Le Sénégal comme espace de libertés

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Depuis la survenue de l’Alternance politique le 19 mars 2000, la notion d’Etat de droit quoique, historiquement, une réalité au Sénégal, a vu ses différentes déclinaisons (droits de l’Homme, droits socio-économiques…) connaître une consolidation spectaculaire sous l’impulsion du président Wade. Des avancées qui ne peuvent que rejaillir sur le Sénégal et son président dans le monde. Tant sur le plan diplomatique qu’économique. Revue de détails.

L’entrée en vigueur de la Constitution du 7 janvier 2001 consacrait dans le marbre de la Charte fondamentale du Sénégal, une panoplie de libertés publiques dignes d’un véritable Etat de droit. Du coup, elle faisait du Sénégal, un espace de libertés raffermissant ainsi son statut si envié d’un des Etats-phare en matière de démocratie sur le continent africain. Cependant, la pierre de touche qui a presque achevé de faire du Sénégal un pays profondément attaché au respect des droits de l’Homme est, sans conteste, l’abolition le 10 décembre 2004 de la peine de mort.

Faut-il rappeler que le texte de loi avait été adopté sous l’impulsion du chef de l’Etat Abdoulaye Wade, en juillet 2004, en Conseil des ministres.

Pour concrétiser ce projet humaniste, Wade s’est attaché les services de juristes reconnus dont Me Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel français et principal artisan de l’abolition de la peine de mort dans l’Hexagone, le 9 octobre 1981. Se voulant en adéquation entre le professeur de Droit, l’avocat et le démocrate soucieux au plus haut point, du respect de la vie humaine, il déclare pour justifier une telle décision : « seul Dieu a le droit d’enlever la vie à quelqu’un. Et tant que je serai à la tête du Sénégal, il n’y aura pas d’exécution ».

La messe était dite. Ce faisant, le Sénégal devenait-il le quatrième Etat membre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à bannir la peine capitale de ses lois après le Cap-Vert (1981), la Guinée-Bissau (1993) et la Côte d’Ivoire (2000). Alors les quatre derniers condamnés par la justice sénégalaise entre 2001 et début 2004, en sursis dans les couloirs de la mort, eurent-ils la vie sauve par la grâce de cette abolition.

Dans le chapitre des libertés publiques, le droit à la marche a été constitutionnalisé et consacré en tant que droit d’expression, même si -il faut le reconnaître-, il y a hélas souvent, loin de la coupe aux lèvres, entre le principe et l’application de ce droit sur le théâtre souvent tourmenté des spasmes qui secouent souvent le corps sociopolitique sénégalais. L’autre grande avancée est la liberté reconnue à tout citoyen qui en remplit les conditions, de créer un organe de presse sans autorisation préalable.

A l’avènement du nouveau Code de la presse qui est dans les pipelines de l’Assemblée nationale du Sénégal attendant d’être voté en loi, le secteur de la presse sénégalaise connaîtra un véritable aggiornamento juridique et socio-économique en faveur de ses acteurs. Parachevant ainsi un pilier central de la liberté d’expression, celle de la presse. Toutefois, à côté de ces droits que l’on pourrait appeler classiques, le régime de l’Alternance y a adjoint, par la Constitution du 7 janvier 2001, une nouvelle catégorie de droits socio-économiques. Parmi ceux-ci on peut citer : le droit des femmes à une discrimination positive (Affirmative action selon les Anglo-saxons) ; la condamnation de l’excision -qui est en passe de devenir une loi et faisant ainsi du Sénégal le premier pays au monde à le considérer comme un crime – ; le droit de la femme à la libre disposition de ses biens (art. 19) ; le droit à la propriété de la terre garanti aussi bien aux hommes qu’aux femmes (art.15).

On peut également citer, à l’actif du régime de l’Alternance, la protection de la jeunesse et le droit de tous à l’éducation ainsi que ceux reconnus aux personnes handicapées, aux femmes âgées et les protections particulières auxquelles ont droit les familles urbaines et surtout rurales (art.17).

