« Come on town ». Voilà le sobriquet par lequel les citadins, enfants de la ville, désignent gentiment les ruraux. Les « come on town » (les ruraux en ville) ce sont tous ces travailleurs qui ont quitté leur chez soi pour s’installer à Dakar pour mener leurs activités. Ils sont commerçants ou acteurs dans l’informel des petits métiers, étudiants, employés dans l’administration ou dans le privé, bref, ils sont dans tous les secteurs d’activités. En cette veille de fête, ils désertent la ville pour regagner le « bled », c’est-à-dire les villages de l’intérieur du pays.
Dakar est rempli de « come on town » (les ruraux). Cette expression connue de bien de Sénégalais est juste mais aussi évidente en période de fête, comme celle vers laquelle nous nous acheminons, la Tabaski. En effet, avec l’approche de la fête du mouton, Dakar se vide de sa population venue essentiellement de l’intérieur du pays. Ces « come on town » choisissent de rejoindre leurs familles et proches restés au « bled » (le village) pour célébrer avec eux la fête.
Partout dans la capitale, le constat est le même. Au niveau de la gare routière des Baux Maraîchers de Pikine, des minibus, des taxis « 7 Places », des bus quittent en masse pour rejoindre l’intérieur du pays. Il en est de même dans les quartiers à forte concentration humaine, où les bus qui rallient l’arrière-pays, communément appelés « Horaires », sont présents en nombre pour embarquer des voyageurs vers les destinations souhaitées. C’est le cas à Niarry Tally, à Grand-Yoff et aux Parcelles assainies.
Des voyageurs en partance pour le Fouta, la Casamance ou encore Kaolack, munis de leurs bagages, se sont rassemblés en masse au niveau des points de départs de ces « Horaires ». Rien ne semble altérer le bonheur des usagers de ces bus qui s’apprêtent à revoir leurs familles après une longue période d’absence. Ni la fatigue qui se lit sur leur visage, ni l’inconfort des lieux où des sièges assis sont introuvables, ni le vacarme qui règne autour d’eux, rien n’est assez fort pour entamer la joie de ces derniers qui se préparent à vivre de forts moments de communion avec la famille et les amis qu’ils ont dû laisser derrière eux pour tenter leur chance à Dakar.
Cette euphorie, Ndiabou Dramé, en partance à Waoundé (dans le Matam) et que nous avons trouvée à Niarry Tally, près de son bus, la ressent. Avec son teint marron et sa jolie coiffure, tout porte à croire que Ndiabou est prête pour la fête. Mais elle est surtout prête et très impatiente de revoir sa famille, après une année d’absence. Elle nous dit : « Je suis étudiante à Dakar et je n’ai presque jamais le temps de rendre visite à mes parents, c’est seulement à cette période de fête que l’occasion se présente. Je suis si heureuse de pouvoir enfin me rendre dans mon village auprès des miens après une longue année d’absence. Mon bonheur est incommensurable « .
Sur le sobriquet « come on town » dont les Dakarois les affublent affablement, Ndiabou, d’un rire fort, répond, taquine : « Franchement, ces Dakarois ne cesseront jamais de m’étonner. Nous les « come on town », on est infiniment plus intelligents qu’eux, ils ne connaissent rien de la vie, ils ne savent pas ce qui se passe ailleurs, leur vie ici est très étriquée et se limite à leur ville et ils s’en contentent. Je dis tout haut et tout fort que je suis « come on town » et fière de l’être ».
CONTRAINTS DE PAYER PLUS QUE LE TARIF NORMAL :Les voyageurs remontés contre les gérants des bus « horaires »
Connaissant les routes comme le fond de leur poche, l’intérieur du pays n’est plus un secret pour eux. Des zones les plus proches, à celles les plus reculées, ils convoient des voyageurs dans leurs régions d’origine, à bord de bus qu’on appelle communément « Horaires », qui semblent être le moyen de transport taillé aux besoins des populations.
En cette veille de fête de Tabaski, où l’essentiel de la population dakaroise quitte la ville pour célébrer la fête auprès de leurs familles se trouvant dans les régions de l’intérieur du pays, les « Horaires » jouissant d’un succès indéniable auprès des populations et ils font l’objet de plus de sollicitations. A Niarry Tally où nous nous sommes rendus à la rencontre de ces voyageurs, ils nous ont fait part d’une situation qu’ils jugent injuste, mais à laquelle ils sont obligés de se conformer, s’ils veulent retrouver leurs familles et célébrer avec elles la Tabaski.
En effet, à l’instar des apprentis « Car rapides » ou des taximen qui charcutent les itinéraires ou augmentent les tarifs du transport, lors des grands événements, les gérants des bus « Horaires » font la même chose. Sally Dibagan, rencontré à Niarry Tally et devant se rendre dans son village d’origine, est très remonté contre la hausse des tarifs.
