Le Wolof Se Parle Et S’ecrit

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Aujourd’hui, la langue la plus parlée au Sénégal est sans aucun doute le Wolof même si le français, langue du colon reste notre langue officielle. Malgré ce constat, l’écriture du wolof en alphabet latin reste incomprise par bon nombre de compatriotes. Ce qui explique que de nombreuses fautes d’orthographe sont souvent décelées sur des titres d’émissions, de journaux, de noms de partis politiques ainsi que sur des affiches publicitaires que nous croisons dans les rues de Dakar et qui seraient pourtant inimaginables voire inacceptables en français.

Nous pouvons citer en guise d’exemples quelques textes célèbres tirés du wolof loin d’être correctement écrits: « Jakaarloo bi », alors qu’on devait l’écrire correctement ainsi « Jàkkaarloo bi », « Jongante » alors que c’est « Jo?ante », « Coow li Coow li » aussi devait être écrit ainsi et non « Thiowlii Thiowlii », « Kër gi » non « Keur gui », « Amul Nëbboo »non« Amoul Nebbo », « Suukëru Koor » non« Soukeurou Kor », « Attaaya » non« Ataya », « Tolluwaayu Jamono » non« Tolouwayou Diamono », « Tës » non« Teuss », « JóoniJóoni » non« Joni Joni », « Réew mi » non « Rewmi », « Siiwël » non« Siweul », « Sunu Làmb » non« Sunu Lamb », « Jërëjëf » non« Dieuredieuf », « Ñoo far » non« Nio far », « Bàjjanu Gox » non« Badianou Gokh »…etc. Pour ne citer que ceux là.

Si nous sénégalais nous ne valorisons pas notre langue nationale personne d’autre ne le fera à notre place. Le wolof se parle et s’écrit !

Mieux, le Décret N° 2005-992 du 21 octobre 2005 fixe l’orthographe et la séparation des mots dans l’écriture du wolof en alphabet latin. Il faut tout de même retenir que l’adoption des caractères latins pour l’écriture des langues nationales comme l’orthographe du wolof a été codifié depuis les années 60. C’est ensuite que le décret n° 85-1232 du 20 novembre 1985 abrogeant et remplaçant le décret 75-1026 du 10 octobre 1975 a été pris avec pour objet d’améliorer davantage les principes et règles d’écriture régissant l’orthographe du wolof.

Malgré toutes ces dispositions réglementaires, l’écriture de notre très cher wolof est massacrée dans quasiment toutes les nouvelles technologies de communication : sms, facebook, viber, whatsapp, radio, télé, journaux…etc.

D’ailleurs la Journée internationale de la Langue maternelle qui a été proclamée par la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) est célébrée chaque année depuis février 2000 afin de promouvoir la diversité linguistique et culturelle.

La date du 21 février a été choisie en hommage aux 5 étudiants tués par la police en 1952 à Dacca, aujourd’hui capitale du Bangladesh alors qu’ils manifestaient pour que leur langue maternelle, le Bengali soit nommée langue officielle dans ce qui était à l’époque le Pakistan oriental, et qui est devenu le Bangladesh après la guerre de libération.

Plusieurs ouvrages, de poèmes très instructifs sont écrits en langue wolof. Malheureusement ceux qui en profitent sont moindres car ils sont pour la plupart écrits en wolof mais avec l’alphabet arabe alors que ceux qui ont les capacités intellectuelles de puiser dans ces écrits représentent une infime partie de la population sénégalaise. En conséquence énormément de livres d’intérêt national voire même international dorment dans des tiroirs faute d’incompréhension ou d’inexploitation. A l’opposé si la majeure partie des citoyens sénégalais avait été alphabétisée à l’écriture du wolof, il deviendrait très facile de le réécrire correctement en alphabet latin pour ainsi faciliter la lecture et la compréhension de celui ci. C’est l’exemple des poèmes de Sëriñ Mbay Jaxate, Seex Muusaa Ka, Sëriñ Moor Kayre, Seex Sàmba Jaara Mbay, des paroles instructives en wolof de Seex Ahmadu Bàmba, Seex Ibraahima Faal, Seex Muusaa Siise Njàmme Daaru et tant d’autres Sages parmi nos aïeux.

Il est aujourd’hui indispensable de s’imprégner de ses valeurs culturelles au vu de la transformation du monde en un village planétaire dû à l’évolution irréversible de la technologie qui a engendré la croisée de toutes les cultures. D’où la nécessité de s’enraciner spirituellement et culturellement avant de procéder à une ouverture inévitable qui facilitera notre participation à la marche du monde.

