La Charrue Est Peut Etre Grande Mais Les Boeufs Sont Bien A Leur Place

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Cher Expert Moussa Bala Fofana,
Je dois louer la beauté de votre plume et la qualité de votre argumentation pour décrier le HCCT.
Il me semble toutefois que la charrue est bien grande et cela altère votre interprétation de la situation. Cette fois je dois dire, que malgré toute la maîtrise que vous avez des processus de planification cette sortie ne colle pas avec la réalité du projet de société que le pouvoir s’efforce de mettre en place. Il aurait été judicieux à mon sens d’anticiper sur la vision d’un contenu et d’aider ainsi à la mise en place d’un organe efficace et structurant pour le défi du développement de nos territoires et de l’équilibre salutaire et nécessaire, de la distance entre les territoires urbains et ruraux.
Traiter le sujet à l’aune de ce qui se fait en France, même si la France a toujours et pendant longtemps servi de modèle au Sénégal, est à mon sens le meilleur moyen de fausser le débat sur l’opportunité ou non de cet organe supplémentaire dans la gouvernance de nos territoires.
D’emblée je dis que le HCCT ne peut être une institution en trop pour mener à bien cet important projet consistant à impulser une territorialité porteuse de développement économique et il est clair que seul des pôles régionaux forts devront être les socles du PSE qui n’aura de résultats que si les territoires portent en eux les germes réels de cet essor économique tant convoité.
La France, c’est vrai, fonde ses projets de territoires sur son propre acte III, qui nage encore dans la recherche, la complexité, et qui se caractérise par une grande célérité de changement dans les législations. Rien qu’entre 2014 et 2016 plusieurs lois et règlements sont venus modifier des paradigmes qui avaient fini de se stabiliser, et qui dès 1999-2000, ont connu une accélération remarquable du fait de la nécessaire adaptation des ambitions aux enjeux, réalités et exigences du développement durable par exemple.
La vitesse avec laquelle ces adaptations se font ne permet pas toujours aux collectivités territoriales de suivre et de réunir les compétences idoines pour s’ajuster. Mais les faits sont là et ils sont constants, les réformes continuent, entraînant très souvent des emplois nouveaux et l’obligation pour les territoires de mieux s’organiser, de se mettre en réseaux de mutualisation des efforts et des compétences.
Le Sénégal à cette spécificité de n’être encore qu’au début de son processus de transformation et les territoires que tu compares aux territoires français ont encore beaucoup de choses à parfaire ; mais on ne peut pas attendre, d’atteindre la plénitude formative pour lancer les processus et changements d’attitudes sur nos territoires. Il est évident qu’il y a de la politique dans le choix des hommes, ce n’est d’ailleurs que cela depuis toujours et partout dans le monde, je voudrais cependant qu’on reconnaisse aux hommes choisis pour ces destins territoriaux, leur capacité à mener à bien ces taches pour lesquelles le Président les nomme et éviter l’amalgame stricto sensu consistant à ne voir que cet aspect politique. Penser trop politique risque de nous faire occulter la réalité des compétences d’un Djibo Ka ou Tanor Dieng, qui connaissent très bien les situations de référence de nos territoires.
La dialogue des territoires tel qu’il est imaginé par le gouvernement, qui a confié cette tache à Djibo Ka est très réfléchi, et il y’a lieu de penser que cela précède même le rapprochement entre Macky et Djibo Ba. J’en suis à me demander si cela n’a pas été simplement le motif réel qui a poussé Macky SALL à le faire, si tenté que Djibo Ka, soit à mon sens, au crépuscule de son action politique.
Je suis assez souvent désabusé par certaines manœuvres politiques, mais j’ai cessé de ne voir que ça quand les personnes concernées sont comme vous et moi des personnes en capacité de mener à bien les projets qu’on leur confie. Finalement il n’y a que ça de vrai, le mérite et les compétences. Quand on peut réunir les deux c’est encore mieux évidemment. Pourvu que cela serve le Sénégal !!!!
Ainsi, d’une part le HCCT établirait un contenu global, en rapport et de concert avec tous les territoires du pays, et propose à l’État un schéma de fonctionnement global et intra territoire contractualisé au travers de sociétés mixtes comme les EPCI en France, pour que dans chaque territoire il y ait un schéma de cohérence territorial en phase avec la déclinaison d’ensemble, et d’autre part, la commission nationale du dialogue des territoires de Djibo Ka servirait de courroie de transmission pour veiller au schémas de cohérence inter territoire. C’est le prix à payer si on veut impulser de grands ensembles territoriaux qui nous correspondent et tant pis si la région en tant que collectivité n’existe plus (je suis comme toi en désaccord avec le bien fondé), elle reste cependant une délimitation administrative avec du sens.
On pourrait bien se baser sur les tound (au sens de pays des lois Voynet / Chévénement) pour agréger nos territoires dont les populations ont bien gardé ces spécificités. Toundou Cayor, Walo, Thiolom Gandiol, Ndiambour, Baol, Boundou, Fouladou, Fouta, Fogni, Sine ak Saloum, nous parlent encore. Et nous n’avons pas à ce jour atteint le mille feuille territorial qui a motivé la modernisation des territoires de France, et le passage contraignant de 22 à 13 régions. Nous sommes et restons SENEGAL avec une petite population de 13 millions d’âme.
Mais pour revenir au HCCT, je constate là aussi qu’il y a confusion avec le Sénat, dès l’instant qu’on veuille en faire l’émanation des élus des collectivités. Le président Macky SALL semble bien rester bien ancré dans sa logique du PSE dont le HCCT et bien d’autres instances en sont les outils, mais il ne faut voir ce cadre de gouvernance que comme une volonté et une chance donnée au pari d’assurer une cohérence du dispositif de gouvernance dans sa globalité.
Mieux qu’un vœu pieux ces projets et différents outils ne sont pas arrivés ex nihilo, ils sont le fruit d’une réelle volonté de planification stratégique guidée par une réelle envie de réussir les maillages territoriaux incontournables pour réussir l’aménagement de nos territoires, et pourquoi pas l’émergence.
Cher ami, je me délecte de vos riches contributions, mais là je vous recommande de changer le filtre et le focus de votre excellente vision de la planification territoriale au Sénégal et vous verrez que les bœufs sont bien là, la charrue aussi, et que chacun est bien à sa place.
Le chemin est encore très long mais il y a des raisons d’espérer.