« On a énormément de problèmes avec cet « Horaire’ qui doit nous conduire au Fouta. Les tarifs fixés à un prix bien déterminé ne sont pas respectés en cette veille de fête. J’avais déjà réservé mon billet que j’ai payé à 8000 francs Cfa et une fois sur place, aujourd’hui (Ndlr : jeudi) pour le voyage, on me dit que je dois débourser 2000 francs Cfa supplémentaires pour pouvoir effectuer le voyage et aussi je dois payer pour mes bagages un supplément. C’est irrespectueux à l’endroit des usagers. Beaucoup d’entre nous sont bloqués à cause de ces changements de dernière minute qui ne reposent sur rien. Honnêtement, il est temps de revoir notre système de management en Afrique, ce sont des choses malhonnêtes qui nous enfoncent davantage, c’est insensé ».
Aminata Talla, quant à elle, fustige le non respect de l’heure du voyage que les responsables du bus avancent. Selon elle, ils ne respectent jamais les horaires de départ, en dépit du nom pourtant évocateur de ces bus appelés « Horaires ». « Durant les événements comme la Tabaski, les organisateurs nous convoquent à 15 heures, soi-disant que c’est l’heure à laquelle nous devons prendre départ. Mais en réalité, on poireaute ici jusqu’à 18 heures avant de partir », se désole-t-elle. Pour la hausse du transport, elle dit aussi en être déjà victime. « L’année dernière, à deux jours du voyage, on m’a fait le coup. Je devais payer 8 000 francs Cfa, mais j’ai finalement dû casquer 10 000 francs Cfa.
Cette fois-ci, j’ai payé le tarif normal, mais à tout moment ils peuvent le revoir à la hausse. Tant que le bus ne s’est pas mis en route, on n’est pas à l’abri d’une hausse. Il y a aussi que le convoyage des bagages a un prix. Moi, pour chaque valise, j’ai déboursé 500 francs Cfa », explique-t-elle. Les préoccupations de Mody Ndiaye sont tout autres. Il demande aux autorités de laisser les « Horaires » stationnaient dans les quartiers, comme cela s’est toujours fait, plutôt que de les contraindre de rejoindre la nouvelle gare des Baux Maraîchers.
« On supplie les autorités de laisser ces bus dans les quartiers. Car, nous usagers, c’est ce qui nous arrange. Si je devais quitter mon quartier de Niarry Tally pour me rendre aux Baux Maraîchers, j’allais débourser plus de 15 000 francs Cfa. Parce que je voyage avec énormément de bagages. Qu’ils laissent les voyageurs de cette partie de la ville prendre le bus là-bas et nous qu’on le fasse à partir d’ici, c’est plus facile et plus confortable pour tout le monde. Je pense que les autorités se soucient du confort des populations et non de ce qui leur pose problème », martèle-t-il.
lepopulaire
Depuis plus de cinq ans je préconise que toutes les autorités de nos villes profitent de ces trois jours de fêtes pour débarrasser les rues de ces tables à gargotes et Tangana, de toutes ses saletés qui jonchent nos artères tout au long de l’années . La ville de Dakar, avec l’appui du pouvoir central aurait pu embaucher au moins 1000 jeunes pour débarrasser Dakar des tables et autres places de fortunes en leur accordant des primes exceptionnelles de 15000 FCFA pour 8 heures de travail /jour !
Une methode bcp plus simple et plus patriotique serai de creer les conditions de travail necessaires dans leur regions d’origine qui leur empecherai de se deplacer vers la capitale. N’oublions pas que la majorité d’entre eux sont des senegalais qui rève d’etre ds des condition meilleur que de rester ds les rues et c’est de la responsabilité de l’etat de leur aider plutot que de leur brutaliser comm des moins que rien
Très bonne idée, mais ne comptes pas sur nos politiciens pour s’attaquer à ce désordre car ils sont convaincus que cela leur fera perdre le pouvoir alors que c’est la persistance de ce désordre qui les fera sauter. Ils réfléchissent très mal.
En dehors des pays d’AFRIQUE AUSTRALE QUI ONT ETE FACONNES par des blancs venus d’Europe il y a plus de deux siècles et qui y sont restés jusqu’à nos jours, je défie quiconque de me citer des pays d’Afrique à plus de 90% de nègres où régneraient l’ordre, la discipline et la salubrité ! Il ne faut pas se faire d’illusions, c’est une question culturelle avant d’être une question de richesse ou autres ! Le problème, est qu’il y a moins de 70 ans, plus de 99% des Sénégalais vivaient dans des huttes, des cases, ne savaient pas ce qu’est le savon encore moins les toilettes, et la poubelle n’en parlons pas. Il faudrait au moins un siècle d’éducation, de sensibilisation et d’autorité publique sans relâche pour que les pays d’Afrique Noire soit au moins comme ceux du Maghreb qui sont mieux organisés depuis ces quarante dernières années dans tous les domaine !