La reconnaissance internationale d’un combat

Une telle volonté pour un chef de l’Etat d’élever son pays au statut d’espace des libertés ne pouvait que rencontrer un écho favorable auprès des démocrates et autres pasionarias de la liberté et des droits de l’Homme. Ainsi, le président Wade voit-il son combat aussi déterminé que persévérant récompensé et enfile, entre autre, les satisfecits : le Prix international de la Ligue internationale des droits de l’Homme en septembre 2004 à New York, le Prix Harriman décerné par le prestigieux et influent Think tank washingtonien, le Ndi (National democratic institute ou Institut démocratique national) en décembre de la même année à Washington et enfin le Prix Houphouët-Boigny pour la paix de l’Unesco, en mai 2006 à Paris. Ses admirateurs sont formels : le prestige d’un homme se confond, le plus souvent, à celui de son pays.

Petit pays de 196. 720 km2, le Sénégal n’en est pas moins une puissance diplomatique dont les positions importent dans le monde. Si ses prédécesseurs, Senghor et Diouf, ont donc élevé le rayonnement diplomatique du pays en un principe sacro-saint afin de faire entendre sa voix dans le concert des nations souveraines, Wade n’a pas dérogé à cette règle.

Rayonnement international du Sénégal

Aussi allait-il imprimer son leadership en Afrique dès les prémices de son premier mandat. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York et que se profilait les contours d’un nouveau Yalta de la croisade anti-terroriste sous l’égide de Washington et de Londres et ou l’Afrique semblait à l’évidence être exclue, tant l’attentisme et l’immobilisme des dirigeants du continent étaient patents, le président Wade prit l’initiative de convoquer le 17 octobre 2001, un sommet et fait adopter un « Pacte africain contre le terrorisme ».

C’est toutefois avec le Nepad (New economic partnership for Africa’s development ou Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique)- un plan stratégique de développement du continent africain conçu par les Africains- et adopté par les chefs d’Etat africains en juillet 2001, que le président Wade a fait preuve d’un incontestable leadership intellectuel et diplomatique. En effet, le Nepad procède de la fusion entre le plan Omega conçu par Wade lui-même et le Map (Millenium african renaissance programme ou Programme de la renaissance africaine pour le Millénaire) présenté par les présidents sud-africain Thabo Mbeki, nigérian Obasanjo, algérien Bouteflikha et égyptien Hosni Moubarak.

Exemplaire du leadership sénégalais dans la formulation du Nepad, Dakar accueille en avril 2002 une conférence internationale sur le Nepad.

Cet engagement de Wade en faveur de la prise en charge par l’Afrique de son propre destin économique et politique, lui vaut quasiment une des deux places d’invités au nom du continent africain à tous les sommets du G8.

Ainsi, grâce à ce leadership du président Wade vis-à-vis du Nepad, Dakar fut l’unique capitale ouest-africaine visitée par le Premier ministre britannique d’alors, Tony Blair, lors d’une tournée en Afrique de l’Ouest. Visite en guise de soutien au Nepad dont il promit d’en être le porte-parole au sommet du G8 de Montréal en juin.

Même combat inlassable lorsqu’il s’agit de réclamer une réforme du Conseil de sécurité de l’Onu afin que l’Afrique y soit représentée ou encore de lutter contre la fracture numérique.

Lorsqu’il s’agit également de défendre les intérêts du Sénégal ainsi que ceux du continent africain, le président Wade n’accepte aucun compromis.

Par exemple, lorsque les 27 pays de l’Union européenne contraignaient lors du IIe Sommet Ue-Afrique en décembre 2007 à Lisbonne les pays africains à signer de nouveaux traités commerciaux (les fameux Ape) avant le 31 décembre 2007 en application de l’Accord de Cotonou (juin 2000), qui prévoit la fin de la Convention de Lomé (1975).

