L’indice d’inconfort que je mesure par la somme du taux de chômage +plus le taux des emplois précaires +plus le taux d’inflation des produits de première nécessité caracole aujourd’hui au Sénégal dans la fourchette des 75% à 80%. Cela veut dire que l’espoir est éteint et c’est pourquoi les jeunes sénégalais pensent qu’il faut quitter le pays pour rallumer un brin d’espoir.
Le ministre de l’économie a proposé un plan de relance pour sortir de la dépression économique dans laquelle se trouve le pays, cependant on ne peut pas relancer quelque chose qui n’a jamais été lancé,c’est pourquoi nous pensons qu’il faut à la place , faire la seule chose qui vaille: LANCER ENFIN l’ÉCONOMIE.
D’une certaine façon, il est facile d’expliquer la grande disparité des niveaux de vie entre la France, les États unis, le Canada et le Sénégal. Cette explication peut se résumer en un seul mot : la productivité: c’est a dire la quantité de biens et services qu’un travailleur peut produire en 1h de temps.
Les determinants de la productivité sont:- 1)les ressources naturelles -2)les outils et équipements de travail-3)les connaissances et aptitudes que les travailleurs ont acquis -4)et le facteur déterminant qui constitue un effet de levier considérable: les connaissances technologiques.
Pour créer des emplois en masse, il faudra maîtriser ces 4 facteurs. Il faudra, à la base que nos ressources naturelles nous appartiennent d’abord, d’où l’importance de renégocier les contrats signés avec une légéreté et une incompétence indigne d’un dépositaire des suffrages.
Pour créer des emplois en masse, il faut aussi:
ALLER À L’ASSAUT DES TECHNOLOGIES MATURES:
Par technologies matures, j’entends les technologies qui existent depuis la révolution industrielle. Le temps est venu pour nous de fabriquer des frigidaires, des congélateurs , des téléviseurs, tracteurs .Cela permettra de créer massivement des emplois, à travers l’industrialisation de notre économie. Les connaissances existent, il faut y mettre le prix à payer, c’est a dire créer un grand centre de recherche et de développement ultra moderne avec un budget minimal de 500 milliards par an, un centre qui devra donner a l’homme de science sa véritable dimension. Le Sénégal pourra attirer dans ce centre, par un niveau de salaires compétitifs à l’échelle mondiale, les meilleurs scientifiques qu’ils viennent de la Silicon Valley , Dakar, New Delhi., Singapour, afrique du sud, kenya etc….
AGRICULTURE ET ÉLEVAGE INTENSIF:
Si nous avions investi les 1000 milliards du train Dakar Diamniadio dans l’agriculure et l’élevage, nous aurions atteint l’autosuffisance alimentaire au moment où nous parlons. Nous serions autosuffisants en riz , en légumes , en viande , en lait et ferions travailler sur une base annuelle ces 60% de la population active qui sont dans ce secteur de l’agriculture et de l’élevage et ainsi diminuer de facon substantielle, le coût de la vie. Cette surproduction engendrera inéluctablement un besoin de transformation, d’où le développement d’un tissu agro-industriel. C’est une question de vision.
RAMENER LE TAUX CHANGE AU NIVEAU D’AVANT DÉVALUATION
Avec le taux de change d’avant dévaluation du FCFA de 1994, nous aurions 1 euro = 327 FCFA au lieu de 655 FCFA, ceci nous permettrait de baisser automatiquement le coût de la vie de l’ordre minimum de 50% car l’économie du Sénégal est structurellement tournée vers les importations.
Je rappelle juste qu’1 euro = 113 shilling Kenyans, le Kenya est un pays qui gère sa propre politique monétaire et adopte un regime de ciblage de l’inflation de l’ordre de 4% à 6%.
Le Train Express (TER) nous aurait coûté la moitié du prix actuel, 500 milliards au lieu de 1000 milliards, une économie automatique de 500 milliards. ILA Touba nous aurait coûté la moitié de son prix, ainsi de suite…
Nous avons les réserves de change nécessaires pour imposer ce taux de change (notre zone monétaire détient 80 milliards d’euro de réserves à la banque de France), ce qui est amplement suffisant pour assurer la parité 1 euro = 327 FCFA.
Ce rééquilibrage peut être utile dans la phase de rattrapage de notre économie et empêchera aux entreprises étrangères de faire une O.P.A sur nos actifs .
Par la suite nous devrons nous battre pour aller vers une économie exportatrice, qui implique une monnaie adossée sur un panier de devises, dont le plus important serait le dollar, afin de faire varier notre monnaie selon les besoins de notre économie.
Force est de constater, que le régime actuel n’a pas un agenda de développement, ou du moins,ne comprend pas les enjeux liés au développement. Les débats de décérébrés qu’il nous impose, en l’occurrence le troisième mandat, la suppression de la ville, la nomination de maire, doivent être combattus par une mobilisation exceptionnelle des jeunes du pays pour siffler la fin de la récréation .
Mamadou Dame Dioum
Analyste Financier (Ottawa, Canada)