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Mamadou Diop Decroix: « Bennoo regroupe des blessés de guerre, dont le seul objectif est la revanche »

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* « Ils veulent obtenir par la rue ce qu’ils ne peuvent pas avoir par les urnes »
* « A Aj, certains étaient avec Wade, le jour et travaillaient contre lui, la nuit »
* « J’attends que le président me désigne le prochain relayeur, pour lui passer le témoin de l’Alliance »
* « Je n’ai aucune raison de m’opposer à Iba Der Thiam »

Mamadou Diop Decroix, coordonnateur de l’Alliance Sopi pour toujours (Ast)

Ceux qui le connaissent disent de lui qu’il est un champion de lutte redoutable. Dans les cours de récréation du lycée Van Volenhoven où il a fait ses armes, Deku, pour les intimes, avait toujours la clé pour terrasser plus lourd que lui. La lutte dans toutes ses formes, Mamadou Diop Decroix la connaît bien également. Engagé dans une révolte juvénile dès l’âge de 18 ans, exacerbée par la grève de mai 68 et le mouvement syndical. Un apprentissage qui sera parachevé par un enrôlement forcé dans l’armée, entre 1971 et 1972. Il sera très marqué par sa participation à la lutte pour la libération du PAIGC, en Guinée-Bissau, avec la perte d’un camarade à Santhiaba Manjack. Son entrée en politique se fera aussitôt après son retour à la vie civile. Dans la clandestinité, toutefois. Jusqu’à la l’ouverture de l’espace politique sénégalais, après le départ de Senghor au début des années 80. Militant de toujours de AJ/pads, il s’est encore battu pour que ce parti reste en cohérence avec la volonté de ses militants de base. Une logique qu’il a poursuivie et qui a mené récemment à une scission au sein de sa formation politique et le départ de l’ancien secrétaire général retourné dans l’opposition. Lui, désormais aux commandes de AJ, est resté proche du Pds et du président Wade. Tout simplement parce que cela a été la volonté du plus grand nombre, explique-t-il. Un compagnonnage qu’il revendique et défend. De tout cela, il en parle dans cet entretien qu’il nous accordé. Fait une lecture comparative du Sénégal, des 40 années de socialisme à la décennie de Wade. Il parle également de l’Alliance sopi pour toujours (Ast), cette structure qui soutient l’action gouvernementale et dont il est le coordonnateur. Ses relations avec le professeur Iba Der Thiam, les remous sociaux et les gesticulations de l’opposition. Sur toutes ces questions, Diop Decroix donne un avis d’expert. Entretien.


« Bennoo regroupe des blessés de guerre, dont le seul objectif est la revanche »
* « Ils veulent obtenir par la rue ce qu’ils ne peuvent pas avoir par les urnes »
* « A Aj, certains étaient avec Wade, le jour et travaillaient contre lui, la nuit »
* « J’attends que le président me désigne le prochain relayeur, pour lui passer le témoin de l’Alliance »
* « Je n’ai aucune raison de m’opposer à Iba Der Thiam »

Le Messager : Depuis la scission au sein de votre parti, quelle est la situation aujourd’hui à AJ, que reste-t-il de ce parti ?

