Le plan-Macky est-il toujours opérant ?

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Pour certains, la victoire de Macky Sall en 2012 découle de ses tournées dans le pays. Mais ce qui était valable hier ne l’est pas forcément aujourd’hui ?

Une certitude semble avoir subjugué les hommes politiques. Du moins le président de Rewmi Idrissa Seck et son homologue Pape Diop, secrétaire général de la Convergence démocratique Bokk Gis Gis. Tous les deux ont commencé à sillonner le pays, à l’image de Macky Sall, alors opposant. Cette stratégie considérée comme la plus décisive dans le triomphe du président de l’Alliance pour la République (Apr) en 2012 est en passe d’être divinisée. Tous croient, tardivement ( ?), que le bavardage dans les médias est loin d’ouvrir les portes du palais de la République ou d’octroyer la majorité au Parlement. Des leaders politiques momifiés par les médias ont vu leur espoir ruiné lors des dernières Législatives et Présidentielle. Il en est ainsi de Me El Hadj Diouf qui, assommé par les résultats laisse parler son cœur. « J’ai l’impression, que les Sénégalais ont oublié que moi El Hadj Diouf, député du peuple, l’homme du 23 juin, ait toujours passé son temps à défendre leur cause à l’Assemblée. Mais aujourd’hui, ils ont choisi Benno Bokk Yaakaar de Macky Sall, qui va leur faire subir le même sort que le Pds. Comme on dit, les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent, c’est dommage », lance-t-il, affecté. Est-il, pour autant, avéré que la tactique-Macky consistant à faire le tour du pays produit le même effet ? Assurément, Pape Diop et Idrissa Seck répondraient par l’affirmative comme si la politique était une science exacte. Pourtant, rien, aujourd’hui ne garantit l’efficacité de faire les coins et recoins du pays à l’image du chef de l’Etat qui a tiré profit d’une conjoncture politique qui lui était largement favorable et d’une bonne connaissance du terrain.

Avant de quitter le Pds, Macky Sall, vice-président du Comité directeur, a conduit la liste Sopi aux Législatives de 2007. Il avait donc la carte politique du Pds en main, connaissait parfaitement bien les localités où se jouaient le scrutin et surtout les leaders d’opinion. Cette intelligence du terrain était fraîche dans la mémoire Macky Sall. Lui qui commençait d’ailleurs à structurer le parti libéral en lançant cette affaire de fédération rurale, sorte de réceptacle pour les leaders libéraux bousculés de l’intérieur. Autre atout, la position de ministre de l’Intérieur. En effet, d‘août 2003 à avril 2004, il est ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte-parole du gouvernement d’Idrissa Seck.

Position de choix

Le voilà ensuite à la Primature du 21 avril 2004 jusqu’au 19 juin 2007 battant ainsi le record de longévité des Premiers ministres de Wade. Au cours de son séjour au 9è étage du building administratif, il met en œuvre les projets présidentiels en veilleuse au temps d’Idrissa Seck : autoroute, corniche de Dakar, nouvel aéroport… Juste après la Présidentielle de 2007, survient le coup de théâtre.

Le Pape du Sopi fait face à la presse, attaque l’opposition et oublie de féliciter son directeur de campagne Macky Sall. Pire, ce dernier perd son poste de Premier ministre en dépit des résultats engrangés aux Législatives de la même année (131 députés sur 150). Du poste de numéro 2 du Pds, Sall est ravalé au rang de chargé des sages, une position sans prestige. Ses ouailles ont bien reçu le signal. C’est le début de la chute, des frustrations et de l’injustice et du ressentiment.

Le processus de démakysation est irréversible au Parlement. Une fois l’amendement ramenant le mandat du président de l’Assemblée nationale de 5 ans à 1 an voté, Macky Sall quitte le perchoir, démissionne dans la même foulée de son poste de député, du conseil municipal de Fatick et du Pds. L’onde de choc n’a pas une magnitude significative dans la famille libérale. Presque tous les cadres qui étaient avec Macky restent au Pds. Quelques rares responsables tels Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lô, Me Alioune Badara Cissé le suivent. Il crée l’Apr le 1er décembre 2008, puis met en place une organisation méticuleusement bien tissée fortement irriguée par la vague d’indignation. A un premier groupe de jeunes il demande d’organiser la flambée des mouvements de soutien, à un second est assignée la charge de mise en place d’un mouvement des jeunes. A chaque jeune il demande de monter un comité de 100 personnes dans sa propre localité. Histoire d’innerver le pays.

Arrive l’affaire du blanchiment d’argent. Macky Sall n’a plus de passeport depuis le 27 janvier 2009. Soupçonné de « blanchiment d’argent », l’ancien président de l’Assemblée nationale, en disgrâce, ne peut quitter le Sénégal. Un de ses proches, l’homme d’affaires Abdoulaye Sall, a lui été interpellé pour le même motif, en pleine circulation, alors qu’il accompagnait ses enfants à l’école. Tous crient à l’injustice et se rangent du côté du « martyr ».

Ambiance psychologique

Convoqué au commissariat central de Dakar, « ses » jeunes chauffent l’asphalte. Arrestations, grenades lacrymogènes et courses-poursuites rythment le départ de Sall au commissariat. En 2009, les jeunes de l’Apr décidés à organiser un meeting à Pikine sont défiés par leurs rivaux libéraux qui déclarent Macky Sall persona non grata dans leur localité. Une bagarre rude s’engage. Macky démarque, tient meeting et s’en va. A la pré-campagne, les jeunes reprennent du service à Ndiognick (chez le ministre Aliou Sow), Makacoulibantang (face à des nervis ( ?) de Khouraïchi Thiam et à Bounkiling. Partout, le leader de l’Apr a autour de lui « ses » jeunes. A la veille de la célébration du 10è anniversaire de l’Alternance, deux jeunes de l’Apr, Thérèse Faye, patronne du Mouvement des élèves et étudiants (Meer) et Arona Seck, sont impliqués dans le « coup d’Etat de minuit » du ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy. Sur la dernière ligne droite, un dîner-débat est organisé par les jeunes. Ce climat d’enfer n’est plus de mise. Il n’ya rien qui au plan psychologique mobilise les Sénégalais. Le Rewmi d’Idrissa Seck qui a profité en 2007 de cette conjoncture est dans le gouvernement. Face aux populations, le discours de Mara ne peut plus s’abreuver au réservoir du supplicié. Pape Diop lui peut à tout moment être interpellé par les enquêteurs de Colobane. Dieu sait que les populations sont loin d’être sensibles aux auteurs détenteurs de biens mal acquis. Elles sont même pressées de voir les mis en cause envoyés en prison. Comment, dans ces conditions, croire que les tournées politiques d’hier sont aussi bénéfiques que celles engagées aujourd’hui par des leaders politiques ? Idrissa Seck, Pape Diop et tous ceux qui veulent suivre les traces de Macky Sall devraient se souvenir de la catastrophique expérience du Pr Iba Der Thiam. Le candidat de la Convention des démocrates patriotes (Cdp/Garab-Gui avait voulu frapper les esprits, chapeau vissé à la tête, sacoche à l’épaule, sourire ravageur. La chronique n’a, hélas, retenu de lui que sa promesse de matelas sans puces.

Félix DIAGNE lagazette.sn

1 COMMENTAIRE

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