un débat et l’auteur Mbougar s’y est préparé. ‘’La plus secrète mémoire des hommes ‘’ est presque prémonitoire. Le génial auteur de ce roman vraiment magnifique, un best-seller en devenir, a déjà prévu le scénario en cours.

Bien entendu qu’il mérite amplement le prix Goncourt, comme d’autres aussi talentueux qui n’auront jamais cette chance de s’attabler au restaurant Drouant avec les académiciens.

Il est vrai que les prix artistiques ont perdu de leur superbe. Ces médailles ne sont décernées qu’aux artistes, aussi brillants soient-ils, qui vouent aux gémonies leurs cultures et croyances d’origine ou épousent les idées scélérates qui sapent les valeurs cardinales qui fondent l’humanité. La pommade artistique ne passera pas. Halte aux renégats de tous bords qui occultent le référent culturel identitaire pour surfer sur un universalisme qui gomme le particularisme. Ce phénomène a atteint les arts plastiques contemporains, le cinéma et la musique. Sur le principe, Il faut dénoncer avec vigueur cette discrimination. L’intolérance s’installe dans le camp que personne ne soupçonne.

La pensée unique qui impose la standardisation des productions culturelles entrave la diversité des expressions culturelles. Cette standardisation a sens unique exprime la primauté voire la condescendance du référent occidental. Elle refuse l’ouverture et nie l’apport de ceux qui ne seraient pas ‘’suffisamment entrés dans l’Histoire’’ et qui sont restés au stade des ‘’arts premiers’’.

La manœuvre satanique qui adoube cette fameuse distinction qui honore le texte d’un jeune et pétillant Africain aura réussi la prouesse de relancer la question de homosexualité sur la place publique. Que chacun assume ses responsabilités devant l’histoire et pour l’avenir.

Sans acrimonie et en toute littérature.

Madou KANE

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