Les étudiants se révoltent au campus : UCAD sang lex

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Le mouvement d’humeur des étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est déroulé hier, dans les grandes proportions. En riposte, les Forces de l’ordre ont réagi. Au final, la journée fertile en affrontements laisse un champ de bataille désolé, des étudiants hantés par la peur et des résidents déboussolés.

A première vue, la journée qui s’annonçait hier sur l’avenue Cheikh Anta Diop avait de curieux airs de déjà vu. Les récurrents affrontements entre Forces de l’ordre et étudiants font carrément partie…du décor. Pourtant ce matin-là avait sa surdose de violence à revendre. Les étudiants, excédés par les retards dans le paiement de leurs bourses, par l’absence d’automatisme dans le changement de leur taux de bourse ainsi que quelques autres déboires, avaient, une fois de plus, décidé de franchir le pas, prendre en otage l’avenue Cheikh Anta Diop pour exprimer leurs émotions de l’heure. Les combats ont tenu en haleine tout le secteur et vers le soir, les belligérants se sont retranchés chacun dans son camp. Mais l’accalmie n’est que de façade. Dans les entrailles de l’Université qui se retranche derrière la masse du Pavillon A, les étudiants tiennent leurs conciliabules. Devant la grande porte de l’Ucad, les Forces de l’ordre exécutent à la lettre leurs instructions.

Ça craint pour cette nuit…
Il est presque 21 heures. La circulation sur l’avenue a repris depuis quelques heures déjà. Pourtant les voitures des Forces de l’ordre jalonnent à intervalles réguliers, la route et des dizaines d’éléments attendent patiemment la suite des évènements. Mais pour l’heure, le feu du combat semble éteint. Alors que la police occupe l’entrée principale et en obture l’entrée, les étudiants se rabattent sur une porte latérale et quittent le campus d’un pas alerte. Bagages sommairement rangés dans des sacs et valises, matelas roulés et calés sous l’aisselle, ils quittent le campus. «Passer la nuit au campus ? Vous n’y pensez quand même pas. Les renseignements généraux ont investi le campus, ils préparent le terrain pour décréter le moment idéal pour lancer l’assaut contre les résidents du Pavillon A. Passer la nuit ici, c’est carrément se suicider !», croit savoir un étudiant, la frousse dans l’intonation. L’entrée du campus offre un lit de pierres, de détritus de toutes sortes, vestiges d’âpres luttes.
Les relents de lacrymogène prennent à la gorge et les cartouches jonchent le sol. A l’intérieur du Pavillon A, c’est la débandade. Les étudiants se ruent hors de leurs chambres et se faufilent en file indienne dans les couloirs, les yeux pleins de flammes torves et impuissantes, l’injure et la malédiction à la bouche. «Ils sont entrés dans notre campus, ils ont profané le temple de savoir. Les Gmi étaient comme déchaînés, ils forçaient les serrures de nos chambres et se jetaient sur nous pour nous battre. Ils ont même déshabillé des filles qui étaient dans leur chambre», raconte encore un autre étudiant. Le film d’horreur relate des scènes de bastonnade, des saccages effrénés. A la chambre 317, la porte grince encore alors que sa serrure a volé en éclats. Ses occupants expliquent : «Les Gmi sont entrés ici de force et nous ont surpris dans notre chambre. Ils ont commencé à nous rosser de coups et à casser nos ordinateurs. Pourtant nous avons acquis ces machines avec force économies sur une année entière.» Le balcon, qui jouxte cette chambre, a failli être le théâtre d’un drame. Un étudiant, poursuivi par les policiers déchaînés, s’est jeté depuis le haut du balcon. «Il voulait s’échapper à tout prix. Heureusement qu’il est leste, sinon il y passait», relatent ses camarades.

La direction du Coud en a pris pour son grade
Dehors, les restaurants sont fermés. Les rares résidents crèvent de faim et accusent : «Ils veulent nous asphyxier, c’est pourquoi ils ont fermé les restaurants.» A quelques pas de là, une rumeur informe que de la nourriture est disponible. Les étudiants se lancent vers les marches du Pavillon A et reviennent avec des assiettées de sauce aux lentilles. L’exode se poursuit au cœur de la nuit. Dans le campus, il se lit cette peur latente, cette angoisse devant l’ombre de la nuit. Ils s’égaillent vers les différents quartiers de Dakar et de sa banlieue, infiniment plus sécurisants. Les étudiants croient dur comme fer qu’ils seront assaillis par les Forces de l’ordre, en représailles à l’attaque contre la direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Devant le Coud, le même spectacle désolant fait de pierres, de meubles brisés, d’écrans d’ordinateur malmenés. La devanture du Coud garde encore les stigmates de la violence des combats. Les témoignages recueillis sur place rapportent que les étudiants aveuglés par la colère voulaient tout bonnement mettre le feu au Coud. Sur la voie principale, les troncs d’arbre ainsi que des morceaux de bois achèvent de se consumer. Ils ont servi de rempart contre la percée des voitures de la police.

Par Lequotidien.sn

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