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Kassoumay Casa Di Mansa: Plaidoyer pour la Casamance

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Au Sénégal, s’il existe au moins pour une fois un sujet qui rapproche les positions des différentes sensibilités politiques du pays, -du parti au pouvoir aux partis de l’opposition- c’est bien la question des troubles meurtriers en Casamance, cette province sud du Sénégal fière, riche et pleine de mystères. Ce qui se passe aujourd’hui dans cette localité du sud, c’est que des personnes regroupées au sein du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (M.f.d.c.) revendiquent l’indépendance de la province à l’égard du gouvernement central de Dakar. Cette revendication se fait malheureusement comme toujours au prix de nombreuses pertes de vie des personnes innocentes qui ne rien de plus qu’une bonne pluviométrie pour avoir une meilleure récolte. Ces tueries, même si elles ne sont pas tout le temps imputables au mouvement irrédentiste, comme celle qui vient d’avoir lieu ce samedi 06 janvier 2018 dans le village de Bofa, un village situé près de Ziguinchor, la capitale de la cette région méridionale du Sénégal, ont fini d’installer un climat de méfiance, de crainte et de haine mais surtout de terreur pour les populations locales. 13 jeunes ont été tué par des hommes armés. Ces assassinats qui le plus souvent ne sont pas toujours revendiquées

Je ne peux croire que les ignobles agressions que subissent ces populations dans leur quotidien ne les encouragent pas à croire en un quelconque mouvement de libération qu’il soit. D’ailleurs, le territoire, sénégalais, même s’il a beaucoup souffert du partage colonial, conserve jalousement son héritage sénégambien; la nation sénégalaise ne peut être divisée de quelque manière qu’elle soit, elle forme une entité unique et indivisible qui s’exprime à travers son sceaux: Un Peuple – un but – Une Foi comme l’a tenu à le montrer la majorité de la classe civile sénégalaise. Après les femmes Diolas, les femmes des militaires envoyés en Casamance pour le maintien de la paix dans la zone, les jeunes et plus tard les artistes, le peuple sénégalais dans sa plus grande majorité a tenu à travers des manifestations pacifiques et pacifistes leur ras-le-bol face à une crise qui ne trouve pas d’épilogue.

Malgré les différents traités signés entre les différents gouvernements pendant le mandat socialiste et sous l’ère de l’alternance, la terreur des armes continue de rythmer la vie des habitants de cette région.

Face à ce constat devant ce désastre, on doit aussi se poser la question du développement de cette région. Pour affaiblir l’impact de cette rébellion dans cette région, les autorités doivent inscrire sur leur tablette en priorité la reconstruction des infrastructures régionales et en créer de nouvelles. La route nationale communément appelée « trans-gambienne » présente par endroit un visage qui pousse à la révolte, même si un pont est en cours de construction. A titre d’exemple il faut une heure et trente minutes environs pour parcourir vingt kilomètres en raison de la vétusté et des nids de dinosaures (pardon nids de poules). Pour le voyageur qui passe la frontière entre le Sénégal et la Gambie, cette partie du pays de la Téranga ne semble pas être concernée par les grands travaux portés en bandoulière par l’État sénégalais. La réalité devient plus cruelle au moment de traverser le pont Émile Badiane (cordon ombilical terrestre entre la Casamance et le reste du Sénégal).

Plus de 15 ans après, la question du naufrage du bateau reste entière. Les familles n’ont toujours pas obtenu les réponses qui pourraient les aider finir de porter le deuil et à oublier leur souffrance.

Quant aux dirigeants du mouvement indépendantiste, ils ont fini par convaincre de leur incapacité à s’entendre. Ainsi on voit des factions rivales fleurirent partout dans le maquis. Ce qui rend favorable la multiplication des agressions envers les populations civiles. Puisque dans le doute il est plus facile de se revendiquer du « Mfdc ». Les dirigeants de la cause irrédentiste dont certains en mettant en mal l’autorité de l’abbé dont le charisme n’égale plus le poids de son âge, ne parviennent plus à trouver un objectif commun pour la cause de départ. Ils ont réussi à introduire dans la mentalité des populations les idées sécessionnistes. Même si par moment leur quotidien justifie cette adhésion.

A côté de cette expression générale du refus devant ce chaos et ce désastre humain, les intellectuels casamançais restent inactifs jusqu’au mutisme. Certains s’ils ne rasent pas les murs se proclament « facilitateur » ou « médiateur » dans un conflit qu’ils ignorent jusqu’à l’origine sans parler de la réalité des populations rurales.

Il semblerait que ces intellectuels aient oublié leur devoir d’engagement. Leur véritable rôle d’intellectuels les oblige à connaître les sentiments et la direction dans laquelle leur peuple souhaite évoluer, ce peuple auquel ils devraient appartenir parce qu’ils en sont une partie intégrante et parce qu‘ils vivent de sa vie et qu’ils devraient en être la matière grise.

Le rôle du véritable intellectuel devrait et doit toujours être d’aider la masse à prendre conscience de sa situation en expliquant et en posant clairement les problèmes et non de les fuir.

Nos frères identifiés comme intellectuels devraient participer à la proposition de solutions pendant des périodes de crises et d’angoisse, aider les populations à se poser de nouveaux problèmes dans les périodes de tarissement. L’intelligentsia au lieu de se pavaner dans les couloirs feutrés de la présidence avec leur savoir sous le bras pendant que les populations meurent, devraient plutôt s’employer à défendre et à conserver par tous les moyens comme cela se fait ailleurs, la culture nationale et régionale en particulier, partie intégrante de l’avenir culturel du peuple du Sénégal. Les intellectuels casamançais doivent soutenir les populations qui dans leur majorité ont envi d’exprimer leur aspirations à une vie commune et indivisible. Déroger à cette mission n’est qu’irresponsabilité.

Les massacres, les persécutions, les raquettes et les braquages qui rythment les palabres et les travaux champêtres des villageois doivent cesser et que ces « libérateurs » dont on a vraiment le mal à identifier doivent une fois pour toute savoir que nul ne peut, par sa force, sa puissance ou tout pouvoir conféré –s’il en serait le cas- soumettre à son prochain sa propre volonté. Seul l’esprit de sagesse s’impose à tous, sans limites…

Pour finir je me permets d’emprunter à mon ami Tafsir Ndicke DIEYE ce passage extrait de son premier roman « Casamance ou l’assassinat de Madeleine ». (Ed Bellier).

« Dans cette région, certains semblent avoir oublié que le destin de l’homme n’est pas la mortification et l’angoisse perpétuelle. Ils semblent avoir oublié que l’homme est le trésor suprême de Dieu sur cette terre. L’homme n’est pas destiné à la guerre odieuse mais à la paix seule gage de la joie. La population pleure ses morts et mutilés; la végétation de même. Les animaux dans la brousse, indignés par la connivence entre certains esprits mal éveillés et le mal, souhaitent la fin des hostilités pour pouvoir à nouveau brouter leur herbe tranquillement sans risque d’être décapités par une mine anti personnelle….  »

Bacary Goudiaby
diaspora221info.com

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