En d’autres termes, les pays d’Afrique (mais aussi des Caraïbes et du Pacifique) étaient sommés de laisser entrer dans leurs marchés -sous la pression des 27- les exportations (marchandises et services) de l’Union européenne sans droits de douane. Enrobés sous le vocable trompeur d’Ape, ces accords relèvent en réalité du libre-échangisme le plus sauvage.

Pour une des rares fois et sous l’égide de Wade, l’Afrique fit bloc pour s’opposer à ce que tous les observateurs ont qualifié de diktat « colonialiste ». Un refus que salua toute la presse internationale ainsi que les hommes de bonne volonté militant pour davantage de justice et d’équité dans les relations internationales dont le rédacteur en chef du « Monde diplomatique », Ignacio Ramonet. Dans un éditorial retentissant « l’Afrique dit Non ! » du « Monde diplomatique » de janvier 2008, il écrit : « Le président sénégalais Abdoulaye Wade a dénoncé ce forcing et a refusé de signer. Il a claqué la porte. Le président de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki l’a immédiatement soutenu. Dans la foulée, la Namibie a également pris la courageuse décision de ne pas signer, alors qu’une augmentation des droits de douane de l’Ue sur sa viande bovine marquerait la fin de ses exportations et la mort de cette filière. »

Sur un autre registre, le Sénégal demeure un membre écouté et respecté au sein de la Oummah islamique pour diverses raisons : une majorité musulmane (95 pour cent de la population) pratiquant ce que des spécialistes, tels Vincent Monteil, appellent un « Islam noir original » secrété par de puissantes et influentes confréries religieuses, le tout sur fond d’une coexistence interreligieuse exemplaire.

Aussi après une première conférence de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) tenue à Dakar en mars 1992 sous la présidence d’Abdou Diouf, le président Abdoulaye Wade a-t-il accueilli ses homologues musulmans du monde entier à Dakar, le 8 mars 2008 à Dakar.

Outre le prestige diplomatique de recevoir pour la deuxième fois, la Oummah islamique à Dakar, le président Wade a réussi le tour de force de réunir autour d’une même table les deux frères ennemis, le Soudanais Omar el-Béchir et le Tchadien Idriss Déby Itno qui s’accusent de se déstabiliser mutuellement par rébellions interposées. Rencontre qui déboucha sur la signature, le 12 mars 2008, d’un accord de paix entre deux voisins sous les yeux de témoins aussi prestigieux qu’Alpha Omar Konaré, président sortant de l’Union africaine et de Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations unies.

Même si, hélas, à l’instar de maints accords qui se sont succédé, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs alors entretenues à Dakar. Ce volontarisme diplomatique est cependant à saluer et ouvre les perspectives d’une nouvelle résolution africaine à résoudre ses propres problèmes.

Signe que cette offre de bons offices est exemplaire d’une vocation et d’un engagement diplomatiques historiques dont Dakar constitue la rampe de lancement : l’obtention par le médiateur sénégalais, Cheikh Tidiane Gadio (alors ministre des Affaires étrangères) du premier cessez-le-feu entre les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) et les rebelles de l’ex-Fn en 2000 ; les pourparlers à Dakar, entre le président Didier Ratsiraka de Madagascar et son principal opposant d’alors, Marc Ravalomanana ; les négociations inter bissau-guinéennes ; l’accord qui permit le déblocage de l’impasse politique puis l’organisation d’une élection présidentielle en Mauritanie…

Ce prestige et leadership diplomatique du Sénégal et de son président, Wade, auraient eu, tout de même un goût d’inachevé s’il n’était orienté dans l’affirmation économique du Sénégal afin de mieux répondre aux aspirations de bien-être de ses citoyens.

