Me Doudou Ndoye: « Wade…c’est la fin de son compagnonnage avec le peuple »

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« Wade…c’est la fin de son compagnonnage avec le peuple »

mardi 16 août 2011

Me Doudou Ndoye est un as du barreau sénégalais. Il se définit lui-même comme un avocat doublé d’un juriste. Le juriste est un savant, dit-il, alors que l’avocat n’est qu’un praticien. Grâce à lui le Sénégal dispose des codes juridiques complets dans tous les domaines. Né à Dakar, Me Doudou Ndoye a fait ses études au Sénégal et en France. Engagé en politique depuis sa prime jeunesse, Doudou Ndoye militera au Bds, au Parti socialiste et au Parti démocratique sénégalais. Me Ndoye est formel « la candidature de Abdoulaye Wade sera invalidée par le conseil constitutionnel », et se pose le cas échéant comme l’alternative du Pds. Sans détours il a répondu aux questions de la rédaction portant, entre autres, sur son parcours et sur l’actualité récente. Entretien…

Pourquoi avez vous adhéré au pds ?

Je critiquais personnellement Senghor pour deux raisons : il a violé les franchises universitaires en 1968 sans nous en informer alors que j’étais dans son parti. On s’est réveillé un jour envahi par les éléments du Gmi (Groupement mobile d’intervention). Ils bastonnaient tous les étudiants sans distinction aucune alors qu’ils ne faisaient qu’exprimer des libertés. Ensuite, Senghor n’avait pas de politique économique. Il passait son temps à nous faire du bla bla. Il nous parlait de littérature, de civilisation de l’universel et faisait de l’autoglorification du genre « quand j’étais étudiant à la Sorbonne », « quand j’enseignait au lycée Louis Le Grand ». En revanche Mamadou Dia en tant que président du conseil avait une politique qui aurait aujourd’hui sauvé les Sénégalais. Il avait une politique nationaliste réaliste et réalisable. Il avait pensé à l’agriculture, il avait formé dans tout le pays ce qu’on appelle « les camps de jeunesse ». Tous les jeunes qui n’avaient pas de travail s’engageaient dans ces camps, c’était des millions de jeunes. Mamadou Dia résistait un peu contre l’influence des marabouts et ils lui en voulaient pour ça car il les mettait à leur place. Il était un révolutionnaire qui menait une politique stricte et concrète alors que Senghor ne faisait que des discours. Il avait tort sur le plan juridique (Ndlr : coup d’Etat de 1962) mais je parle de politique. C’était la politique contre la constitution. Dia était du côté du parti, Senghor de la constitution. Plus tard, Abdoulaye Wade m’a tendu la perche car c’est lui qui a créé son parti et m’a invité à le rejoindre pour poursuivre le combat.

Vous qui avez côtoyé Senghor Diouf et Wade, pouvez vous nous décrire ces trois personnalités ?

Senghor privilégiait une politique littéraire et culturelle alors qu’on était un pays sous-développé et pauvre. Il nous faisait rêver mais ne créait pas d’emplois. Abdou Diouf n’avait aucune vision : il n’avait ni une vision politique ni économique. Il était un fonctionnaire et se définissait comme tel. Un fonctionnaire est fait pour obéir à des normes posées à l’avance. L’essentiel pour lui est qu’il les mène bien. Pour cela c’est un excellent fonctionnaire. Senghor qui n’a fait que rêver nous a menés à la catastrophe sur le plan financier et économique. Senghor rêvant de socialisme économique a placé la plupart des sociétés importantes sous la direction de l’Etat et de ses fonctionnaires. Ces derniers ont adhéré à son parti et utilisé cet argent pour les besoins du parti.

Dia aussi a prôné le socialisme africain, non ?