Mamadou Diop Decroix : Il en reste l’essentiel, c’est-a-dire AJ. Nous avons vraiment tourné la page de l’ancien AJ, si je puis m’exprimer ainsi. Ce qui est important et il faut bien le noter, c’est qu’entre le congrès de juin 2009 et aujourd’hui, donc un an après, les effectifs de notre parti ont été multipliés par trois dans les 45 départements du Sénégal et dans les pays où la diaspora sénégalaise est présente. Le parti est en train de s’implanter, de se massifier, chaque jour que Dieu fait. Nous avons ramené au bercail l’essentiel de nos conseillers municipaux et ruraux. Nous en avons des centaines. Il en reste entre 5 et 10% que nous nous efforçons de ramener. Il y a aussi des présidents de conseils ruraux, des maires des députés, des sénateurs, des membres du Conseil économique et social, je crois que ce sont là des attributs d’un grand parti. Quoique nous demeurions fort modestes, parce que nous pensons que le chemin à parcourir est encore très long. Mais enfin, nous rendons grâce à Dieu, parce que le parti a beaucoup évolué. Actuellement, le travail consiste plutôt à porter le débat d’idées au sein des populations. Pas plus tard que lundi dernier, nos étudiants ont organisé un diner-débat dans l’espace du campus universitaire Cheikh Anta Diop, autour d’un thème extrêmement important, intitulé : « Des décennies d’ajustement structurel et de dévaluation à la décennie de l’alternance, analyses comparées ». Une approche que nous allons essayer de faire partager par nos compatriotes, dans un programme de vacances que le parti a décliné. Nous comptons, dans ce sens, faire des rencontres dans les 14 capitales régionales et dans quelques capitales départementales, pour développer cette question. Que les gens puissent comprendre ce qui s’est passé. Surtout les jeunes générations, à qui il faut l’apprendre. Moi, j’ai été un employé de l’ONCAD (Office national de coopération et d’assistance pour le développement). Cela a été la première entreprise dissoute en 1980l dans le cadre du programme d’ajustement. Avec 5000 travailleurs à l’époque et pas moins de 50 000 personnes qui ont perdu, du jour au lendemain, leur gagne-pain. Et 104 milliards de francs Cfa non dévalués, que le contribuable a payés. Je me demande d’ailleurs si on n’est pas toujours en train de payer cette dette de l’ONCAD. Des banques ont été saccagées et ont fait faillite, avec le cortège de perte d’emplois. Ce sont ces nouvelles politiques imposées à l’époque par le FMI et la Banque mondiale, qui ont déstructuré toute l’économie de notre pays et le tissu social, également. Mais l’on peut se demander qu’est-ce qui a été à la base de ces programmes ? Qu’est-ce qui a provoqué cette situation qui a entraîné l’intervention des institutions de Brettons Woods ? Cela nous renverra à la gestion des deux premières décennies de l’indépendance du Sénégal.

Qu’est-ce qui l’a provoquée, selon vous ?

« On peut démontrer par A+B que le régime de Wade a fait mieux que les 40 années de socialisme »

