Intervenant à Rfm, à l’émission Grand Jury de notre confrère Mamadou Ibra Kane, Aminata Touré a apporté hier dimanche, sa part de vérité sur ses rapports avec le chef de l’Etat qui selon elle, relèvent de relations de patron à subordonnée. La raison en est simple a-t-elle expliqué : Macky Sall a été porté à la magistrature suprême par l’onction du suffrage universel alors que le Premier ministre qu’elle est présentement a été nommée par décret.
Sereine et pro active, Aminata Touré a mis fin au débat qui anime les grands places , montrant qu’à ses yeux la question d’une quelconque dyarchie au Sommet ne saurait être de mise (Lire ci-contre). Elle invite par conséquent à se départir de toutes ces rumeurs qui ne peuvent pas contribuer à l’amélioration de l’ordinaire des Sénégalais pour s’atteler à la seule chose qui vaille : accélérer la cadence en mettant en œuvre la vision du chef de l’Etat exprimée notamment à travers le PSE (Plan Sénégal Emergent). Des pays se sont engagés et l’argent promis sera décaissé sous forme de prêt qu’il faudra donc rembourser. Encore faudrait-il gagner de l’argent, ce qui passe nécessairement par la matérialisation de projets structurants capables de produire de la richesse tout en veillant à une gestion saine des deniers publics.
Ainsi le PSE qui vient d’être adoubé par les bailleurs de fonds marque-t-il le signal d’un combat pour lequel il n’y a pas d’autre choix que de le livrer vu que la question qui se pose est de sortir de l’état d’arriération dans lequel le Sénégal a été plongé ces dernières années. A défaut, on assisterait alors à un véritable gâchis, un de plus après celui du couple Senghor-Dia, si le travail de sape d’une bande de soldats perdus du Pds pour la plupart, devait venir à bout du tandem Macky-Mimi, décidés à mettre en œuvre des mesures susceptibles de faire en sorte que les Sénégalais puissent renouer avec l’espoir qui a été tant de fois malmené ces dernières années jusqu’ à leur faire douter de tout. Ne serait-ce que parce qu’ils sont aujourd’hui, « nombreux , en dépit de la volonté affirmée du président de la République , à ne pas croire que le pouvoir actuel ira jusqu’au bout de la traque des biens mal acquis » (Voir Sud du 3 mars 2014)..
Selon le Pr Ibrahima Thioub, « ce qui fonde cette attitude, c’est évidemment leur expérience mais également une certaine culture du pouvoir qui me semble elle-même partagée , intériorisée , par la Grande majorité des Sénégalais résignée à accepter que « buur lekk ak naan, baadoloo …! : les royaux jouissent, les exclus trinquent! ».
Aussi, lui tourner le dos oblige-t-il à prendre conscience que rien de grand ne peut se faire sans le culte du travail, sans une rupture avec la psychologie corruptogène ambiante de la main tendue et du gâteau à partager. Il va donc falloir accompagner la mise en œuvre du PSE avec toute la pédagogie qui sied en faisant de sorte que l’ensemble des Sénégalais et des Sénégalaises en comprennent les tenants et les aboutissants et se l’approprient.
Cette pédagogie de l’exemplarité qui est attendue ne peut aller de pair avec les bruits et les fureurs qui proviennent de l’Apr à travers certaines régions , se traduisant comme à Matam par des coups de feu, des jets de pierre et des coups de poing . Ils disent au contraire l’urgence qu’il y a à rompre avec une telle vision, tant ils ne sont pas pour rassurer sur la perception que la formation politique que préside le chef de l’Etat a du pouvoir. A savoir une formidable opportunité pour transformer le cadre de vie des citoyens, en apportant notamment des réponses concrètes à leurs demandes d’emploi, d’éducation, de santé , d’habitat, etc. Sans compter qu’il est rapporté que certains responsables impliqués dans ces agissements qui font désordre n’ont pas daigné répondre à la convocation du juge. Voilà ce qui est simplement inadmissible !
Les hommes et les femmes exerçant des fonctions politiques et/ou d’Etat doivent plus que tout autre comprendre que leurs positions ne font nullement d’eux des intouchables. Il importe par conséquent de ne point se méprendre comme hier Me Wade , sur la maturité démocratique certaine acquise par le peuple sénégalais. A part quelques soubresauts et autres agitations, il n’est pas partant pour les grands charivaris ayant comme ligne de mire la prévarication.
Préférant adopter la posture du crocodile, il reste immobile ou glisse sous l’eau, l’œil aux aguets, attendant le moment opportun pour sortir les crocs assimilables aujourd’hui à la carte électorale. Parce qu’il ya urgence, ils ne sont pas en attente d’un tribun qui viendrait les enflammer et meubler leurs têtes des promesses les plus folles mais d’hommes et de femmes sérieux qui parlent de l’immédiat et s’échinent concrètement à transformer leur vécu pour répondre à leurs besoins.
On n’aura de cesse de le dire, il est venu le moment de rompre avec la démocratie rentière faisant la place belle au népotisme et au clientélisme au profit d’une démocratie transparente pour imprimer un temps nouveau, celui du raccommodage du tissu social fortement et continuellement malmené depuis l’indépendance à des degrés divers par les agressions multiformes de politiques de désinvolture et d’impunité. Il s’agit de faire de l’Etat un instrument efficace pour mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut avec un cahier de charges précis sanctionné par l’obligation de résultats. Ce qui n’a rien à voir avec les combats tournant autour de comptes d’épicier et autres ôte toi que je m’y mette, comme le souligne du reste le chef de l’Etat à l’issue du comité directeur de l’Apr ( voir ci-contre).
Il s’agit bien au contraire de maintenir le cap en mettant en place des représentations collectives librement choisies et partagées et qui permettent de fortifier la cohésion nationale autour de l’idée fondatrice d’un Sénégal nouveau : « Servir et non se servir ».
Vieux Savane
sudonline.sn