Dia n’est pas resté longtemps au pouvoir pour prouver quoi que ce soit. Les morts ont toujours raison. On ne peut pas le juger. On juge ceux qui ont accompli des mandats. En tant que bon fonctionnaire, Abdou Diouf a été nommé ministre, Premier ministre, président de la République intérimaire car il pouvait appliquer les règles de la Banque mondiale et du Fmi.
Senghor avait conduit le Sénégal en faillite au moment de son départ. Toutes les sociétés nationales ont été mises à genou. Il avait mis tout l’argent du pays dans les sociétés d’Etat qui étaient toutes tombées en faillite.
Diouf avait la lourde tâche en tant fonctionnaire discipliné connaissant les normes de redresser le pays. Wade n’aurait jamais pu diriger ce pays, si Diouf, n’était pas le bon fonctionnaire qu’il est. C’est parce que Diouf a très bien travaillé que le peuple lui en a voulu à la fin. C’est pourquoi je dis que Diouf n’a pas de vision car il ne rêve pas. Il ne pouvait pas faire autrement avec le plan d’ajustement structurel. Je défends la technique qu’il a appliquée quand il est devenu président. Il a redressé les finances du pays, il a fait en sorte que les finances publiques soient saines au prix des souffrances du peuple. Celui-ci lui en a voulu car il a besoin d’avoir les moyens de survie.
Wade a trouvé les finances saines mais il n’a jamais su rien diriger de sa vie. C’est la vérité. C’est moi qui ai refait son cabinet d’avocat alors qu’il avait 15 ans d’ancienneté dans le métier. Je lui ai réappris à être avocat. C’est lui-même qui l’a dit lors de la présentation des condoléances au décès de ma mère. Il a ajouté aussi que c’est lui qui a monté un complot contre moi pour me faire quitter le parti car, selon lui, j’étais trop intelligent et courageux. Et c’est vrai. Wade a une particularité que j’aime beaucoup en tant que homme politique : il sait rêver de grandes choses. Il a théorisé l’effet de percussion. C’est-à-dire, il faut de grands mouvements, de grands chocs dialectiques pour que le monde puisse progresser. Depuis lors, je vois à travers Wade un homme qui n’aime que les chocs. Sous un certain rapport, il peut accomplir de grandes choses. Wade veut rester dans l’Histoire. Il rêve de grandes choses mais ne pense pas à la vie quotidienne du peuple. Wade est une Moïse qui s’ignore mais nous on a les pieds sur terre.

Vous avez grandi dans une famille socialiste et avez rejoint le Pds. Comment avez-vous senti cette accommodation idéologique ?

J’étais radical c’est pourquoi Wade m’a fait un complot. Le Pds était le seul parti qui avait la tolérance de l’Etat. Or, je suis un avocat et je ne pouvais pas être dans des partis d’extrême gauche pour faire du « kharé bi (la guérila) ». À l’époque j’ai fait sortir Landing de prison. Il écopé de deux ans d’emprisonnement. Mais, je ne pouvais pas rejoindre son parti pour faire du « kharé bi, », ce n’est pas mon style. Aujourd’hui encore, je suis un pacifiste, pondéré dans mon comportement et ferme sur mes idées. Je ne vais jamais dans un parti interdit par la loi. Je reste quelque part et j’utilise la loi comme couverture pour me battre et faire des critiques.

Quelle est la nature du complot orchestré par Wade contre votre personne ?

(Rires) Pas de détails ! A l’époque c’était le Pds de 1978…

Cherchiez-vous à prendre sa place ?

Jamais ! Mais j’avais une fonction majeure à l’époque. J’étais avocat comme lui et beaucoup plus jeune et plus percutant.

Meilleur que lui ?

Non ! Meilleur avocat n’existe pas, chacun a son domaine. Mais j’étais plus percutant car plus jeune. J’étais plus présent que lui au palais de justice. C’est comme aujourd’hui, il y a deux ou trois jeunes avocats qui me stressent rien qu’à l’idée de les rencontrer. Du point de vue savoir, je suis leur maître mais ils sont plus percutants que moi.

Vous lorgniez le fauteuil de Wade ?