En réalité, il faut éviter dans cette procédure de s’intéresser à l’autre de façon excessive, jusqu’à s’oublier soi-même. En effet, les efforts physiques et psychologiques fournis pour parvenir à parler, lire et écrire une langue étrangère correctement sont sans nul doute moindre pour en être capable dans sa langue maternelle ou encore nationale.

Le wolof est la langue la plus appropriée pour faire passer un message dans notre cher Sénégal et les politiques l’ont bien compris et en ont fait leur langue usuellepour faire passer leurs messages et leurs noms de partis et coalitions politiques (Bennoo Bokk Yaakaar, Luy Jot Jot na, Réew mi, Bokk Gis Gis, Bis du ñàkk, Bennoo Siggil Senegaal…etc). Les agences de publicité en sont autant conscientes et réalisent de plus en plus des spots télévisés en Wolof.

S’agissant de l’adresse à la Nation du Président de la République aussi, ne serait-il pas beaucoup plus cohérent de la tenir dans une langue comprise par plus de 80% de sa population (Wolof) que par une langue parlée par moins de moins de 20% de celle ci (français) ? Et comme il est destiné à la Nation, le faire avec la langue nationale serait plus pertinent.

Un constat partagé et largement vérifiable est l’accessibilité du wolof pour communiquer au Sénégal ! Nous pouvons citer la grande audience des revues de presse en wolof des journaux alors tous écrits en français. De même les émissions télés ou télé réalité les plus suivies dans notre paysage audiovisuel local sont faites en wolof.

Il relève donc de la responsabilité de l’Etat d’assister sa population à travers notamment ses écoles en vue de faciliter l’alphabétisation aux langues locales ; d’autant plus qu’apprendre et comprendre sont beaucoup plus faciles avec la langue maternelle. Un tel système n’exclut pas l’apprentissage des langues étrangères comme cela se fait présentement avec l’anglais ou les langues vivantes (arabe, portugais, espagnol, allemand…).

C’est la raison pour laquelle nous avons jugé nécessaire de faire un bref résumé qui peut aider tout concitoyen intéressé à savoir lire et écrire le wolof.

BIEN LIRE ET ECRIRE LE WOLOF AVEC L’ALPHABET LATIN

Pour écrire le wolof, on utilise l’alphabet latin qui a des différences particulières de l’alphabet français.

Les consonnes sont : b, c, d, f, g, h, j, k, j, l, m, n, ñ, ?, p, q, r, s, t, w, x, y.

– Les voyelles sont : a, à, e, ë, é, i, o, ó, u.

Vous constaterez qu’il n’y a que 2 des 26 lettres de l’alphabet français qu’on n’utilise pas pour écrire le wolof avec l’alphabet latin. Ce sont : «v» et «z».

Il y a des lettres qu’on lit en écriture du wolof comme on le lit en français. Ce sont : a, b, d, f, g, h, i, k, l, m, n, o, p, r, s, t, w, y. La lettre y se lit parfois en français « i » mais pas en wolof.

Il y en a d’autres qui sont lis différemment :

la lettre «e» Exemple : dex (lac) pas dékh, xale (jeune) pas khalé, benn (un), set (propre), sell (sain).

La lettre «j» Exemple : jaay (vendre) pas diaye ou diaay, jub (droit) pas djoub ou dioub.

La lettre q Exemple : doq (nuque) pas dokke, soq (piler), làqatu (se cacher).

La lettre «u». Exemple : nuru (ressembler) pas nourou, mburu (pain) pas mbourou.

La lettre «x». Exemple : xeex (se battre) pas Khèkhe, xam-xam (savoir).

Il y a aussi de lettres « nouvelles », utilisées pour écrire le wolof et qui n’existent pas pour le français. Ce sont : «ñ» – «ó» – «?».

Exemple : ñebbe pas niébé ou gnébé, ñaan (prière).
Exemple : jógal (léve-toi).

Vous constaterez que la prononciation de la lettre «ó» est plus accentuée que celle du « o » sans accent ; Exemple : damaa bari bor (j’ai beaucoup de dette) et maa ngi jóge Tuubaa (Je viens de Touba).

La lettre «?» est utilisée pour écrire ?aam (mâchoire), do?? (seulement), ?oy (bien attrapper).

NB : Pour avoir le son « eu » dans le mot « peu », on utilise le «ë» (e trément).

Exemple : Sëriñ (Marabout) non Serigne ni Seurign, kër (maison) non keur ni ker,Mbër (lutteur) non mbeur. La lettre «é» donne un son différent de «e».

Exemple : xel (esprit), xél (vitesse), déglu (écouter), fel (puce), fél (heurter), sell (sain), jéll (chûte).

