Les aboiements contre BT et Abel par Madiambal Diagne

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Babacar Touré, président du Conseil national pour la régulation de l’audiovisuel (Cnra), a du pain dur sur la planche. Le président de la République, Macky Sall, a décidé de confier au Cnra, la mission de conduire le processus de préparation du basculement de la diffusion audiovisuelle analogique vers le numérique, au plus tard le 17 juin 2015, date butoir fixée par l’Union internationale des Télécommunications.
Cette décision présidentielle, pourtant identique au procédé emprunté par la plupart des pays du monde en vue de respecter ce rendez-vous technologique incontournable, n’a pas fait que des heureux. Bien au contraire ! Le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique, Cheikh Habiboulaye Dièye, a trouvé un allié objectif, en la personne de son prédécesseur à ce département, Abou Lô, l’actuel directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications et des Postes (Artp), pour partir en guerre contre le président du Cnra. Cheikh Bamba Dièye et Abou Lô voudraient, chacun, être désignés pour conduire la mission. Le chef de l’Etat en a décidé autrement et a de bonnes raisons pour le faire. Dans la plupart des pays du monde, l’opération du passage de la diffusion audiovisuelle par le procédé analogique aux nouvelles technologies numériques, a été menée à terme par l’instance de régulation du secteur de l’audiovisuel. Les exemples de la France, de la Belgique, de la Suisse, du Niger, du Burkina Faso entre autres, sont là pour le confirmer. En Afrique, seule la Côte d’Ivoire, pour des raisons de politique intérieure évidentes, a laissé le ministère de la Communication chapeauter le processus. Seulement, au Sénégal, le Président Macky Sall a une autre bonne raison de disqualifier le ministre Dièye et le directeur général de l’Artp. Ces deux personnalités, ainsi que des membres de la structure qui assurait le pilotage de la transition numérique avant la mise en place du groupe dirigé par Amadou Top, avaient commis l’imprudence ou la maladresse de se rendre suspects. En effet, ils avaient accepté de se rendre en Chine à l’invitation, tous frais payés, d’un opérateur qui se positionnait déjà pour remporter le marché. Babacar Touré, qui n’était encore responsable de rien du tout dans l’opération, avait décliné l’invitation pour, disait-il, des raisons éthiques. Depuis ce fameux voyage à Beijing, dont les participants sont poursuivis par une forte clameur qui voudrait qu’ils n’étaient pas rentrés les mains vides, l’opération de transition au numérique revêt un nouvel enjeu de combat à mort. Il y a lieu de rappeler que l’ancien ministre de la Communication, Moustapha Guirassy, ainsi que l’ancien directeur général de la Rts, Babacar Diagne, avaient fini d’être soupçonnés, à tort ou à raison, de tout.
Il n’est donc pas étonnant que le nouveau Comité national de transition de l’analogique au numérique (Contan) soit la cible d’attaques groupées. Mais avant de juger leur travail, ne devrait-on pas au moins les laisser faire ? A peine les termes de référence pour la présélection des opérateurs élaborés et rendus publics suite à une large concertation du Contan avec tous les acteurs, des voix s’élèvent pour l’accuser de vouloir magouiller. Les auteurs de ces attaques, dont certains acteurs, avaient cherché en vain à convaincre le chef de l’Etat de la nécessité de les coopter dans le Contan, sachant parfaitement que cela poserait de gros problèmes car ils seraient juges et parties. Plus grave et c’est un secret de polichinelle, chacun d’eux est en train de cornaquer un opérateur étranger pour remporter ce marché chiffré par le Contan au maximum à 64 milliards mais qu’une propagande sournoise présente comme un enjeu financier de plus de 300 milliards de francs Cfa. Personne ne pense même pas au Groupe Excaf de Ibrahima Diagne Ben Bass, une entreprise sénégalaise qui a pourtant pris de l’avance dans le domaine.
Babacar Touré et le Contan restent sur une ligne inflexible de ne pas se laisser divertir et de travailler à mener la mission à terme, dans les meilleures conditions et dans l’intérêt exclusif du Sénégal. On pourrait d’ailleurs se féliciter du travail déjà effectué car ils sont en train de résorber tous les retards accusés par le Sénégal et, en moins d’un mois de travail, ils ont fini de lancer les manifestations d’intérêts en direction des opérateurs. Cela n’avait pas été possible avant eux, car les autres étaient plus préoccupés à rencontrer les potentiels opérateurs plutôt qu’à définir les règles d’une concurrence saine, loyale et transparente. De toute façon, à l’issue de la présélection, le Contan assure qu’il remettra les résultats au chef de l’Etat qui procédera au choix final de l’opérateur qui sera chargé de mener les travaux. Macky Sall appréciera l’opportunité de confier la mission à tel ou tel opérateur, en fonction notamment du respect des délais mais surtout des possibilités de financement par le Sénégal. Faudrait-il recourir à un prêt concessionnel, à un prêt selon les taux du marché ou le budget de l’Etat pourra-t-il assurer directement l’opération ?
Le procès en sorcellerie contre le Contan est non seulement bien prématuré, mais il révèle aussi un état d’esprit caractéristique des acteurs des médias sénégalais. Il transparaît dans les diatribes une férocité qui traduit une jalousie maladive à l’endroit des leurs. Il suffit qu’un journaliste soit promu à une position nationale pour que ses confrères lui creusent une tombe. C’est comme si les hommes et femmes de la presse ne voient leur destin que d’accompagner les autres, de leur servir de garçons et filles de courses. Voyons l’ignoble comité d’accueil qui a été réservé à Abou Abel Thiam, qui vient d’être nommé à la présidence du Collège des délégués à l’Artp. Il n’y a pas plus indiqué qu’un professionnel des médias à cette fonction. Pourtant, aussi longtemps qu’il y avait une personnalité provenant d’un autre secteur d’activité professionnelle, la presse ne trouvait rien à dire. Il a fallu qu’un journaliste soit aux commandes pour qu’on n’attende même pas qu’il soit installé ou de savoir s’il réussira ou pas. Les salves commencent, comme cela avait été le cas avec les nominations de Abdou Latif Coulibaly, Souleymane Jules Diop, El Hadji Hamidou Kassé, etc. Franchement, il convient que les gens des médias soient animés d’une plus grande estime de soi !
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6 Commentaires