Non, Wade n’avait pas de fauteuil, il n’était pas Président. J’étais avocat comme lui et j’avais aussi beaucoup argent. Il en avait mais le dépensait sans compter. Ousmane Ngom n’avait même pas de quoi manger, j’ai payé son premier billet d’avion. Serigne Diop n’avait rien, il était étudiant et Fara Ndiaye était un fonctionnaire. La politique de Wade c’est de dépenser de l’argent à tort et à travers alors que moi je calcule tout. Jusqu’au moindre centime. La politique c’est comme la comptabilité, je regarde les chiffres et les analyse. Je peux justifier le moindre sou de mon existence. Wade ne peut pas faire cela, il dépense à tour de bras. En 1976, j’avais déjà un immeuble de quatre étages à Dakar plateau. A l’époque, je gagnais déjà beaucoup d’argent. C’est dans cet immeuble qu’on avait installé le siège du Pds, et les journaux du parti Takussan et Sopi ainsi que Walfadjri et Sud gratuitement. Je les avais pris en charge entièrement. Et j’étais aussi secrétaire à la presse, quand Wade faisait des dérapages je lui adressais une correspondance pour fustiger son comportement. Peut être que cela l’avait un peu gêné car c’est un dictateur, un monopolistique. En tant que leader naturel, il était un peu gêné de voir quelqu’un qu’il ne pouvait pas maîtriser.

Comment vous avez fait pour cheminer avec lui pendant tout ce temps ?

Mais c’est mon ami. Cela ne s’explique pas. Maintenant on n’a cheminé jusqu’à la fin. Il doit comprendre qu’il est fini maintenant. Wade est à sa fin spirituelle, physique, c’est aussi la fin de son compagnonnage avec le peuple.

Comment avez-vous fait pour le supporter ?

Je n’ai aucun problème avec lui car il ne me fait pas ce qu’il fait aux autres. Abdoulaye Wade me respecte. C’est la fin de Wade comme président de la République. Il doit partir.

Apparemment il ne comprend pas que c’est la fin, il s’accroche ?

C’est son affaire !

L’affaire du peuple aussi, car son entêtement peu conduire au chaos.

Oui, je suis d’accord, mais il peut s’entêter comme il l’entend nous allons le décrocher pour prendre sa place. Maintenant le pays arbitrera dans la paix.

Vous n’avez pas de crainte sur les conséquences de son entêtement à vouloir un troisième mandat ?

Non, car il n’arrivera pas à une candidature.

Et vous vous basez sur quoi pour le dire ?

Car pour la première fois il se confronte à quelque chose d’inédit au sein du parti. Un membre du comité directeur qui lui dit « non ».

Mais vous êtes seul ?

Lui aussi

Non, il a les rênes du parti.

Attendez, moi je voudrais comprendre le mot seul. Si c’est en terme de force politique, attends de voir le nombre de personnes qui sont dans le parti et qui me soutiennent.

Mais ils n’ont aucune visibilité, ils se cachent…

C’est fait exprès ! Je vais vous dire une chose, tout ce que je fais dans ma vie, je le fais exprès et en connaissance de cause. Regardez le nombre de télévisions qu’il y a au Sénégal, faites le tour de tous les opposants qui viennent à la télé pour exposer leurs plans de travail. Est-ce que vous me voyez dévoiler mes stratégies de défense à mes adversaires ? Non ! Je ne le ferais pas. Un adversaire qui est beaucoup plus fort que toi, il faut le surprendre pour le battre.

Dans votre parti le Pds, on dit qu’il n y a qu’une seule constante et c’est Wade. On n’a jamais entendu quelqu’un d’autre vous citer.

(Il coupe) Faites attention ! C’est le langage ouvert de Modou Diagne Fada et compagnies. Ils l’ont toujours dit et Wade s’est toujours comporté comme tel. La constante est finie depuis août 2010. Ils sont très prompts à défendre Wade en tout et sur tout. Pourquoi ils ne se sont pas défendus contre ce que j’ai dit à la télévision. Est-ce que vous avez déjà entendu un seul membre du Pds me donner la réplique sur ce que je dis ouvertement à la télé ! Celui qui ne dit rien consent. Ils n’ont pas la possibilité de faire ce que je fais car au Pds celui qui dit un mot contre la volonté de Wade se retrouve chômeur demain. Moi je dis 100 mots et je suis plus riche demain. C’est cela la différence entre eux et moi. Il n y a que les libéraux qui savent ce qui se passe dans le Pds. Depuis 2010, j’ai créé un courant ouvertement et j’ai fait des conférences de presse et j’ai dit qu’il n’est plus question que Wade soit la seule constante dans le parti.