Diplomatie économique

Aussi depuis le 19 mars 2000, le concept de « diplomatie économique » se trouve-t-il inscrit au cœur de la « nouvelle diplomatie sénégalaise » mise en œuvre par Dakar.

Les objectifs de cette nouvelle doctrine diplomatique sont clairs. Ils ont noms : capter davantage d’investissements en faisant du Sénégal un pays plus attractif, relance de la croissance économique, créer les conditions d’une économie émergeante et redéploiement vers de nouveaux horizons – celle Sud-Sud s’entend surtout – de la coopération internationale. Pour les besoins de la cause, les jalons sont déjà posés : stabilité politique, sécurisation juridique de l’environnement économique, privatisation des entreprises, développement tous azimuts des infrastructures routières et hôtelières, cadre fiscal et réglementaire jugé souple…

Seule ombre au tableau – même si le gouvernement s’échine à y remédier – les carences dans la fourniture d’électricité fait perdre, selon les spécialistes, des poussières de points de croissance.

Ainsi, à la faveur de la coopération Sud-Sud, des usines de montage de voitures sont maintenant implantées au Sénégal. Si Seniran Auto (Iran) fait une véritable percée sur le marché des voitures taxi avec la marque Mandori, Senbus Industries (Inde) opère, pas à pas, une véritable révolution silencieuse dans le créneau des minibus Tata. Implanté à Thiès (60 km de Dakar), le ministre indien des Affaires étrangères, Digivijay Singh, a qualifié Senbus Industries de « véritable symbole de la coopération Sud-Sud » lors de son inauguration en compagnie des présidents Wade du Sénégal, Compaoré du Burkinabé, el-Béchir du Soudan, de Maaouya Ould Taya alors président de la Mauritanie et de Pedro Pires du Cap-Vert. Dans le secteur portuaire, Dubai Ports World s’est vu concéder en 2007, le terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar qui était, depuis plus d’un siècle, entre les mains de Sdv appartenant au Groupe Bolloré (français).

Attaché au principe de la primauté des intérêts économiques du Sénégal sur toute autre considération, les liens diplomatiques rompus avec la République populaire de Chine – un des piliers aujourd’hui des nouvelles puissances économiques mondiales, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine)- ont été renoués dans l’intérêt bien compris des deux pays. Avec cette option, le régime de l’Alternance a, sans conteste, fait preuve d’une véritable réflexion stratégique en matière de diplomatie.

Critiquer en dénonçant, comme s’y sont adonnés certains, l’irrationalité qui prévaudrait à la multiplication des représentations diplomatiques, consulaires et missions économiques du Sénégal à l’extérieur sous le régime de l’Alternance, c’est être incapable de lire les inflexions « real economik » imprimées à la nouvelle diplomatie sénégalaise depuis 2000.

Si sur le plan africain, des pays comme l’Afrique du Sud, l’Angola, la Libye ou le Cameroun sont des géants économiques, le Brésil en Amérique latine, Oman et Bahreïn au Proche-Orient ou Pakistan, Turquie et Malaisie en Asie, ne le sont pas moins.

Répondant toujours à l’exigence d’une « diplomatie utile », quatre missions économiques, selon les sources du ministère des Affaires étrangères, ont été mises en place depuis 2000 : il s’agit de Paris, Madrid, Washington et Bruxelles.

De toute évidence, le Sénégal a toujours été attaché à la dignité et à la liberté de ses citoyens. Mais aussi et surtout à l’Etat de droit, ce qui lui a toujours valu un rayonnement international sans commune mesure avec sa taille. Les présidents Senghor et Diouf en ont posé les fondements.

Mais si le président Wade a conforté l’édifice, il a surtout compris que le salut des Etats africains passe par une défense déterminée et sans complexe de leurs intérêts sur l’échiquier international. La diplomatie économique, plus prosaïquement. Qui disait, depuis les années 60, que les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts. Il n’était que temps !

Amadou Oury DIALLO
lesoleil.sn

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