D’abord, parce que pendant ces deux premières décennies de l’indépendance avec Senghor, il n’y avait pas d’opposition politique. Senghor n’a pas pu bénéficier de contre-pouvoir pour réguler son parti et peut-être s’intéresser davantage à la gestion. C’est vrai que le Parti démocratique sénégalais (Pds) de Me Abdoulaye Wade a existé depuis 1974 ; mais il était trop seul, pour ainsi dire. Les autres forces politiques étaient plus ou moins dans la clandestinité et trop faibles. Résultat, le socialisme à la Senghor s’est transformé sur le plan politique en une bureaucratie d’Etat, qui a cannibalisé l’ensemble des institutions économiques et financières. Et, par conséquent, l’appareil même du Parti socialiste qui vivait de ce système, en particulier du système oncadien. C’est tout cela, plus des options politiques qui pouvaient laisser à désirer. Parce qu’à l’époque, l’argent était facile, on avait d’ailleurs emprunté beaucoup d’argent, sans l’investir de manière rationnelle dans l’économie. Si vous vous souvenez, Senghor avait décidé de fabriquer une bourgeoisie nationale. Mais une bourgeoisie nationale ne se fabrique pas artificiellement, elle se construit à travers un processus de production et d’échanges. L’un dans l’autre, pendant ces deux décennies, on est entré dans des politiques extrêmement hasardeuses. Jusqu’en 1979, date à laquelle l’on s’est rendu compte que les dettes étaient trop nombreuses, que l’Etat ne pouvait plus payer, que l’économie n’avait pas ingurgité ces moyens financiers pour se renforcer et être capable de produire de quoi rembourser. Et logiquement, on est entré dans la crise. Abdou Diouf est venu, dans un premier temps, soutenir un programme d’ajustement à court terme, qu’on avait appelé le plan Abdou Diouf, mais cela n’avait pas marché. C’était en79-80. On a eu, par la suite, un programme de redressement économique et social en 80-84, cela n’avait pas fonctionné, non plus. Puis un programme d’ajustement à moyen et long terme (PAMLT), de 85 à 92 qui n’a pas abouti à des résultats probants. Cela veut dire qu’après près de 15 ans de programme d’ajustement structurel, nous n’avons abouti à rien, sinon au plan Sakho-Loum en 1993, avec la diminution des salaires des travailleurs et d’autres mesures d’austérité extrêmement difficiles pour les populations. Et l’on disait que cela allait permettre la relance. Non seulement nous n’avions pas eu cette relance ; mais en 1994, il a fallu dévaluer le franc Cfa. Voila un peu la situation de l’époque. Ce n’est qu’en 2000, lorsque le président Wade est arrivé au pouvoir qu’il a pris le contre-pied de ces politiques. Parce qu’au cours des programmes d’ajustement, il ne faut jamais l’oublier, on avait parlé de Nouvelle politique agricole, avec ce fameux slogan « moins d’Etat, mieux d’Etat ». Mais c’est cette politique qui a liquidé le peu d’acquis qu’on avait dans l’agriculture. Comment peut-on, dans un monde aussi libéralisé que le notre, où les plus forts ont tendance à anéantir les plus faibles, dire que l’Etat doit se retirer de l’agriculture ? Cela a été une véritable catastrophe et pendant ces 40 premières années, le Sénégal n’a pas été capable de régler le problème de son agriculture. Et pourtant, 70% de la population étaient dans l’agriculture ; contre 5% dans certains pays. Et ce sont, paradoxalement, ces pays qui nous faisaient vivre. Et même pendant ses premières années, le régime de l’alternance n’a pas su trouver ses marques. C’est lorsqu’il y a eu la crise mondiale des denrées de base, en 2008, que le président a pris le taureau par les cornes. En lançant la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA), qui commence a nous mener de façon sûre vers l’autosuffisance alimentaire. Sous le régime socialiste également, on avait parlé de Nouvelle politique industrielle, en adoptant une idéologie du marché et en soutenant que l’Etat ne devait pas faire grand-chose. C’est pour ces mêmes raisons que le tissu industriel a été détruit. Des dizaines d’entreprises ont dû fermer, des milliers d’emplois ont été perdus. Je me rappelle qu’à l’époque, nous avions même mis en place un Comité national pour la défense de l’emploi ; qui regroupait, outre les gens de l’ONCAD, des personnels de banques, des gens de la SENELEC, à travers la Sutelec, la CSS etc, pour nous battre contre ces tendances à la liquidation. Même l’éducation avait été affectée par ces politiques, parce que c’est à cette période qu’on avait supprimé les internats du système scolaire. Je disais donc qu’au cours de cette dernière décennie, le président Wade a pris le contre-pied de tout cela. Si aujourd’hui, on dit qu’en dix ans on a fait mieux que pendant 40 ans, je crois que cela peut largement se justifier et se démontrer par A +B. Et c’est justement à cette tâche que nous allons nous atteler.

Vos adversaires vous reprochent souvent votre rapprochement avec le président Wade. Que répondez-vous ?