Pourquoi avez-vous attendu 2010 pour créer le courant « Pds jammo » ?

C’est en 2010 qu’il m’a donné des raisons de le faire. Avant 2010, on disait que Wade allait dissoudre le Pds pour créer un grand parti. J’ai dit, dans un journal en ligne, que Wade n’a ni le droit ni le pouvoir de dissoudre le Pds. En revanche, il peut quitter le parti et en créer un autre, car le Pds ne lui appartient pas. Cela s’est arrêté net.
Il avait commencé à vendre de nouvelles cartes de membre. Il a utilisé cet argent autrement en leur disant que c’est leur contribution pour le parti. Lorsqu’il a écouté ce que j’ai dit, il a d’abord déclaré qu’il fallait aller vers un congrès pour dissoudre le parti. Il a ensuite exigé qu’on vende des cartes en vue du congrès. D’ici à la tenue du congrès, le Pdsl (parti démocratique sénégalais libéral) n’existe pas. Par la suite, on a fait une réunion au palais pour créer des superviseurs. J’ai été le superviseur de Rufisque. Ensuite on allait faire le montage des secteurs et quand il fallait les installer Wade a pris la décision de remplacer tous les superviseurs. J’ai compris : il nous fait travailler jusqu’à amener le monde entier et au moment d’installer les bureaux, il fait entrer des jeunes qui font partie d’un petit groupe pour faire d’eux les maîtres du jeu. J’étais avec lui aux premières loges quand ces jeunes tétaient le sein.

Pourquoi vous ne dites pas que c’est « la génération du concret » ?

Ce sont les jeunes qui allaient soutenir par la suite Karim Wade. Mais je ne vais pas parler de « la génération du concret » car je m’en fous d’eux, cette structure n’existe pas. Je leur ai dit que Wade n’a pas le pouvoir de me faire remplacer sans me demander mon avis. Si c’est le président de la République, il peut nommer qui il veut, mais on est au même pied d’égalité dans le parti. Quand ils m’ont demandé les documents et l’argent, j’ai dit niet. Les autres ont fait la même chose et tout a été paralysé. Depuis lors j’ai créé le courant « Pds jammo ». Aujourd’hui, je suis à presque 35 000 militants. Demandez-moi département par département, ville par ville et je vous les passe tous au téléphone.

Est-ce que la suspension de vente de cartes ne joue pas en votre défaveur d’autant plus que vous prônez la tenue d’un congrès ?

Quand Wade ira au congrès, il mettra 2000 cars et 700 000 mille jeunes de 12 ans et je n’aurais même pas accès aux locaux. Moi je ne gère pas cela. J’ai posé le problème et il va me dire s’il est démocrate ou pas.

Vous avez déjà répondu car vous dites que c’est un dictateur ?

Non, j’ai dit qu’il a fait une constitution de dictateur.

S’il le fait pour le pays il peut le faire pour le parti.

Il y a des dictateurs qui n’auraient jamais reculé le 23 juin. La question est jusqu’où peut-il être un dictateur ou un démocrate et écouter la voix du peuple ? Moi je le mets au défi démocratique. S’il le fait avec les forces qu’il détient, il aura respecté le défi démocratique, s’il ne le fait pas, je déposerai ma candidature en face de la sienne et je me battrai pour que le conseil constitutionnel le déboute.

Vous avez le même combat que le M 23, pourquoi vous ne les rejoignez pas ?

Le M23 n’est pas né pour combattre la candidature de Wade. « Qui t’a fait roi ? » dit Shakespeare. C’est la cause première qu’il faut chercher. Le M 23 est né avec l’affaire du ticket. Pourquoi aller rejoindre ce magma informel alors que je suis membre d’un parti politique organisé et que j’ai la possibilité de remplacer Wade dans le parti ? Je souhaite remplacer Wade dans le pds, dans l’Etat. Je souhaite être un président différend de Wade et transformer ce pays en faisant une nouvelle constitution qui satisfait tout le monde. Et faire ce que Wade n’aura pas le temps de faire c’est-à-dire terminer ses ponts, ses autoroutes, ses aéroports et faire autre chose qu’il n’a pas faite.

