»Karim Wade doit rendre compte de sa gestion »

Le président Macky Sall indiqué jeudi qu’il ne pourra pas mettre en œuvre son programme de gouvernement, si la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY, mouvance présidentielle) n’obtient pas la majorité des députés à l’Assemblée nationale.

‘’Si je n’ai pas une majorité à l’Assemblée nationale, cela veut dire que tout le programme que je suis en train de développer ne verra jamais le jour’’, a dit le M. Sall lors d’un entretien avec des organes de presse dont l’APS.

Si la mouvance présidentielle ne parvient pas à faire élire la majorité des députés, ‘’on ira vers une cohabitation et il y aura un blocage […] des institutions’’, a-t-il affirmé, rappelant que le Niger a récemment vécu un tel scénario.

‘’Devant les périls qui se posent, les risques de terrorisme, la situation en Casamance et la drogue, si nous avons un Etat où l’Exécutif est bicéphale’’ en raison d’une opposition majoritaire à l’Assemblée, ‘’nous avons toutes les garanties d’aller vers la déstabilisation des institutions de la République’’, a souligné le chef de l’Etat.

‘’On me reproche d’avoir ma photo sur les affiches de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. J’ai respecté la décision de la Cour d’appel, car c’est l’autorité de la chose jugée’’, a répondu Macky Sall, interrogé sur la décision de justice interdisant à BBY de diffuser des images du président de la République dans la campagne.

La coalition Bokk Gis-Gis (BGG, opposition) a annoncé vendredi dernier que la Cour d’appel de Dakar a jugé ‘’recevable’’ sa requête et ‘’interdit’’ la diffusion des images du président de la République Macky Sall dans la campagne électorale pour les législatives du 1er juillet prochain.

‘’La Cour d’appel de Dakar a jugé que notre requête est belle et bien recevable. Partant de ce point, elle interdit la diffusion des images du président Macky Sall dans la campagne électorale et ordonne la suppression des affiches sur lesquelles il figure’’, a dit Me Abatalib Guèye, avocat de BGG, lors d’une conférence de presse.

‘’Je respecte la décision, car je suis un démocrate. Et je veux que tout le monde respecte les décisions de justice. Moi-même, qui vous parle, j’étais le candidat du PDS (Parti démocratique sénégalais) en 2007’’, a-t-il ajouté.

‘’Encore une fois, nous respectons la décision de justice. C’est pour cela que j’ai appelé tout de suite nos amis de Bennoo Bokk Yaakaar pour leur demander d’enlever [mes images]’’, a-t-il poursuivi.

Les Sénégalais votent dimanche pour élire les 150 députés de l’Assemblée nationale. 24 listes sont en compétition dont celle la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) qui soutient le président Sall.

Macky Sall décline sa responsabilité personnelle sur les audits
Le chef de l’Etat Macky Sall a décliné sa responsabilité personnelle dans les audits en cours sur la gestion du pays sous l’ère Abdoulaye Wade, soulignant qu’il ne lui appartient de juger ou d’envoyer des gestionnaires en prison.

‘’Je pense qu’il faut remettre les choses à leur place. Il n’appartient pas au président de la République, que je suis, de juger des gestionnaires ou même de les envoyer devant la justice’’, a affirmé-t-il affirmé lors d’un entretien avec des organes de presse dont l’APS.

‘’Mon rôle est de ne pas protéger des gens qui pourraient être fautifs’’, a-t-il ajouté, interrogé sur les audits qui ont récemment envoyé d’anciens responsables de l’ex-parti au pouvoir en prison.

Il a par ailleurs dit qu’il ne souhaiterait pas avoir son prédécesseur Abdoulaye Wade parmi ses adversaires politiques.

‘’Je n’aurais pas souhaité qu’il soit un adversaire politique. J’aurais souhaité le considérer comme un ancien président de la République, qui mérite notre confiance, notre respect et notre considération’’, a-t-il indiqué sur ses relations avec M. Wade, dont il fut le Premier ministre.