Il faut d’abord rectifier. Le parti chemine depuis 20 ans avec le PDS et le président Abddoulaye Wade. Depuis février 90, avec la naissance de la Conaco (Conference nationale des chefs de partis de l’opposition). Et cela, sans discontinuer. Pendant ces 20 ans, nous avons partagé toutes les coalitions avec le PDS, en passant par la Ca 2000 et le Front pour l’alternance. Pourtant, à l’époque, personne n’avait trouvé cela bizarre. Ce n’est qu’à partir de 2000 que des gens ont subitement découvert une certaine proximité avec Wade et le Pds, mais cette proximité existe depuis très longtemps. Il faut dire qu’il y avait une proximité politique entre les formations. Deuxièmement, à AJ, nous sommes un parti démocratique et quand le vote devient une nécessite, on vote. Pendant la journée du 17 juin 2007, on a discuté en notre sein pour savoir s’il fallait continuer notre compagnonnage avec le président ou rompre et aller dans l’opposition. Ceux-la qui avaient poussé l’ancien secrétaire général à se présenter à l’élection présidentielle lors de laquelle on a ramassé une gamelle, ont défendu l’idée de la rupture, les autres ont soutenu celle d’un partenariat stratégique. Ce jour-là, 105 personnes ont pris la parole et 85% des intervenants ont dit qu’il fallait rester avec le président. Donc, quand vous parlez de rapprochement et d’option de soutenir de Wade, je précise que je ne fais que m’inscrire dans les convictions très fortes et les orientations du parti. La question était plutôt de savoir s’il fallait être avec Wade le jour et travailler contre lui la nuit. C’était ça la question qui était posée. Le parti l’a tranchée très vertement, en se libérant de ceux qui agissaient ainsi.

Vous êtes actuellement le coordonnateur de l’Alliance Sopi pour Toujours. Certains vous reprochent de ne pas vouloir accepter la rotation à la tête de cette structure. Qu’en est-il ?

« J’attends que le président me désigne le prochain relayeur, pour lui transmettre le témoin de l’Alliance »

Rendons grâce à Dieu : le calme, la sérénité et la cohésion sont en train de revenir au sein de cette structure. Tandis que ceux d’en face vont inexorablement vers le tassaro. S’agissant de la rotation, je pense tout simplement que nous ne nous étions pas suffisamment écoutés. Mais depuis quelque temps, on prend le temps de nous écouter et nous nous comprenons mieux. L’affaire de la rotation ressemble à une course de relais. Je suis le premier relayeur à qui le président a remis le témoin. Quelle est donc ma mission ? C’est de courir vite, de ne pas me retourner et surtout de ne pas perdre le témoin. C’est cela que je suis en train de faire. J’attends qu’on me désigne le prochain relayeur, pour que je lui remette le témoin. Mais si le président ne me désigne pas le prochain relayeur, est-ce que je vais m’arrêter de courir ou jeter le témoin ? C’est ce que certains me demandent, en me disant qu’il faut démissionner. Moi j’ai dit non, parce que cela n’est pas responsable. J’ai parlé avec le président, il n’y a guère longtemps ; et on s’est bien entendu sur cette question. Plusieurs responsables dont moi-même, consacrons plus de 60% de notre temps à l’Alliance Sopi pour toujours. Au détriment même de notre parti, à qui nous devons quand même consacrer du temps, parce qu’il permet d’apporter de la valeur ajoutée à l’Alliance.

Dans cette affaire, certains ont parlé d’une rivalité entre l’Alliance et la Cap 21 ; et même, de problèmes de personnes entre vous et le professeur Iba Der Thiam. Qu’en est-il ?

Non. Absolument pas. D’abord le professeur Iba Der Thiam est un oncle ; ensuite ; je n’ai aucune raison de m’opposer à lui. Nous sommes ensemble, nous soutenons le président pour ce qu’il fait pour le pays.

Vous lui avez rendu une visite de courtoisie, dernièrement ?

