L’ONG islamique JAMRA et l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, MBAÑ GACCE, n’auront de cesse de saluer l’œuvre de salubrité publique du préfet de Pikine, Pape Demba Diallo, ayant ciblé les bars clandos et les salles de jeux de hasard, qui prolifèrent surtout en banlieue. JAMRA réitère son invite à ses pairs de l’exécutif local à s’inscrire dans cette dynamique porteuse de sécurité et de progrès. Cette initiative courageuse, salutaire et hautement patriotique de l’ex-préfet de Pikine avait, en ce mois de mai 2016, à travers deux «opérations coup-de-poing» de grande envergure, permis de démanteler une vingtaine de bars clandestins et un nombre impressionnant de salles de jeux de hasard dans les communes de Pikine-Est, Pikine-Ouest, Pikine-Nord, Diamaguène-Sicap-Mbao, Djidah-Thiaroye-Kao et Yeumbeul-Sud. Souvent en porte-à-faux avec la loi, ces tenanciers opéraient pour la plupart à proximité? d’établissements scolaires, contribuant ainsi à accentuer le fléau de la débauche et le taux de déperditions scolaires.
ON NE COMPTE PLUS ces enfants mineurs, souvent de brillants élèves, qui auront ainsi succombé aux charmes des jeux de hasard, par ouï-dire ou sous la néfaste influence de publicités trompeuses voire mensongères. On ne compte plus les alertes pathétiques lancées par des chefs de famille, depuis des «talk-show» radiophoniques, se faisant l’écho de drames familiaux, consécutifs à des fugues et autres écarts de conduite juvéniles, dont les jeux de hasard seraient l’épicentre. Combien d’enfants mineurs, alors qu’ils étaient porteurs du paiement de leur scolarité? mensuelle ou de celui de la facture d’eau ou d’électricité?, se sont retrouvés en rupture de ban avec la cellule familiale, pour avoir été? tentés par le démon des salles de jeux de hasard, qui poussent comme des champignons, surtout dans les quartiers populaires?
EN COMME si ce fléau qui angoisse tant de ménages ne suffisait pas, la société nationale des jeux de hasard, saisissant l’opportunité de l’édition 2019 de la Foire de Dakar, vient de lancer un nouvel appât, susceptible de ratisser encore plus large dans la frange juvénile. Il s’agit d’un jeu d’argent en ligne, avec le risque, non seulement d’exposer encore plus les données personnelles des sénégalais, mais surtout de rendre les enfants mineurs davantage vulnérables et accros aux paris.
DE L’AVIS MÊME du «Conseiller spécial» du DG de l’entreprise nationale de jeux de hasard, El Hadji Malick Mbaye, «Le PMU en ligne va révolutionner l’environnement des jeux au Sénégal. Notre pays est en train de connaître une révolution numérique, avec des taux de pénétration de la téléphonie mobile de l’ordre de 109% et un taux de plus de 70% au niveau de l’Internet. Une aubaine. Il nous fallait profiter de ce boom technologique pour digitaliser nos services. Et c’est une nouvelle clientèle que nous sommes allés chercher. C’est-à-dire ces jeunes qui sont sur les réseaux sociaux et sur Internet». Cet apologiste du jeu-de-hasard n’a donc pas mâché ses mots, quant à la ferme volonté de son entreprise (en partenariat avec une multinationale indienne) de «traquer» les jeunes jusque dans leur dernier retranchement : le havre enchanteur des réseaux sociaux. Et il le martèle d’ailleurs sans fioriture, en s’adressant à la presse, depuis son stand d’exposition au CICES: «Nos études montrent que notre clientèle est constituée de personnes âgées. Il fallait renouveler. Mais nous n’en avions pas la possibilité. Pour ce faire, il a fallu que nous allions trouver ces jeunes là où ils se trouvent, c’est-à-dire au niveau du web et des réseaux sociaux. Et nous sommes en train de le réussir». Qui dit mieux!
JAMRA et MBAÑ GACCE dénoncent fermement, dans un pays sous-développé? comme le Sénégal où l’on devrait plutôt promouvoir dans le mental des jeunes les valeurs du travail et le goût de l’effort, que l’on s’évertue à inculquer à cette nouvelle génération, avenir de la Nation, la culture du moindre effort et du gain facile, qui constituent insidieusement un facteur de démotivation des jeunes, susceptible de saper les plus hardis plans de développement économique et social.
CONNU EN EXÉGÈSE sous l’appellation générique de «maysir», le jeu de hasard, sous toutes ses formulations, est banni par toutes les religions monothéistes. L’Islam, en l’interdisant, cible indistinctement «tous les jeux de hasard» : des jeux de dés aux paris d’argent, en passant par les loteries, fussent-elles parrainés et organisés par les États : «Ô les croyants, le VIN (al-khamr), le JEU DE HASARD (al-maysir) ne sont qu’abomination et œuvre du Diable. Écartez-vous-en, afin que vous réussissiez. À travers eux, le Diable ne veut que jeter parmi vous l’inimitié et la haine, afin de vous détourner de l’invocation d’Allah et de la prière. Allez-vous donc y mettre fin ?» (Sôratul Mahida, v90-91).
Dakar, le 17 décembre 2019
Les Bureaux exécutifs de
JAMRA & MBAÑ GACCE