En dépit de l’émoi de la défense, Ibrahim Abou Khalil Bourgi est appelé à comparaître devant la barre lors de la reprise du procès lundi prochain. La Crei justifie sa décision par le fait qu’elle n’est tenue, en aucun cas, à se soumettre à un avis médical.
Le président de la Crei, Henry Grégoire Diop, a décidé hier de la suspension du procès, non sans oublier qu’il ordonne à la reprise de celui-ci lundi prochain, la présence du témoin Ibrahim Abou Khalil dit Bibo Bourgi. Aussitôt, une des avocats de la défense, Corinne Dreyfus-Schmidt, qui s’apprêtait à quitter la salle, s’est alors précipitée à la barre : «Mais Monsieur le président, l’expert a dit…» Sans ambages, Henri Gregoire Diop lui rétorque que l’expert ne donne qu’un avis que la cour n’est pas tenue de suivre. En somme, un avis demeure un avis et non une injonction à laquelle la Crei doit se soumettre, donc la décision de cette dernière demeure souveraine à l’avis d’experts.
Assaillie par les journalistes, la pénaliste s’insurge : «Je suis atterrée, scandalisée. C’est la preuve que la cour s’affranchit de tous les avis médicaux qu’elle a, elle-même, sollicités, parce que les experts qu’elle a désignés ont clairement répondu à la question de la cour si Monsieur Abdou Khalil pouvait comparaître.»
Fustigeant le procédé, Me Dreyfus-Schmidt poursuit : «Donc, on va faire comparaître un homme affaibli, malade au mépris du droit à la vie, parce qu’on ne le laisse pas aller se soigner en France. Je trouve ça scandaleux et je dois dire que c’est la première fois que je suis confrontée à une telle situation. Nous sommes désarmés parce qu’en plus, nous sommes face à une juridiction d’exception, nous n’avons aucun recours contre cette décision qui met en danger la vie d’un homme.»
Interrogée sur la suite donnée à l’appel lancé par la défense au président de la République, Macky Sall, elle regrette que jusque-là aucune réponse n’ait été formulée. Toutefois, elle dit toujours attendre un signe de sa part. «Nous espérons beaucoup de lui parce qu’il est garant des institutions», indique-t-elle. Avant de conclure et d’invoquer la survie de celui qu’on a présenté comme «un homme de paille» : «Pour des raisons humanitaires, nous en appelons à son (Ndlr : le chef de l’Etat) aide.»