Oui. Et lui-même a annoncé qu’il viendra à son tour me rendre visite. Cela pour dire qu’il n’y a pas de problème du tout entre nous. Les communautés humaines sont ainsi faites, parfois quand il y a des divergences ou incompréhensions, c’est normal qu’on en parle. C’est le contraire qui aurait étonné. Si tout le monde s’accorde sur tout, cela voudra dire que l’un d’entre nous est hypocrite ou même plusieurs d’entre nous. Il faut admettre les différences, les mettre en évidence et les discuter. Parce que si ce que nous proclamons vouloir est vrai en chacun d’entre nous, c’est-à-dire réélire le président Wade en 2012, les divergences doivent être secondaires par rapport à cet objectif principal. C’est en tout cas la compréhension que j’ai de ces questions. Et c’est pourquoi, quand je me suis rendu compte qu’il y avait des incompréhensions, j’ai fait le nécessaire en allant voir le professeur, qui est mon ancien comme on dit en Afrique. Et je dois, au demeurant, le remercier, parce qu’il a compris toute la portée de cette initiative et qu’il s’est attaché à apporter sa contribution au retour de la sérénité dans notre camp. Entre l’Alliance Sopi pour toujours et la Cap 21, il faut donc voir en amont comment disposer nos forces. Les forces sociales qui soutiennent l’action du président sont nombreuses ; et c’est vrai que si nous voulons maximiser l’apport des uns et des autres, il faut une mise en cohérence. C’est indispensable. Si nous ne le faisons pas, nous allons assister à une débauche d’énergie, pour des résultats qui auraient pu être infiniment meilleurs. C’est cette réflexion qui a manqué et qui a fait qu’à un moment, on a pu penser que les uns marchaient sur les plates-bandes des autres. Mais franchement, il y a de la place pour tout le monde.

Dernièrement, l’actualité a été marquée par le retrait du projet de loi portant création du poste d’un vice-premier ministre. Quelle appréciation faites-vous de cette décision ?

Que ce soit pour un poste de vice-premier ministre ou de vice-président, au sein de notre parti, nous n’insistons pas trop sur ces questions. Parce que finalement, ce sont là des instruments que le président peut estimer devoir utiliser ou pas. Je ne pense pas qu’il y ait vraiment matière à mener des débats à longueur de journée. Cela relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat.

Le dernier réaménagement ministériel a été marqué par une entrée en force des femmes. Toutefois, l’on dit que le gouvernement actuel est pléthorique. Qu’en pensez-vous ?

On est à quoi, 40 ministres ? Vous savez, c’est des logiques dangereuses. Parce que même si on avait nommé 20 ministres, quelqu’un peut trouver que 20 ministres c’est trop. Et si on suit cette logique, cela peut nous mener très loin. Celui qui trouve le gouvernement pléthorique a le droit de le dire. Personnellement, je peux trouver qu’on puisse avoir un gouvernement de 19 ministres qui, cela dit, peut être un chiffre arbitraire. Mais avec un tel nombre de ministres, toutes les fonctions actuelles seront également assumées. Peut-être qu’on mettrait plus de secrétaires d’Etat ou des directeurs généraux. De toute façon, au niveau des moyens qu’il faudra mettre en place pour faire fonctionner le gouvernement, la différence ne devrait pas être énorme. C’est peut-être un problème d’image. Mais même si on avait enlevé 30 ministres, je ne pense pas que cela aiderait à régler les problèmes dont on parle.

La question de la candidature unique divise de plus en plus l’opposition. Votre avis là-dessus ?

« Quand des blessés de guerre se retrouvent pour un seul objectif, la revanche, les débats ne peuvent pas voler haut »