  1. les sénégalais dans leur grande majorité sont des complexés par rapport aux diplômes académiques. Aux USA la compétence et l’expérience professionnelle sont prisées au même titre que le cursus universitaire; je suis révulsé par cette lettre qu’on veut déposer devant la cour suprême pour annuler la nomination de Abou Abel Thiam. Les gens qui ont gravi les échelons par leur travail et leur sacrifice ne doivent pas avoir accès aux postes de direction ou de responsabilités. Voilà ou on en est au SENEGAL. La démocratie c’est aussi l’égalité de chance pour tous.

  2. Bonjour

    Tout à fait d’accord avec votre analyse Madiambal
    Les acteurs de la presse, écrite, parlée ou en ligne, sont en majorité des envieux, doublés de plus en plus de nullards

    Mais les chiens aboient, la caravane continuera son chemin

    Marvel

  3. Une des rares fois où je suis d’accord avec le bonhomme Madiabal.
    C’est ce que dénonçait l’artiste Mbengue, ici, on fait du « lambi golo ku jok daanu »…
    Personne ne tente rien et celui qui essaie de tenter est saisi par les pieds pour le tirer vers le bas… Qui parlait de nivellement par le bas, dans la presse?
    Babacar Touré, c’est quelqu’un dont je me souviens des propos quand on a voulu l’inquiéter parce qu’un de ses journalistes avait diffusé une interview de Salif(sanguinaire et narcotraficant) Sadio: »Vous me voyez, à mon âge, reculer? » C’est dire….

  4. n importe quoi vous journalistes trainez trop de carances pour diriger certaines structures. Faites des émissions, des papiers sur l’économie et les sciences. Vous n’osez même pas car votre niveau mathématique et statistique est lamentable. Vous n connaissez que la politique politicienne.

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