Le M 23 a fait preuve de responsabilité en appelant au calme lors des émeutes du 23 juin…

C’est eux qui ont menacé de brûler ce pays si la loi du ticket passe.

Et la responsabilité de Wade qui voulait faire passer cette loi ?

(Rires) Ce sont des fous qui ont des problèmes personnels.

Vous avez dit que le pouvoir totalitaire de Wade ne peut être arrêté que par la rue ?

La rue a donné un exemple. Wade n’a reculé sur des lois que trois fois depuis qu’il est président. La première fois, il a voulu faire voter une loi pour approprier toutes les terres du Sénégal. C’est moi qui ai mené la bataille contre lui en tant que courant du pds, il a reculé. Un an après il est revenu j’ai fait la même chose, il a encore reculé. Wade ne croit qu’à l’épreuve de force.

Êtes-vous en train de dire que vous êtes plus fort qu’Idrissa Seck qui revendique autant que vous beaucoup de monde derrière lui dans le parti ?

(Il coupe) c’est vous qui dites que je suis plus fort que Idrissa Seck. Il ne s’est jamais comparé à moi et je ne me compare pas à lui.

Politiquement, il est plus fort que vous, son score à la présidentielle le confirme.

Il n’a rien de plus que moi. Aujourd’hui, il n’a rien je n’ai rien eu et la présidentielle est devant nous. Le 26 mars 2007, c’est Wade qui est élu, il a eu plus de votes que moi mais il n y a pas eu de numéro2. Soit on est Président soit on ne l’est pas. Depuis lors, combien de gens qui on voté pour lui sont morts, et combien de jeunes qui n’avaient pas 18 ans ont l’âge de voter. Attendons 2012 c’est mieux. Vous savez ce que j’ai fait en 2007 ?

Vous aviez réalisé 0,29% des voix

(Rires) Je n’ai pas dit ce que j’ai eu, mais ce que j’ai fait. Pendant la campagne, sur vingt et quelques jours j’étais malade (asthmatique) pendant deux semaines. Je faisais des déclarations tous les soirs à la télévision. C’est mon destin. Maintenant parlons d’avenir c’est mieux…j’étais l’avocat d’Idrissa Seck c’est moi qui l’ai sorti de prison. Je ne veux pas comparer.
Maintenant si vous voulez que je vous parle d’Idrissa Seck dans le pds, je dirais qu’il se croit actionnaire car il ne connait pas le sens du mot. Je n’utiliserai jamais ce mot dans un parti politique. S’il est actionnaire majoritaire c’était au temps où je n’étais plus dans le parti. Quand il est arrivé au Pds, il ne m’a pas trouvé. Pourquoi on l’a mis dehors et pas moi ? Et pourtant j’ai créé un courant dans le parti, et des cellules qui bloquent le parti. Quand on doit chasser quelqu’un c’est cette personne là qu’on doit chasser.
Idrissa a simplement dit « un professeur de droit m’a dit que la candidature de Wade est illégale. S’il n’est pas reçu et que nous n’avons pas de remplaçant nous serons foutus, je suis une alternative ». Après cette sortie, tout le monde s’est battu contre lui sauf moi. Moi je fais mille fois pire que lui et personne ne peut me faire partir du pds.

C’est parce que peut-être Idrissa Seck représente une plus grande menace que vous ?

Il faut leur poser la question, moi je ne peux répondre à cette question.

On vous a entendu dire que la candidature de Wade ne passera pas…

J’en ai la certitude. (Il insiste) je suis formel. Je suis formel.

Pouvez-vous nous dire vos arguments juridiques ?

Je l’ai mis dans mon livre.

Est-ce qu’on peut revenir sur cela ?

