Le ramadan des chércheurs d’empois : quant l’espoir permet de supporter la faim

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Ils sont identifiables aux personnages de la pièce de théâtre wating for Godot (en attendant Dieu) de Samuel Beckett. Ils sont des jeunes filles et garçons sans emploi qui rallient chaque jour le rond point Liberté VI à la quête d’un travail. En cette période de Ramadan, ils observent le jeûne tout en gardant l’espoir d’un recruteur- sauveur.
Rond point Liberté VI. En cette heure creuse de la mi-journée, les deux voies sont trop grandes au regard des voitures qui y roulent à une allure inhabituelle. Tout au long de cette artère qui étale ses lignes pures tracées par une chaussée aux pavés paints, des dizaines de groupes de jeunes sont massés. Certains sont assis à même le sol. Les arbres semblent insuffisants pour contenir tout ce monde fuyant un soleil de plomb. Ils sont des deux sexes, jeunes filles et garçons habitant, les uns dans les parages et les autres la banlieue dakaroise.
Ils se retrouvent à ce rond-point comme tous les jours. Un endroit particulièrement fréquenté par les sans-emploi nourrissant l’espoir de trouver un éventuel recruteur.
D’ailleurs, ils se sont organisés autour d’un chef qui négocie en leur faveur. A l’approche d’un visiteur potentiel employeur, tous les regards convergent. Chaque étranger suscite une lueur d’espoir. Les gens viennent généralement ici à la recherche d’une bonne ou d’un factionnaire (gardien).
Toutefois, en ce mois béni de Ramadan, le manque d’emploi n’est pas leur seul souci. Ils peinent aussi à observer normalement le quatrième pilier de l’Islam. Et ce, du fait de l’absence de moyens, ne ce serait que pour trouver à la rupture du jeûne de quoi se payer les victuailles.
De forte corpulence, la trentaine, Omar Coulibaly lance : «je n’ai pas pu jeûner, car je peine à manger normalement. La vie est très chère ; en plus, je n’ai pas les moyens». A l’en croire, ça fait plus de 6 mois qu’il est à la recherche d’un travail après avoir perdu son job dans un restaurant de la place. «Je viens ici tous les jours dans l’espoir de trouver du travail», renchérit notre interlocuteur, l’air désolé. Et Ibrahima d’abonder dans le même sens : «on mange souvent dans un camp militaire, seulement après avoir bien nettoyé leurs véhicules ».
Tout a fait le contraire chez l’un de leurs amis qui préfère garder l’anonymat. Ce dernier dit avoir plus de chance qu’eux, car il mange bien chez lui. D’ailleurs, dit-il, c’est pourquoi il a observé le jeûne sans difficulté aucune.
A quelques pas de là, les bandes des jeunes filles attirent l’attention du visiteur. Elles sont toutes en habits traditionnels. Ramadan oblige. Des groupes se forment et se reforment, disloqués par moment à l’arrivée d’un recruteur. « Je suis à la recherche d’une bonne sachant parler français», peste un jeune homme venant de Sacrée Cœur. Une proposition qui ne semble pas plaire à la majorité, car la plupart de ces filles n’ont pas été à l’école. Dans cet endroit le silence est pesant. La diète du Ramadan est passée par là.

Difficultés à la rupture du jeûne
Moins résistantes que les hommes, les filles sont visiblement épuisées.
Certaines se servent de leur pagne pour se coucher sous l’ombre des arbres implantés un peu partout sur les deux voies. Un seul coup d’œil suffit pour sentir le malaise que vivent ces jeunes adolescentes pour la plupart.
Ndèye Fatou, 29 ans, teint dépigmenté, pommettes saillantes, vient chaque jour des Parcelles assainies, moyennant 500 francs Cfa pour le transport. « Souvent, j’éprouve des difficultés pour me payer le transport, mais n’empêche, j’essaye de tout faire pour être ici. On passe la journée sous le chaud soleil pourvu simplement qu’on trouve une activité dans la journée. Les patrons nous maltraitent, c’est pourquoi la plupart du temps on perd notre travail», soutient-elle.
Ndèye Fatou a jeûné mais sans c’est sans compter les difficultés qu’elle a endurées au quotidien pour s’acquitter de ce devoir de tout musulman. «Je suis obligée de jeûner mais à la rupture, j’ai des problèmes pour trouver de quoi me mettre sous la dent», confie-t-elle.
Faty Bintou pousse le bouchon plus loin pour expliquer qu’elle peine parfois à trouver de quoi acheter un morceau de pain de 50 francs Cfa. Ces jeunes occupent quotidiennement tous les alentours de ce rond-point. Et parfois, à les en croire, même s’il pleut, ils sont obligés de rester sur place, parce que n’ayant pas un endroit où aller. L’autre difficulté qui est venue se greffer à leur calvaire : le logement.
La majorité n’habite pas Dakar. Ce faisant, ils sont tenus de trouver un dortoir. Un vrai casse-tête qu’il faut maîtriser. Et tous les moyens sont bons pour y arriver. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils n’occupent jamais une chambre à titre individuel. «Le loyer est cher. Nos chambres sont bondées, on se les partage jusqu’à plus de 5 personnes », constate, Faty Bintou

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