Quand 2 voyelles ou 2 consonnes se suivent :
Exemple : aa, ee, ée, ëe, ii, oo, óo, uu, bb, cc, dd, gg, jj, kk, ll, mm, pp, tt, ww, yy,
on le lit en le tirant si les 2 voyelles comme dans xaar (attendre), xeer (pierre), dibéer (dimanche), bëer (nom de poisson), biir (ventre) door (débuter), dóor (frapper), buur (roi).

Cependant si on a 2 consonnes, le son est doublé en lecture, c’est comme l’effet du « Chadda » en écriture arabe. Vous constaterez la différence. Exemple : Gan gi dem na (l’invité est parti). Xaal bi daa diis gann (le melon est très lourd), ñebbe (niébé), nàcc (saigner), sedd (frais), dégg (entendre), dàjji (défoncer), lekk (manger), sell (sain), namm (avoir la nostalgie), sàppi (dégoûter), bett (surprendre), yewwi (détacher), bàyyi (laisser).

Vous avez dû constater que les f, h, q, r, s et x ne peuvent pas être doublés en écriture du wolof avec l’alphabet latin.

N.B : Il n y a aucune lettre dans l’écriture du wolof qui change de son par rapport au mot où il est employé comme cela peut arriver en français.

Il arrive aussi qu’en écriture la lettre (a) soit détachée du mot qu’elle précède mais on l’y rattache en lecture comme sur ces exemples : Daa bëgg a tedd te du sonn (Il veut être riche sans être fatigué). Ku dul joxe war a bañ a laaj (Celui qui ne donne pas ne doit rien demander).

Ceci aussi arrive parfois avec la lettre (i), qui est parfois détachée en écriture mais rattachée en lecture. Cependant dans ce cas, c’est quand elle signifie »ay » (des).

Exemple : woo leen seen i xarit (Appelez vos amis). Kuy topp i tere, lu ko dal moo ko teg boppam (Celui qui suit des interdits en récoltera les conséquences).

Par Allaaji Jibi Séy
Auteur de Jàngal sa Diine ci Wolof et de
SeexAhmaduBàmbaXaadimuRasuulJaar-JaarakJàngale
Email : [email protected]

14 Commentaires

  1. Jërëjëf sëriñ Alaaji pour la contribution. Seulement je voudrai dire que la lettre que vous avez matérialisée par le signe de ponctuation « ? » s’écrit comme un N inverse. dommage que je ne peux écrire ce caractère avec le clavier.

  2. Voici quelques passages qui ont sauté dû au fait que la lettre ? n’est peut être pas connu par le serveur.

    « Jongante » alors que c’est « Jo?ante »,

    Il y a aussi de lettres « nouvelles », utilisées pour écrire le wolof et qui n’existent pas pour le français. Ce sont : «ñ» – «ó» – «?».

    La lettre «?» est utilisée pour écrire ?aam (mâchoire), do?? (seulement), ?oy (bien attrapper).

  3. qu’en est il des autres langues comme le PULAR qui a une audience internationale bien plus grande que le Wolof,parlée uniquement par une partie de la population sénégalaise

    • Si on devrait opter une langue qui se parle à international, ce serait l’anglais. Ici on parle du Sénégal. Comme l’allemand en Allemagne, le japonais au Japon ou l’italien en Italie. Wa salaam!

  4. Francis Contin , Tubaab acheter woy ci Wolof , voulait être heureux avec cela. Il a écrit et a fait beaucoup de chansons en Wolof . Il est mort à Paris le 18 Avril 2015. À partir de 2015, il a sorti son album de compilation finale avec neuf de ses chansons les plus célèbres .

  5. La lettre «?» est utilisée pour écrire ?aam (mâcoire), do?? (seulement), ?oy (bien attrapper).

    (Vous avez dû constater que les f, h, q, r, s et x ne peuvent pas être doublés en écriture du wolof avec l’alphabet latin.)
    – Di fàttli rekk ne wolof àm na baat bu ñu’y wàx « mërr » (réer mërr); ba tàx def ci dànk da na ci baax.

    Repondre

    Àm na solo lool, te gànjaru.

  6. Il faut qu’on commence par jeter cet alphabet en adoptent des manuscrits africains. Sur Google si tu tapes alphabet wolof tu trouveras de magnifiques manuscrits, il faudra qu’on commence à les valoriser

  7. Jërërëf, man allemande la, sama jëkker senegale la. Damay jàng wolof, ak damay jàng a binde Wolof bi officiel. J‘ai beaucoup des problemes avec les messages de ma famille et de mes amis écrit en Wolof „ commun“. Je recommande la dictionnaire de Jean-Léopold Diouf et la Littérature du label Céytu

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