Non c’est trop technique, c’est du droit pur. Vous, ne comprendrez pas, seul le conseil constitutionnel et les vrais professionnels du droit pourront me répondre et me donner raison.

On peut avoir une idée ?

(Il coupe) Mais c’est la science, pourquoi vous avez mis la lumière ici ? C’est la science.

Pour la lumière, elle constitue une science exacte…

Ce que j’ai dit est une science exacte.

C’est sujet à interprétation…

Ce que j’ai dit n’est pas sujet à interprétation, depuis ma sortie pourquoi personne n’a porté la contradiction, où sont les juristes d’Abdoulaye Wade ? J’ai dit un jour que Wade est un avocat pas un juriste.

C’est quoi la différence ?

Un juriste est un savant du droit et l’avocat est un patricien. Fadilou Diop, le plus grand bâtonnier que le barreau ait connu ces trente dernières années est diplômé de langue orientale. Il est devenu avocat par assimilation, le juriste est un savant. Vous savez ce que veut dire un savant ? Pouvez vous comparez Einstein et Sakhir Thiam (rires) ? Et pourtant tous les deux sont des physiciens.

Ce débat passionne les Sénégalais, vous êtes un juriste donnez au moins votre éclairage.

Si vous ne lisez pas le livre de A à Z, je vous assure vous ne le comprendrez pas. C’est trop technique. Ce ne sont pas des conclusions, c’est une démonstration. Il y a une manière d’écrire une loi, les gens du Pds n’ont jamais su écrire une loi. Ils n’ont pas les techniques administratives. Toute ma vie, je n’ai fait que cela.

C’est sur cela que vous vous fondez pour dire que Wade s’est taillé un constituions sur mesure ?

Je ne me suis pas fondé sur cela. Ce que je viens de dire s’est passé en 2008, et j’ai écrit un livre pour l’expliquer en 2001. Wade règle des comptes. Une constitution, c’est un enchevêtrement harmonisé de textes pour stabiliser la vie d’une nation. Elle ne règle pas des problèmes. Quand des problèmes se posent à travers des lois et des décrets et comportements, on peut évoquer des principes constitutionnels. La constitution ne pose que le principe. Wade a créé une Constitution qui dit : « donnez moi les moyens de dissoudre le Sénat, l’Assemblée nationale, chassez celui là, celui-ci ». Dans chaque article, il a un but. Conclusion : Wade a aujourd’hui un pouvoir totalitaire sur le Sénégal qui ne peut être arrêté que par la rue. Il n y a aucun contrôle sur le pouvoir de Wade. Il vote des lois pour faire ce qu’il veut tous les jours et personne n y peut rien. Depuis juillet 2001, j’ai écrit des milliers de pages, je ne fais que dénoncer cela.

Êtes-vous d’accord avec ceux qui prônent un régime parlementaire ?

Non ! Je suis contre. Il y a plus de 150 partis au Sénégal, vous croyez que c’est objectif. Ce n’est pas raisonnable. Vous savez pourquoi cela existe, c’est parce que Wade a mis dans la constitution la notion de coalition de partis. Il a été élu comme candidat d’une coalition. La coalition est, en fait, un cadre, un assemblage de gens qui vont dans le même but. Il en a fait une institution constitutionnelle. C’est la première fois dans l’Histoire africaine que tu la notion de coalition est mentionnée dans la constitution. Sur 80 partis, il y a 50 qui viennent à la fin du mois pour demander à manger. Un étudiant qui a crée un parti est venu me demander de l’argent pour le transport j’ai failli le gifler. Wade a créé la déliquescence des valeurs républicaines.

Le régime parlementaire c’est le règne des partis, chaque village, chaque maison aura son parti politique. Il faut un président de la République qui représente l’exécutif mais qui n’aura pas les pouvoirs que Wade a aujourd’hui. Aujourd’hui, les députés n’ont aucun pouvoir. Parce que s’ils veulent voter une loi le Sénat peut l’arrêter car ils ont les mêmes pouvoirs alors que les sénateurs sont élus par Wade et les députés par le peuple. C’est n’importe quoi ! Deuxièmement, le président peut aussi l’arrêter car on ne vote une loi que si le Président est d’accord. Les députés ne dépendent que du Président. Ou bien s’ils refusent de voter une proposition de loi, ils ne seront investis pas à la prochaine législature et se retrouveront chômeurs.

