Maisons inachevées des Almadies : Trafic de drogue et lieux de débauche , selon la Gendarmerie de Ngor

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L’adjudant-chef Mamadou Maïga, commandant de la Brigade de Gendarmerie de Ngor, a indiqué que les maisons inachevées aux Almadies et environ, habitées pour la plupart par des étrangers originaires de la sous-région ouest-africaine et des personnes démunies, constituent de « véritables sources d’écoulement du chanvre indien et des lieux de débauche ».

« On enregistre des cas de vols répétitifs perpétrés et par des autochtones et par des étrangers qui squattent ces bâtisses en construction », déclare-t-il, précisant que sa brigade, aidée, effectue presque toutes les nuits des patrouilles de sécurisation.

« Malgré tous ces efforts consentis, on remarque que le problème d’insécurité persiste dans la zone », déplore M. Maïga, révélant que le « grand banditisme » est constaté au niveau du « Virage » et de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor. « A chaque fois, on fait des descentes sur les lieux. Pas plus tard qu’hier (ndlr : le 22 octobre 2010), on a arrêté plus de 50 personnes dans le secteur. On est toujours sur les qui-vive. En cas de besoin, on fait appel à des renforts de la Lgi », ajoute le commandant de brigade qui estime que seuls, ils sont « impuissants » face à cette situation. La raison ? « Les maisons en construction relèvent du domaine privé », fait remarquer M. Maïga. « Ce sont les propriétaires qui confient leurs maisons inachevées à des personnes démunies. Celles-ci, à leur tour, y accueillent leurs familles ainsi que d’autres. Nous ne pouvons pas les empêcher. Nous sommes limités face à cette situation », poursuit-il.

Par contre, l’adjudant-chef Maïga estime aussi qu’il y a des coins dans le quartier des Almadies où les malfaiteurs n’accèdent guère, en raison de la présence des vigiles devant presque toutes les portes. Le sous-lieutenant Ibra Seck Guèye, officier adjoint de la Compagnie de Gendarmerie de Dakar, minimise toutefois ces cas de banditisme constatés aux Almadies les comparant, notamment aux autres quartiers de la capitale sénégalaise.

« Nous ne sommes guère saisis de problèmes d’insécurité grandissante dans ce secteur, malgré le fait que des personnes démunies habitent dans des maisons en construction », martèle-t-il, lorsque nous l’avons joint par téléphone. « On a enregistré un seul cas de meurtre qui s’est produit au courant du mois de septembre dernier », dit-il. « Un vigile répondant au nom d’El Hadji Diao, ressortissant de la région de Kolda, avait tué son collègue Mbacké Ngom sur la route des Almadies.

Les autorités municipales de Ngor demeurent impuissantes face à la prolifération des maisons inachevées aux Almadies occupées par des familles, originaires de l’intérieur du pays et de la Guinée, dont les revenus sont relativement faibles.

« C’est un problème très difficile à résoudre. On ne peut pas les déguerpir du fait que ces gens sont installés dans des titres privés », reconnaît le maire de la commune d’arrondissement de Ngor, El Hadj Mamadou Kane.

A son avis, avec le soutien de la préfecture de Dakar, ils pourront identifier ces propriétaires et les sommer de sécuriser leurs propriétés.

« Ce que l’on constate depuis bientôt six ans est que ces familles s’installent dans une anarchie indescriptible, alors que les Almadies est un espace loti depuis 1975 », déplore-t-il.

L’édile de Ngor rappelle qu’à l’occasion de la tenue du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) en 2009 à Dakar, le gouverneur de Dakar, accompagné du préfet, avaient pris des mesures à ce sujet.

Beaucoup de gens, qui habitaient dans ces maisons inachevées, étaient déguerpis. Malheureusement, faute de suivi, ils se sont réinstallés aussitôt après le sommet », révèle M. Kane qui est d’avis que les conséquences découlant de ces habitations anarchiques sont liées au fait que tous leurs indicateurs sont faussés tant au niveau de l’éducation que de la santé. Avant de préciser : « nous gérons le flux démographique au niveau de l’état civil. Nous constatons qu’à Ngor il y a 200 naissances par an. On pouvait avec cet indicateur maîtriser le problème de l’éducation. Malheureusement avec les installations anarchiques, on a des problèmes scolaires ».

« Prise en charge totale »

A cela s’ajoute, selon M. Kane, une demande très forte au niveau de la santé. Heureusement, « nous avons un projet de construction de centre de Santé financé à hauteur de 500 millions de francs Cfa par la Banque mondiale (Bm). Nous pourrons, avec cette infrastructure, juguler le flux qui vient au hasard », dit-il.

Le maire de Ngor soutient toutefois que ces familles habitant les constructions inachevées font partie intégrante de sa collectivité locale. C’est pourquoi, explique-t-il, « la municipalité les prend en charge sur tous les plans ».

M. Kane révèle d’ailleurs qu’au niveau de l’école, les meilleurs élèves sont ceux qui sont issus de familles vivant dans les situations difficiles à Ngor, notamment dans des maisons inachevées, même s’il n’a pas manqué de déplorer l’insalubrité occasionnée par la précarité de ces habitations. « Nous ne recevons pas de récriminations émanant de leurs voisins immédiats. Le seul problème est d’ordre sanitaire. Ils sont paisibles », apprécie-t-il.

Une nouvelle forme de pauvreté

Le maire de la commune d’arrondissement de Ngor renseigne par ailleurs qu’il y a des résidents qui vivent dans une situation difficile.

« Nous avons constaté aussi qu’il existe des personnes qui ont des villas aux Almadies et qui sont confrontés à des difficultés liées à la survie. C’est une nouvelle forme de pauvreté qui est en train de prospérer aux Almadies », souligne M. Kane. « Çà peut arriver que quelqu’un perde son emploi et se retrouve dans une situation précaire », relativise-t-il. La mairie, selon l’édile, les soutient au même titre que les autres. Mais M. Kane pense que certains propriétaires de villa dans les Almadies et vivant dans la précarité détiennent déjà une solution à leurs problèmes. « Quelqu’un qui a une maison qui coûterait entre 50 à 300 millions de francs Cfa n’est pas potentiellement pauvre. Il n’a qu’à vendre sa villa et aller dans une zone où il peut acheter une maison et valoriser le reste de son argent », estime-t-il. « Ce phénomène a existé au Point E. Il va se reproduire ici. « C’est un cycle de vie », dit-il estimant que cette forme de pauvreté n’est pas semblable à celle des habitations spontanées. Une pauvreté à double vitesse.

lesoleil.sn

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