Après la cinglante défaite face au parti présidentiel, marquée surtout par la perte du département de Mbour, les socialistes s’interrogent sur leur avenir. Face aux militants qui réclament une posture d’opposition, les responsables locaux tempèrent.
Les conséquences d’une lourde défaite «renversante et historique» doivent tomber. Les militants mbourois, très remontés contre leurs leaders, les accusent de n’avoir « pas bien travaillé » et les appellent donc «logiquement à quitter le pouvoir pour regagner l’opposition».
Les résultats du département de Mbour ont vu Benno Bokk Yaakaar engranger 41 351 voix contre 35 238 voix pour le Parti socialiste et ses alliés. Adama Ndiaye, un militant socialiste, étale toute son amertume. «Les résultats ont été humiliants. Depuis l’ère du président Senghor, le parti n’a jamais perdu le département. Logiquement, il n’y a plus de prétexte valable pour que le PS reste dans la mouvance présidentielle.
Il doit suivre l’exemple de Cheikh Bamba Dieye. Partout l’Apr a combattue le Ps». Sa camarade Aïda Diouf enfonce le clou. «Logique pour logique, notre parti doit quitter le pouvoir et aller dans l’opposition pour préparer l’élection présidentielle», affirme-t-elle. «Aujourd’hui, si Ousmane Tanor Dieng perd le département, c’est parce que son hégémonie est remise en cause».
Des positions et analyses que rejette Fallou Sylla, responsable socialiste et maire réélu de la commune. «Tanor a été plébiscité lors du dernier congrès. Pour quitter la mouvance présidentielle, seul les intenses du parti peuvent en décider», tranche-t-il.
Si une bonne frange des militants souhaite que le PS rompe avec le président Macky Sall et se positionne dans l’opposition, les responsables, eux, jouent plutôt clair-obscur. A en croire la présidente des femmes socialistes du département, Yacine Ndao, «le Ps est dans l’opposition parce que ce n’est pas son leader qui a gagné l’élection présidentielle de 2012». Mame Touré, secrétaire á l’organisation, demande un peu de retenue aux militants. «A chaque fois qu’il y a une défaite, beaucoup de gens en font des commentaires qui sont loin d’être proche de la réalité».
Le problème, c’est que même à Nguéniène, fief d’Ousmane Tanor Dieng, le PS n’a devancé BBY que de mille voix. Face à la monté de l’Alliance pour la République (APR) vainqueur de la quasi-totalité des communes du département, l’ancien maire de la commune, Tafsir Diouf, parle d’un score normal, puisque « l’APR est le parti au pouvoir et a tous les moyens».
Pourtant, il y a des responsables socialistes qui partagent les positions des militants. L’un d’eux qui a requis l’anonymat, considère comme «l’ennemi numéro un du parti, la gestion calamiteuse du foncier. Dans toutes les collectivités locales, beaucoup de responsables ont été cités dans des affaires nébuleuses», indique-t-il. En outre, «beaucoup de leaders locaux sont victimes de l’usure du pouvoir», ajoute-t-il, tandis que selon un autre, «Ousmane Tanor Dieng est loin de sa base… Pour le voir, on est obligé de faire une demande d’audience et en général ça reste sans suite».