Comment peut-on alors régler ce problème juridiquement ?

Moi je le peux.

Comment ?

C’est ma science. Je le garantis de par ma compétence d’homme de droit que personne ne conteste dans ce pays. De par ma loyauté, je peux régler ce problème.
Aucun Sénégalais ne peut me reprocher quelque chose. D’ailleurs j’ai sept chauffeurs et douze voitures. Tout cela, je l’ai eu à la sueur de mon front. Je n’ai jamais été subventionné. Et je ne dois rien à personne. La seule fois que le Président Abdoulaye Wade m’a donné de l’argent, c’était à l’occasion du décès de ma mère. Et c’est devant lui et tous ceux qui étaient présents que j’ai donné cet argent en aumône. C’est plutôt moi qui donnais de l’argent à Wade.

Le président a également de l’argent.

Oui mais pas plus que moi, je vous jure. J’ai des maisons et des appartements. Parfois même je les vends pour ensuite offrir cet argent à des gens. Je possède des bureaux à Paris. Mais ma dignité vaut plus que le matériel ou l’argent. Je vais mourir un jour et je voudrais que mes enfants soient fièrs de leur père. Quand Wade venait me demander de l’argent qui pouvait lui prédire un destin de président ? Il n’a rien de plus que moi.

Croyez-vous à la dévolution monarchique ?

Je pense que le président a préparé des forces pour que son fils puisse un jour faire face à l’électorat. Cependant, je n’aime pas l’expression « dévolution monarchique ». On ne doit pas l’utiliser dans ce pays. Ce qui est sûr et certain c’est que Karim ne sera pas Président dans ce pays s’il ne me bat pas lors d’une élection organisée.

Wade dit que son fils est le meilleur de tout son entourage. Qu’en pensez-vous ?

Cela n’engage que lui moi je ne fais pas partie se son entourage, je suis son collaborateur, membre du comité directeur. L’entourage de Wade ce sont les gens qu’il appelle à deux heures du matin, avec qui il discute de tout. Je suis un professionnel qui gagne sa vie. J’ai mon métier…je suis certain qu’il ne parlait pas de moi.

Vous êtes candidat à la candidature du Pds, si le congrès valide la candidature de Wade êtes-vous prêt à vous ranger derrière votre secrétaire national ?

Non ! Car sa candidature sera rejetée par le Conseil constitutionnel.

Donc Vous êtes en phase avec Idrissa Seck ?

Je ne suis pas en phase avec Idrissa Seck. Il accepte de ne faire plus partie du Pds. Moi, je suis dans le Pds.

Il dit qu’il va puiser sont électorat dans sa famille libérale

(Il s’énerve) Tout le monde à une famille ici ! Quand je l’ai eue il n’était pas encore né. Je ne suis pas son égal.

Vous avez une capacité extraordinaire d’élaboration, comme se fait- il que cela ne vous a pas servi politiquement ?

(Rires) Pour arriver à cette capacité d’élaboration, il m’a fallu me consacrer à mon travail. Je travaille tous les jours, même les week-ends. Pour arriver à ce niveau de compréhension, il faut énormément d’heures de travail. Beaucoup de gens participent aux débats publics alors qu’ils ignorent totalement ce qu’ils disent. Je vous le jure. Aussi bien des gens qui soutiennent Wade que du camp adverse. Je suis né dans la politique : j’ai refait le parti socialiste, je tenais le Pds, mais je me suis fait piéger par mon métier. Cela a créé une déformation, la rigueur de mon travail transparait dans la chose politique. Je ne peux pas faire du wax waxeet (rires). Je refuse des choses que les autres hommes politiques acceptent. Je ne veux pas et je ne serais plus ministre car je ne serais plus l’exécutant politique de personne. Jai dépassé ce statut là. Je dois élaborer et définir des programmes pour une nation.

Est-ce qu’une carrière universitaire n’aurait pas été mieux pour vous ?

