Lettre ouverte au Président de la République du Sénégal Pour un Sénégal fier de son intégrité.

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Excellence,
A l’entame de mon propos, je vous cite les paroles de ce sage : « Jamm luko waay jënde jar nako bamu des ñakk fayda » .
Lors de la libération des démineurs pris en otages par les rebelles de la Casamance, leur chef, CESAR ATOUTE BADIATE avait lancé ces propos : « Depuis vingt ans le Sénégal tue nos enfants ». Et le chef-rebelle de s’en prendre à l’Etat qu’il traitait de colonialiste. Ces propos abondent dans le même sens que ceux de SALIF SADIO, qui ont fait le tour du monde à travers une bande sonore. En voici un extrait : « La Casamance, dans son multiséculaire et farouche combat pour conserver ou recouvrer son indépendance nationale est parvenue à un point de non-retour. Le droit de la Casamance à l’indépendance nationale est un droit réel, absolu, inaliénable, imprescriptible, non négociable. Le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance a commencé en 1982 par une marche que l’on devait écouter, que l’on devait entendre. Malheureusement cela n’a pas été et on a préféré utiliser les armes et la meilleure façon de se défendre est de répondre à la guerre par la guerre. »
Tous les médias de ce pays ont relayé l’événement de la libération des otages et plusieurs personnalités politiques et religieuses se sont prononcées pour se réjouir et se féliciter de ce qu’on osait appeler une issue heureuse . L’arbre qui cache la forêt. Trente ans d’assassinats, de rapts, de vols, de viols et de chantage, trente ans de terreur incomparables à deux mois de privations de liberté.
Je l’ai dit, je le répète et je ne cesserai de croire que les pourparlers ne donneront absolument rien. Tous les Sénégalais attendent la paix auréolée de l’intégrité de notre territoire national, mais l’échec des différentes négociations et la continuation des exactions prouvent qu’à chaque fois, nous serons confrontés à un dialogue de sourds. Séparatisme et unité nationale ne riment pas.
Il semble que tous les gouvernements qui se sont succédé ignorent ou feignent d’ignorer que notre pays est en guerre depuis trente ans et que les forces ennemies – armées jusqu’aux dents et à l’aise sur le terrain – ne sont pas prêtes à démordre de leur objectif d’indépendance. Pas une seule fois les négociations n’ont donné une lueur d’espoir. Les martyrs de la Casamance sont oubliés, leurs familles disloquées et leurs assassins osent encore narguer l’Etat et leurs concitoyens.
Même en temps de paix, ceux qui veulent sauvegarder leur intégrité affûtent leurs armes et les brandissent afin que les éventuels trouble-fête sachent raison garder. L’espace géopolitique mondial l’illustre bien. Tous les pays qui disposent de la bombe atomique sont « respectés » par les autres. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les armes lourdes sont appelées « armes de dissuasion ».
Je préfère une confrontation – même sanglante – afin d’éradiquer le mal une fois pour toutes à une guérilla sans fin dont les victimes ne se comptent plus.
Les financements occultes, les différentes attitudes vis-à-vis de la crise et le silence qu’on a voulu imposer durant ces trois décennies ont permis aux rebelles de se réarmer, de se réorganiser et de s’imposer.
La guerre est horrible. Nul n’a le droit de la provoquer, ni la promouvoir, ni de l’entretenir, mais la vie d’une nation est en elle-même un perpétuel combat.
« Qui veut la paix prépare la guerre », dit l’adage. Je crois, pour ce » qui me concerne, qu’il est plus juste de dire : »Qui veut une paix durable, va en guerre au moment opportun ». Il ne faut jamais laisser à l’ennemi l’occasion de perfectionner son armement et d’occuper les positions stratégiques.
Monsieur le Président de la République, le destin de ce pays est aujourd’hui entre vos mains. Vous pouvez choisir de mettre définitivement un terme à une trop longue souffrance en combattant ouvertement des ennemis qui ne cachent pas leur volonté de nuire ou laisser perdurer une injustice qui n’aurait même pas dû voir le jour.

Momar Ibn Sidaty Diagne
[email protected]
ramadan 2013

2 Commentaires

  1. Bravo Momar Ibn Sidaty Diagne!

    En tant que Ziguinchorois présent lors de cette fameuse marche de décembre 1982, je dirai que les manifestants étaient sortis armés jusqu’aux dents et dans l’intention de s’emparer de la Gouvernance. Le très gentil et serviable agent de police, M. Mbaye Ndiaye perdit la vie lors des combats qui se déroulèrent au centre ville et se poursuivirent aux quartiers Boucotte et Boudody! Que ces rebelles donc ne nous tympanisent avec des mensonges quant au but ou à la finalité de ce sanglant événement du mois de décembre 1982. ILS ÉTAIENT PARTIS POUR FAIRE LA GUERRE ET TUER! HEUREUSEMENT QU’ILS ONT EU LES FORCES DE L’ORDRE COMME ADVERSAIRES! Ce fameux dimanche, ce fut la guerre de 07h30 du matin aux environs de 13h30! L’Indépendance, qu’ils la prennent donc s’ils en ont les moyens!

    Gaurgaurlou, natif de Ziguinchor
    [email protected]

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