L’opposition a commis deux fautes politiques majeures qui, à mon avis vont lui coûter très cher. La première, c’est d’avoir mis dans la tête de l’opinion qu’une candidature unique était possible. Je dis que c’est une faute grave, parce que cette candidature unique, c’est évident qu’ils ne l’auront pas. Talla Sylla et Ibrahima Sène ont compris cela et ils veulent arrêter le massacre. Ils perdront du temps et de la crédibilité dans cette affaire, sans pour autant régler le problème. Je suis désolé de le dire, mais c’est cela la stricte réalité. Sur cette affaire de Bennoo, nous avons un des leaders qui était assez proche de nous et très connu pour le caractère châtié de ses discours politiques et qui a dit qu’a Bennoo, nous sommes tous des blessés de guerre. Plus récemment, il a dit que les débats sur les institutions et tout ce qui s’ensuit, ne présentent pas un grand intérêt, parce que l’essentiel c’est de faire partir Wade. Alors des blessés de guerre qui se retrouvent autour d’un seul et unique objectif, la revanche, cela ne peut pas voler très haut, il faut l’admettre. Et c’est un gros problème, parce que nos amis se rendent bien compte qu’en 2012 ils n’auront rien. Et justement, ils ne veulent pas arriver en 2012, il n’y a qu’a écouter leurs discours pour s’en rendre compte. Ils veulent obtenir par la rue, ce qu’ils ne peuvent obtenir par les urnes et c’est notre drame à nous tous. Ils crient partout que le fichier n’est pas bon, qu’il y a une boîte noire là-dedans ; et ils gagnent des grandes villes aux élections locales, avec ce même fichier. Mais ils n’arrêtent pas, pour autant. Ils crient partout qu’il faut abréger les souffrances des populations. Mais en quoi faisant ? En donnant le pays des blesses de guerre ? Je ne le pense pas.

A un moment, ils avaient agité la question de la sénilité du président

Oui, alors qu’eux-mêmes, je touche du bois, savent bien que beaucoup d’entre eux sont en moins bonne sante que le président. D’ailleurs, ils n’en parlent plus. Mais finalement, ils auront tout agité.

La fameuse « dévolution monarchique » est devenue le cheval de bataille de l’opposition. Le ministre d’Etat, Karim, a fait récemment une sortie pour dire ce qu’il en pensait. Comment l’avez-vous appréciée ?

Je me suis félicité de cette déclaration de Karim. J’ai parlé tout à l’heure de deux fautes politiques majeures de l’opposition, celle-ci est la seconde. C’est d’avoir tenté de vendre à nos compatriotes l’idée d’une dévolution monarchique. Eux tous connaissent bien le président Wade, pour l’avoir pratiqué pendant plusieurs années et savent bien que Wade n’est pas cet homme-là. Je dois dire que cette déclaration enlève à l’opposition le thème central de sa propagande et de son agitation. Et il va falloir que cette opposition se reprenne pour mener bataille autour du bilan. Ce qui, on l’imagine aisément, ne sera pas une mince affaire pour elle. Ils vont aller à une élection pour laquelle les arguments vont beaucoup leur manquer. En plus, Karim est très jeune, s’il en arrive à donner des leçons à des gens qui ont roulé leurs bosses partout, c’est qu’il y a problème. C’est assez laconique, mais quand il dit que ces gens-là ne connaissent pas le pays, cela est vrai.

L’actualité, c’est aussi les manifestations à répétition des populations. Plus que les inondations, il y a les coupures d’électricité qui exaspèrent les populations. Quel regard portez-vous sur ces remous?

« Toutes affaires cessantes, l’Etat doit régler le problème de la Senelec »

Depuis septembre de l’année dernière, nous avons déploré cette situation. Parce que quand même, nous connaissons les moyens que le président Wade a fait mettre dans le secteur de l’énergie. Maintenant, quelle est l’efficacité de cet investissement ? C’est la vraie question qu’il faut se poser. Ce ne sont pas des accusations, mais justes des questions pertinentes. C’est vrai qu’on a multiplié par deux la capacité énergétique du Sénégal. C’est vrai qu’en 2000, s’il y avait un peu plus de 400 000 ruraux qui avaient accès à l’électricité, on est aujourd’hui à un peu plus d’un million cinq cent mille ruraux qui bénéficient du courant. C’est bien, c’est des progrès importants. Tout de même, les délestages posent problème. L’économie ne tourne pas, les ménages ne s’en sortent pas, de même que l’administration ne travaille pas. C’est un très gros problème et il faut que le gouvernement s’en occupe sérieusement. Nous sommes un parti politique, nous soutenons le gouvernement puisque nous soutenons le président, mais nous avons également l’obligation de dire la vérité à ce gouvernement. Je pense que toutes affaires cessantes, le gouvernement doit régler le problème de l’électricité. On ne devrait pas aller au deuxième semestre de 2011, sans que cette question ne soit définitivement derrière nous.

