« Le bonheur tient aux événements, la félicité tient aux affections. » Disait Napoléon Bonaparte. Notre peuple est grand. Il vient encore de le démontrer. Cette dynamique belle et cette liesse populaire qui l’accompagne ne doivent pas nous éloigner de l’essentiel : le travail. Les urgences sont partout ; dans tous les secteurs de la vie. C’est dans ces moments d’euphorie que les esprits alertes s’investissent dans une autocritique apte à baliser les voies d’un avenir meilleur.
De tels esprits n’ont pas le temps de chanter ou de danser après une victoire qui les place devant la lourde responsabilité consistant à gérer une république, surtout si cette dernière, en 2012, s’appelle : République du Sénégal sortie fraichement des mains d’Abdoulaye Wade et de son clan. Il n’est plus pertinent de se mettre à énumérer les maux dont souffre notre peuple. Nous les connaissons tous. Une chose est sûre ; il nous faut opérer une rupture globale avec la gestion clanique et familiale de l’Etat. Il nous faut changer la donne car la médiocrité, l’arbitraire et l’impunité comme système de gestion, ça suffit.
Ce pays a besoin de ce que disait Serigne Moustapha SY ibn Serigne Cheikh Ahmet Tidjane : un redressement moral. Nous ajoutons qu’un tel redressement moral est impératif et doit précéder et accompagner tout redressement économique et social. C’est pourquoi, il faudra bien veiller, monsieur le Président, en plus de leur compétence, sur la moralité des futurs membres de votre équipe.
Monsieur le Président, il faut que les événements qui découleront de vos premières mesures fassent naître le bonheur dans le cœur du peuple sénégalais. Féliciter quelqu’un par affection ne suffit pas. Cela conduit à la flatterie très nuisible au flatté. Notre société est remplie de flatteurs fainéants fumistes fourbes fieffés félons qui se targuent d’être de fins politiques alors qu’ils ne sont, en réalité, que des parasites, sans vergogne, prêts à plonger leur pays dans le gouffre. Leur unique devise est : « Que le peuple trinque, pourvu que je prospère ». Ces derniers vont s’agglutiner autour de vous, comme votre ombre, afin de réussir à assouvir leur dessein.
Président Macky SALL, nous vous rappelons le propos très instructif de Jean de La Fontaine, que vous savez sans doute déjà : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. » Cette victoire est celle de tout un peuple qui aspire à des changements profonds. Votre parti l’APR, votre coalition Macky 2012 et Benoo bok Yakaar y ont joué un rôle déterminent. Mais, n’oublions jamais que c’est d’abord la victoire du peuple sénégalais. Sa confiance n’est pas un chèque à blanc. Il faut la mériter dans les faits.
Nous osons croire que vous allez la mériter Monsieur le Président de la République car c’est fort de cet espoir que nous vous avons accompagné depuis le premier tour jusqu’à la victoire finale. Et nous continuerons de vous accompagner mais dans une lucidité certaine, par un engagement citoyen et républicain afin de vous éviter, à notre manière, les pièges qui ont plongé votre prédécesseur dans le gouffre de l’humiliation qu’il vient de subir et que nous avions prédite depuis très longtemps.
Le peuple vous écoute. Le peuple vous observe. Le peuple vous attend dans la satisfaction de ses attentes et dans le respect de vos promesses. Vous pouvez réussir le pari de ne pas le décevoir si vous savez refuser que des personnes, éprises de sinécures et fortes en flagorneries, mal intentionnées, vous enferment dans la chaudière de l’égo. Votre mariage avec votre peuple doit être un mariage de fidélité, de respect, d’amour et de servitude vis-à-vis de sa république. Vous en n’êtes capable monsieur le Président. Le Sénégal en a besoin. Et pour l’exemple, l’Afrique en a besoin.
Nous vous souhaitons plein succès. Nous vous remercions d’avoir remercié le peuple sénégalais et d’avoir magnifié le geste de votre adversaire Abdoulaye Wade qui vous a très vite félicité. Vous avez du mérite, celui d’avoir travaillé au plan politique, aux côtés des forces vives, pour aider le Sénégal à se débarrassé du régime opaque et despotique de Wade. C’est un réel parcours du combattant, très courageux.
Monsieur le Président, en bon chef d’équipe, par vos actions et votre comportement, relevez le défi de faire taire les plus sceptiques sur votre capacité à sortir notre pays de l’ornière. Autrement, la montagne accouchera péniblement d’une souris. Nous ne vous le souhaitons pas. Nous ne le souhaitons pas à notre vaillant peuple.
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime poésie
Editions Le Manuscrit, Paris mars 2008
Horreur au Palais, Coédition NEI/CEDA Abidjan Novembre 2010
Membre du Pôle programme de Macky 2012
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