‘’S’il (M. Wade) plonge dans la fosse politique, il sera traité comme un opposant. Je pense que vraiment, pour tout ce qu’il a fait dans ce pays et son parcours, sa place ce n’est pas dans l’opposition’’, a insisté Macky Sall.

‘’Je ne voudrais pas personnellement essayer de salir l’image du président Wade. Il faut qu’il se tienne comme un ancien chef d’Etat’’, a-t-il encore dit.

Abdoulaye Wade a récemment déclaré qu’il pourrait rendre ‘’le pays ingouvernable’’ si le gouvernement ne lui remettait pas des voitures qu’il considérait comme faisant partie du patrimoine de son parti et qui étaient confisqués par le nouveau pouvoir.

Macky Sall :  »Karim Wade doit rendre compte de sa gestion »
Le président de la République, Macky Sall a déclaré que l’ex-ministre d’Etat Karim Wade est  »un citoyen comme tous les autres », qui doit être entendu, dans le cadre des audits sur sa gestion pour avoir géré des ressources publiques.

‘’Karim Wade est justiciable comme tout le monde. Je pense maintenant qu’il doit, en tant que gestionnaire, rendre compte de sa gestion comme tous les autres. Aujourd’hui, il n’y a pas de cas Karim Wade. Je ne vois pas pourquoi il doit pas être audité sur sa gestion. D’ailleurs il le sera comme tous les autres’’, a-t-il laissé entendre.

 »Comme j’ai eu à le dire, tous ceux qui ont eu à gérer des ressources publiques devront rendre compte de leur gestion », a assuré le chef de l’Etat, dans un entretien avec des organes de presse dont l’APS.

Macky Sall a souligné qu’il n’y a  »pas de cas Karim Wade et ce n’est pas la peine d’en faire des cas particuliers ».  »Je les traite au même niveau, même s’ils font partie de la famille du Président Wade », a-t-il ajouté.

 »Même s’il y avait eu un cas Karim Wade, a dit Sall, c’est par le passé pour le rôle qu’il a eu à jouer, et sa présence sur la sphère publique. Mais aujourd’hui je ne le pense pas ».

Macky Sall : « L’agriculture reste le secteur le plus adéquat pour assurer la croissance »

La problématique d’une croissance durable est au cœur de la gouvernance actuelle, a réaffirmé le nouveau chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, qui a fait part d’un investissement massif envisagé dans le secteur agricole pour relancer l’économie nationale.

‘’Le secteur le plus adéquat pour [assurer] la croissance, reste l’agriculture, le secteur primaire (…). A chaque fois que nous avons une bonne pluviométrie et un bon encadrement, il y a eu une évolution quasiment parallèle entre la production agricole et la productivité nationale. Donc, l’augmentation du produit intérieur brut’’, a-t-il déclaré, mercredi.

M. Sall qui s’exprimait dans un entretien avec six organes de presse, dont l’Agence de presse sénégalaise (APS), en marge du Conseil des ministres décentralisé à Ziguinchor, s’est dit convaincu que le Sénégal est en mesure d’amorcer le développement de son industrie grâce au secteur agricole.

Selon le président en exercice depuis 100 jours, le secteur des services, à travers les technologies de l’information, ‘’impacte à hauteur de 12 % notre production nationale’’.

Il a également cité le tourisme qui a besoin d’un ‘’certain nombre de réformes structurelles’’, en vue de lui permettre d’assurer sa contribution à la richesse nationale.

‘’Il faut changer la façon dont notre pays est encadré en termes de transport aérien, de gestion des aéroports, et de politique de redevances tous azimuts qui surchargent le prix des billets vers la destination Sénégal’’, a-t-il indiqué.

Sur un autre registre, le gouvernement travaille à ouvrir le ciel sénégalais afin de mettre en compétition plusieurs compagnies, dont Corsair sur la destination Paris, a laissé entendre le chef de l’Etat qui a réitérer le souci constant de ‘’protéger et de soutenir (notre) pavillon national’’.

‘’Il faut trouver l’équilibre tout en permettant l’ouverture des lignes et en réduisant le niveau de redevances à l’Aéroport Léopold Sédar Senghor’’, a-t-il ajouté.