Pourquoi soutenez-vous la candidature de Wade pour 2012 ? Selon vous, quels sont ses atouts face à ses adversaires en dépit de la question de l’âge ?

Je l’ai dit tantôt, vous avez des blessés de guerre qui ne sont mus que par la seule question de la revanche. Mais où est le Sénégal dans cette affaire ? C’est justement la raison pour laquelle les Sénégalais ne se retrouvent pas dans cette affaire de Bennoo. Justement, les gens s’occupent davantage des questions d’inondation, de l’énergie, que des histoires de Bennoo. La vérité, c’est qu’ils ne peuvent pas faire face à un candidat de la trempe de Wade. Ses atouts, je pense qu’une interview ne suffirait pas pour les énumérer, mais c’est ce que les uns et les autres constatent. Je suis allé dernièrement à Sédhiou, dans le cadre de la mise en place de la coordination départementale de l’Alliance sopi pour toujours. J’y ai vu des choses édifiantes. En 2000, il y avait un lycée dans la région, maintenant, il y en a 4. Il y avait 4 collèges d’enseignement moyen (CEM), aujourd’hui, il y en a 42. Mais au-delà des chiffres, c’est que le petit enfant qui a son entrée en 6e pourra certainement rester dans son village, jusqu’à l’obtention de son brevet. Il ne sera plus obligé d’aller à St Louis ou à Dakar, avec un lot de souffrances qui pourraient l’amener à laisser tomber l’école. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont abandonné l’école. Des génies potentiels, simplement parce qu’ils n’avaient pas de parents à St Louis ou à Dakar. Sous ce rapport, je dis que ce qui s’est passé à Sédhiou est exemplaire. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. L’autre affaire, c’est que le président n’a pas terminé de dérouler son programme. Il a encore un nombre important de chantiers à réaliser. Tout aussi intéressants que ce qu’il a déjà réalisé. Le pays a perdu beaucoup de temps. Et nous avons ce qu’il faut intrinsèquement pour devenir un pays émergent. Mais cela a été un peu vendangé pendant les 4 premières décennies. Et aujourd’hui, le pays est sur les rampes et le président a les moyens de convaincre les Sénégalais de le laisser continuer à travailler. Parce qu’ils ont déjà vu ce qu’il fait. Pour le reste, le moment venu, nous en parlerons,

En tant que coordonnateur de l’AST, comment comptez-vous fédérer les énergies et quelles stratégies comptez-vous mettre en œuvre pour mener Wade à la victoire en 2012 ?

Je pense que c’est trop tôt pour entrer dans les détails, d’autant que nous avons encore beaucoup d’échanges à faire entre nous, entre les différentes composantes de cette grande alliance. Mais je dois dire que nous avons déjà un point de vue systématique et complet sur ces différentes questions. Nous attendons simplement le moment venu, pour en discuter avec nos différents partenaires. Mais sachez simplement qu’il n’est pas difficile d’avoir un candidat comme Wade. Il n’est pas difficile d’être son avocat, pour les raisons que j’ai évoquées plus haut. Et pour bien d’autres.

Interview réalisée par Bassirou Seck

© lemessagersn. info

2 Commentaires

  1. Ñak fula, ñak fayda!!! Heureusement, BSS l’a dit et répété: il n’élévera jamais certains individus à la dignité d’interlocuteurs. Tout est dit

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