Le collectif national des associations des écoles coraniques du Sénégal (Cnaecs) est dans tous ses états, suite à l’interdiction de la mendicité dans les rues de Dakar. Se sentant visés par la mesure, les maîtres coraniques ont exprimé hier à Thiès leur colère, avant de dire qu’ils sont prêts à aller en prison.
En conclave hier à Thiès pour apprécier la mesure gouvernementale d’interdiction de la mendicité dans les rues de Dakar, le comité de pilotage du collectif national des associations d’Ecoles coraniques du Sénégal (Cnaecs) a exprimé sa vive préoccupation. Selon Moustapha Lô président du collectif, la démarche du gouvernement est incompréhensible car le milieu des « daaras » est très bien organisé. En effet, des comités de pilotage départementaux ont été installés partout dans le pays, sous la supervision des autorités administratives et académiques qui ont présidé toutes les rencontres. Ce processus a abouti à la mise en place de bureaux régionaux dans les 14 régions du Sénégal ; et le parachèvement de la démarche est la tenue prochaine du congrès du collectif national des associations d’écoles coraniques qui sera marqué par la mise en place d’un bureau national.
D’un tel point de vue, note Moustapha Lô, il était plus élégant pour le gouvernement de consulter le bureau sur toutes les mesures à prendre en direction des « daaras », pour qu’il y ait au moins des solutions concertées. Au contraire, se désole-t-il, le gouvernement a pris des mesures unilatérales, sous la pression de certaines organisations non gouvernementales (Ong). Mais, ajoute-t-il : que le gouvernement sache que les maîtres coraniques n’accepteront jamais une telle décision, d’autant qu’il ne s’est jamais soucié des « daaras » ; et la mendicité des talibés contribue à leur fonctionnement, devant la négligence affichée par les pouvoirs publics. Et pourtant, poursuit-il, toutes les catégories sociales vendent leurs compétences, sauf les maîtres coraniques qui exercent gratuitement au bénéfice de la société.
Moustapha Lô, plus que amer : « que le gouvernement sache que la mendicité se combat par une politique cohérente de lutte contre la pauvreté et un partage équitable des ressources nationales, et non par des lois et une répression sur les maîtres coraniques ». Et d’indiquer : « les principales causes de la mendicité sont le sous-développement économique et social, la mal répartition des ressources, l’accroissement du taux de pauvreté, l’absence de programmes sérieux de lutte contre la pauvreté, l’absence de projets de réhabilitation et d’insertion des handicapés ». Pour toutes ces raisons, il estime que l’Etat doit revoir sa copie.
Moustapha Lô de conclure : « si le gouvernement est réellement animé d’une bonne intention pour régler la mendicité des talibés, le collectif est disposé à engager des discussions sur la question, en vue de trouver des solutions viables ». Pour ce faire, le collectif donne un délai d’une semaine au gouvernement : « si d’ici là rien n’est fait, que toutes les portes des prisons soient ouvertes, car tous les maîtres coraniques sont prêts à aller en prison ».
Mbaye SAMB
lasquotidien.info