J’ai 68 ans, si j’avais une carrière universitaire je serais à la retraite. Sur 10 professeurs agrégés de droit, les huit sont passés par moi. Je suis leur maître. Aujourd’hui ils enseignent tous grâce à moi. Seul le Sénégal sur tout le continent africain détient des codes complets dans tous les domaines grâce à moi. Je ne peux pas comparer cela avec une carrière universitaire. Cela c’est notre patrimoine national.

Wade dit qu’il veut renouer le dialogue avec les rebelles du Mfdc, le prenez vous au sérieux ?

Nous allons vers des élections et chaque candidat noue des dialogues avec tout le monde. J’ai fait une proposition au Président qui l’a adoptée mais comme il n’a pas de la suite dans les idées, il l’a oubliée. J’avais proposé une décentralisation législative c’est-à-dire une autonomie législative par délégation du parlement dans chaque région. Cette autonomie leur permettra d’élaborer des lois qui leur permettront de vivre, mais par délégation. Ce qui leur donnera des pouvoirs chez eux et de régler leurs problèmes eux-mêmes. Le président Wade est un politicien. Quand il a un intérêt devant lui, il a un comportement de politicien. Toute autre considération est erronée.

Avez-vous une solution pour le problème de l’électricité ?

Quand je lançais le courant « Pds jammo », j’ai dit pourquoi la Sénélec est incapable de régler son déficit de production. Le gouvernement du Sénégal a illégalement pris tout le patrimoine de la Sénélec et, de surcroit, se fait payer par elle. En 2002, Wade a fait voter une loi qui transfert tout le patrimoine de la Sénélec à l’Etat du Sénégal. La Sénélec n’a plus rien. J’ai dit au Président que je peux régler le problème de la Sénélec en 8 mois. A condition qu’une loi soit votée pour me donner les attributions nécessaires parce qu’avec un décret, il peut se réveiller un jour pour me débarquer de mes fonctions.

Hier soir (ndlr jeudi 28 juillet) vous avez vu à la télé le ministre contracter des prêts auprès de la Boad (Banque ouest africaine de développement). Comment se fait-il que ce soit l’Etat qui emprunte pour une société de droit privé. Donc, je commence par rendre à la Sénélec tous ses biens. Aucun ministère n’interférera plus dans son fonctionnement. Ayant tous ses biens, il peut emprunter sur les marchés mondiaux. Je rends à la Sénélec sa liquidité économique. On ne fera que l’orienter. Si c’est Karim Wade qui veut faire son prestige, comment voulez-vous que les problèmes de la Sénélec se règlent.

Quelle est votre recette pour endiguer le chômage ?

Aucun être humain ne pourra dire que mon pays n’a pas de chômeur. Tous les jeunes qui sont instruits sont condamnés au chômage, c’est une bombe nationale. J’ai élaboré deux programmes. Je vais faire en sorte que tous les étudiants de la classe de seconde jusqu’à la maîtrise n’aillent pas en classe sans avoir de boulot. Il faut aménager des heures de boulot dans l’emploi du temps des étudiants dans les entreprises moyennant quelque chose. J’ai donné l’exemple avec mon cabinet. Il faut motiver les chefs d’entreprise et les étudiants.

Pour ce qui est des ouvriers, l’Etat doit faire une affectation budgétaire à toutes les communes pour qu’elles créent un corps d’ouvriers. Ses inspecteurs vont faire l’inventaire de tous les ateliers et avec un module de gestion de formation des jeunes. Les milliards qu’on gaspille peuvent servir à cela.

La Rédaction

lagazette.sn

1 COMMENTAIRE

  1. mais maitre tu as tout dit sans faute ni murmure seulement que de la vérité et je sais que voila le type de président qu’il faut pour les africains et pour l’émergence de l’afrique tout entiere et c’est mon intime conviction.tu es un savant c’est vrais du droit mais pas un praticien du droit. et cela se voit et se constate dans tes arguments pertinents vraiment . je te tire le chapeau vraiment. et tu connais trés bien wade le guignol de tous les jours qui ne sais rien du tout .

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