Dans une interview parue dans le magazine panafricain « Jeune Afrique », le maire de Dakar lançait cette boutade : « Les Dakarois ont toujours des habitudes villageoises ».
Comme un récidiviste, il la remet dans les colonnes du quotidien dakarois « Le Soleil » : « Beaucoup de mendiants qui sont à Dakar ne sont pas des Sénégalais. »
Ces déclarations de Khalifa Sall, sont méprisantes, voire racistes. On dirait qu’il a des problèmes avec l’autre. L’autre, source de tous les malheurs et péchés de la patrie authentique de la nation comme pensent les extrêmes droitiers occidentaux.
Ce qui est curieux dans tout cela, c’est qu’on le laisse faire. Personne ne s’émeut de cette tyrannie verbale du maire, ni les anges de la presse, ni les sorciers chroniqueurs, ni les censeurs de la morale publique… parce que tout simplement, il est du camp opposé au régime en place. Quel tollé cela aurait fait si ces idioties émanaient de Wade ou des membres de son parti ou de ses alliés ? Des chroniques à n’en pas finir, des éditos, des plateaux télévisés, des forums radios…
Les déclarations de Khalifa Sall rappellent « les bruit et les odeurs » de Jacques Chirac attribués aux immigrés en France. C’est comme Eric Zemmour qui pense que les délinquants en France, ce sont les Français arabes et noirs et non les Français de souche.
Non, Monsieur le Maire, le problème de Dakar n’est ni les villageois, ni les étrangers, ni les mendiants. C’est l’absence d’une politique urbaine efficace dont votre régime qui a géré le pays pendant quarante ans est comptable.
Alors, chut !
Adama Diouf