Pape Oumar SARR
Consultant Formateur
en Informatique et
Développement durable
Responsable de Dispositifs
de formation – Nantes FRANCE
0782483770

1 COMMENTAIRE

  1. Merci Mr Fofana!
    Le Sénégal regorge d’intellectuels mais il manque d’hommes de convictions… C’est le problème sénégalais.. Combien d’intellectuels sénégalais compétents qui sont noyés dans le système APR entrain de danser et de chanter les louanges de Macky Sall … Où sont toutes ces grandes gueules, où sont tous ces théoriciens, ces menteurs, ces spécialistes de tel domaine ou tel autres … ils sont devenus pire que ceux qu’ils critiquaient.. oui, ils sont revenus au pays et Macky les a casés, muselés et castrés au vrai sens du mot.
    Tu es au Canada Mr Fofana …. combien de tes amis sont rentrés au pays et combien parmi eux passaient tout leurs temps à critiquer, théoriser …. ils ont cessé de parler depuis belle lurette .. Et certains ont même fermé leurs comptes Facebook et d’autres ont juste arrêter parler pendant que leurs mains est dans la soupe. C’est ça le NTS.
    J’ose te croire, toi, le seul qui reste encore dans le bateau des attentistes, non, non toi aussi, tu es juste entrain de chercher quelque chose comme tes autres amis. Tu fais ce qu’on appelle «coup de phare»… Vous êtes tous des sénégalais et je vous crois plus.
    Moussa, les sénégalais n’ont que les dirigeants qui leurs ressemblent … Ils cherchent tous que des strapontins quitte que ce pays soit brûlé … Sénégalais = Opportuniste.
    Le Sénégal est entrain d’être dépassé par tous les autres pays africains même la Mauritanie vient d’inaugurer son aéroport flambant neuf et nous, on passe tous nos temps à parler, palabrer, mentir, se tromper, se voler ….. On est tous pareille sans exception.
    Merci quand même pour ta belle plume.

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