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Instrumentalisation de Mohamed Cissé, ex-marabout de Kérékou, contre le leader de l’Afp : Comment Wade compte liquider Niasse

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Wade prépare du toc contre Niasse – Le Président ressuscite un vieux dossier vidé par la justice

Tout est bon, semble-t-il, pour se débarrasser maintenant d’un adversaire politique, même de confectionner un dossier à partir des résidus d’une affaire pourtant déjà tranchée par la Justice sénégalaise.

Tout est bon, semble-t-il, pour se débarrasser maintenant d’un adversaire politique, même de confectionner un dossier à partir des résidus d’une affaire pourtant déjà tranchée par la Justice sénégalaise. C’est ce que le Président Wade veut faire, en utilisant l’ancien marabout de Mathieu Kérékou contre Moustapha Niasse.

Mohamed GUEYE

ImageLe président de la République Abdoulaye Wade ne semble pas en avoir fini avec sa volonté d’abattre ses opposants politiques, en particulier Moustapha Niasse. Il a confié à certains de ses proches, en présence de l’un de ses plus proches collaborateurs, qu’une action en Justice allait bientôt être engagée à l’encontre du leader de l’Alliance des forces de progrès (Afp), qui devrait aboutir à l’emprisonnement de ce dernier. Et il semblait très confiant quant à cette issue. Renseignements pris, le Président Wade a l’intention de monter en épingle un litige qui a opposé Moustapha Niasse, ainsi que d’autres actionnaires de la société International trading oil and commodities (Itoc), à un autre ancien actionnaire, Mohamed Amadou Cissé.
Ce personnage, originaire de la région de Kédougou, a été le marabout très puissant et très influent de l’ancien Président béninois, Mathieu Kérékou, avant que la conférence nationale de ce pays, ne vienne vider ce dernier de ses pouvoirs et conduire son gourou en prison pour des questions d’argent. Cela, c’est en 1990. Avant cela, en octobre 1986, Mohamed Amadou Cissé avait participé, en compagnie d’autres compatriotes, parmi lesquels Moustapha Niasse, Abdoulaye Diaw, et Djibril Thiongane, à la création de la société Itoc, spécialisée dans le négoce de pétrole et des produits pétroliers. Lors de sa constitution, la société avait un capital de 200 millions de francs Cfa, dont seule une partie avait été libérée.
Mohamed A. Cissé détenait 16% du capital, dont il n’avait payé, comme d’autres actionnaires, qu’une partie, avec l’engagement de libérer le reste après. Moustapha Niasse, par exemple, n’avait souscrit lui, que pour 17% du capital, dont seule une partie avait été libérée.
Cinq ans après, le Conseil d’administration de Itoc a décidé d’appeler le reste du capital, c’est-à-dire, de demander aux actionnaires qui n’avaient pas encore libéré la totalité de leur souscription, de le faire, sous peine de voir leurs actions mises en vente, conformément à la loi. Certains se sont exécutés, mais plusieurs n’ont pas été en mesure de le faire, pour plusieurs raisons. Parmi ceux qui ont été incapables d’honorer leur parole, il y avait, entre autres, Djibril Thiongane et Mohamed Amadou Cissé. Ce dernier, on l’a dit plus haut, avait maille à partir avec la Justice béninoise, ce qui l’a éloigné pendant une bonne période des affaires du pays.
Après un délai légal, le Conseil d’administration de Itoc a décidé de mettre en vente les actions des personnes défaillantes. Un avis d’appel d’offres a été publié, en juin 1991, dans un journal d’annonces légales, pour l’adjudication des parts non appelées. Il y en avait pas mal, car une société off shore, ayant son siège sur l’un des paradis fiscaux des Iles britanniques, a acquis, devant notaire, 1 018 actions non libérées. La société avait d’ailleurs été la seule à présenter son offre dans les délais légaux. Une autre offre avait été reçue hors délai, et fut déclarée caduque.
Une fois sorti des griffes de la Justice béninoise, M. Cissé s’est empressé de rejoindre Dakar, où il a, en compagnie de Djibril Thiongane, attaqué l’opération de vente des actions, sous prétexte qu’il n’avait pas été informé, et que les autres actionnaires restant les ont escroqués. Malheureusement pour eux, toutes les opérations avaient été faites dans la transparence et la légalité les plus totales. Tous les actes avaient été passés devant notaire, et même, parfois avec des exploits d’huissier. MM. Cissé et Thiongane furent donc déboutés. Cela, c’était en 1992.
Il faut croire que cette décision de Justice n’a pas dû suffire à M. Cissé. Il y a quelques mois déjà, il a mis tout en œuvre pour obtenir une audience avec le Président Wade. Et certainement qu’au vu du dossier qu’il lui a présenté, ce dernier a vu une possibilité d’attraire Moustapha Niasse en Justice, pour «escroquerie» et autres délits. Et selon les personnes auxquelles le chef de l’Etat s’est confié, cette action serait imminente.
Or, la chose ayant été jugée par les juridictions sénégalaises, on peut se demander quel juge voudrait revenir sur une décision prise par un de ses collègues, dans une affaire où aucun élément nouveau n’est apparu depuis lors. Mais, comme tout le monde sait que le Sénégal est dirigé par un Président «spécial», bien prétentieux serait celui qui pourrait à ce jour, préjuger des actions des juges de ce pays.
lequotidien.sn

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